Journée mondiale de la liberté de la presse au Mali : Au cœur de la semaine thématique des partages d’expériences

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Demain mardi 3 mai 2017, le Mali à l’instar de la communauté internationale célèbrera la Journée mondiale de la Liberté de la Presse. Au Mali, faut-il le rappeler depuis son institution en décembre 1993 par l’Assemblée générale des Nations Unies, la maison de la presse commémore cette journée à travers des semaines thématiques animée par des experts du domaine. Comme à l’accoutumée, plusieurs activités sont au menu, des conférences-débats, formations, des regards croisés et de partage d’expérience avec la génération, le tout finit en beauté par une soirée gala.

Tous les ans, la Journée mondiale de la liberté de la presse permet de célébrer les principes fondamentaux de la liberté de la presse, d’évaluer la liberté de la presse à travers le monde, de défendre l’indépendance des médias et de rendre hommage aux journalistes qui ont perdu leur vie dans l’exercice de leur profession.

Plus de 100 célébrations nationales ont lieu chaque année pour commémorer cette journée. L’UNESCO mène cette célébration mondiale en identifiant une thématique globale et en organisant l’évènement principal dans un lieu différent chaque année.

Le 3 mai a été proclamée Journée mondiale de la liberté de la presse par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1993, suivant la recommandation adoptée lors de la vingt-sixième session de la Conférence générale de l’UNESCO en 1991. Ce fut également une réponse à l’appel de journalistes africains qui, en 1991, ont proclamé la Déclaration de Windhoek sur le pluralisme et l’indépendance des médias.

La date du 3 mai permet d’informer les citoyens sur les atteintes portées à la liberté de la presse. Dans des dizaines de pays à travers le monde, des publications sont censurées, condamnées, suspendues ou tout simplement n’ont plus le droit de paraître, alors que des journalistes, des rédacteurs en chef et des éditeurs sont harcelés, attaqués, détenus ou même tués.

A la faveur de cette date, nous pouvons encourager et développer des initiatives en faveur de la liberté de la presse mais également évaluer l’état de la liberté de la presse à travers le monde.

La Journée sert aussi de rappel aux gouvernements sur la nécessité de respecter leurs engagements en faveur de la liberté de la presse, de moment de réflexion pour les médias professionnels sur les questions relatives à la liberté de la presse et à la déontologie, de soutien pour les médias qui font l’objet de restrictions ou dont la liberté d’expression est muselée.

La liberté d’information en tant que liberté fondamentale et droit humain

La liberté de l’information est une liberté fondamentale et un droit humain, intrinsèquement liée à la liberté d’expression. Le droit de chercher, recevoir et partager de l’information est englobant et définit le degré d’ouverture et de transparence au sein de la société. Toute limitation quant à la transmission des communications influence la réception de celles-ci, et vice versa. La liberté de l’information peut généralement être définie comme le droit d’accéder à l’information détenue par les instances publiques et est propice à la mise en place de démocraties participatives, d’un développement durable, ainsi qu’une bonne gouvernance, sous la surveillance du public et la supervision d’acteurs (non) gouvernementaux. En ce sens, le journalisme a un rôle majeur à jouer. La mise en application de la liberté de l’information pose la question de savoir si les lois sont bien connues, en termes de forte sensibilisation du public ; si les requêtes sont traitées de manière efficace et si les demandeurs doivent s’acquitter de frais élevés ; et si l’information est publiée automatiquement ou seulement sur demande. Un autre problème est que même dans les pays où des lois et des dispositions légales existent en ce qui concerne la liberté de l’information, les journalistes peuvent avoir des difficultés à accéder, comprendre et par conséquent utiliser les données ou informations brutes. Actuellement, environ 90 pays ont adopté une législation relative à la liberté de l’information.

Protéger la liberté de la presse contre la censure et la surveillance excessive

Dans sa double dimension, la liberté d’expression est un droit d’une grande importance pour d’autres droits, ainsi que pour un développement durable. Elle fait partie, avec l’accès du public à l’information, d’un objectif plus large (numéro 16), qui est de : « Promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes aux fins du développement durable, assurer l’accès de tous à la justice et mettre en place à tous les niveaux, des institutions efficaces, responsables et ouvertes ». La liberté de la presse, et la sécurité des journalistes lui étant affiliée, influencent directement l’environnement informationnel auquel le public a accès. Inversement, plus le public a accès à l’information, et plus le respect des libertés fondamentales, y compris de la sécurité des journalistes, est grand. Ces perspectives se développent grâce à l’émergence de l’ère du numérique. Alors que l’information et le droit à l’information deviennent de plus en plus nécessaires au développement durable, la sécurisation de la liberté de la presse et la garantie d’une sécurité des journalistes se révèlent d’une importance croissante.

A l’ère du numérique, la liberté de la presse est de plus en plus contestée en matière de communications par internet, où davantage de menaces de blocage arbitraire apparaissent quant à l’accès à l’information en ligne, venant limiter ou sanctionner les élans d’expression en ligne, mais où il y a également de plus en plus ;intrusions arbitraires au sein de la vie privée en ligne. Ces phénomènes freinent l’accès des personnes à l’information et limitent l’éventail des informations disponibles en ligne. Un problème intrinsèquement lié à cela est celui de la surveillance excessive, qui est toujours accompagné de nombreux secrets et de lois ambiguës; l’antithèse de l’ouverture et de la transparence. Le droit à la vie privée est bien établi en tant que précondition à la liberté d’expression, et à la protection des sources confidentielles des journalistes. Là où la protection des sources journalistiques est compromise, il peut y avoir dissimulation de corruption, intimidation, ainsi que la divulgation de l’identité des sources au prix de répercussions pour ces dernières. Sur le long terme, cela peut contribuer à l’amenuisement des sources d’information et à une autocensure bien plus répandue. Les cadres juridiques qui protègent la confidentialité des sources journalistiques sont essentiels à la transmission des informations dans l’intérêt du public. Cependant, ces cadres subissent une pression importante à l’ère du numérique, et il y a désormais un besoin de les réviser et de les renforcer ou de les introduire là où ils ne sont pas encore présents.

Assurer la sécurité des journalistes en ligne et hors ligne

Assurer le bien-être physique et psychologique des journalistes, y compris la sécurité numérique, est l’un sujet les plus pressants du moment, et cela a des effets directs sur les processus de liberté de l’information et de développement durable. Les avancées technologiques et la montée du journalisme citoyen ont renforcé l’idée que, de nos jours, le journalisme devrait être compris en termes d’activité et non de statut. Alors que tous les bloggeurs et activistes sociaux ne sont pas forcément engagés dans des activités journalistiques, ceux qui le sont peuvent avoir à subir toute sorte de harcèlement, de menaces et peuvent également être emprisonnés – comme c’est le cas pour les journalistes travaillant dans les médias traditionnels.

Dans le monde entier, de plus en plus d’attention est accordée à la sécurité des journalistes et à la fin de l’impunité. Tout ceci est encadré par le crade mondial du Plan d’Action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité, qui encourage une action concertée de diverses parties prenantes. Ce mouvement grandissant apparaît clairement au niveau des normes internationales, avec tout récemment l’adoption de la Résolution 2222 du Conseil de Sécurité des Nations Unies en mai 2015, qui appelle à la protection des journalistes en situations de conflit armés. L’UNESCO considère le meurtre de journalistes comme la forme ultime de censure, et sa Directrice Générale condamne systématiquement de tels crimes, et dénonce l’impunité.

Oumar B. Cissé

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