Tel était le thème choisi par les organisations professionnelles de presse maliennes pour fêter la 20e édition de la Journée du 03 mai. La cérémonie d’ouverture était présidée par le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Manga Dembélé, accompagné de trois autres membres du gouvernement de transition.
La cérémonie a débuté par le mot de bienvenue du président de la commission d’organisation, Samby Touré. Lequel a mis l’accent sur l’assassinat, l’emprisonnement et tout autre désagrément que subissent les journalistes dans l’exercice de leur fonction. Il a ainsi noté le cas de 19 journalistes tués et 174 emprisonnés dont le cas de Boukary N’Daou, Directeur de publication du journal «Le Républicain». Il n’a pas non plus occulté le rôle que jouent les journalistes dans notre pays, surtout dans le cadre de la consolidation de la paix, du dialogue et de la réconciliation.
À sa suite, le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Manga Dembélé, quant à lui, a retenu que la Journée internationale de la liberté de presse est le résultat de longues luttes et est une occasion parfaite pour tout un chacun de mesurer le chemin parcouru. Plus que jamais, a-t-il ajouté, le pays a besoin de journalistes engagés, d’une presse patriote, surtout de journalistes qui sont dans leur rôle de dénoncer les violences et les injustices. Il a par ailleurs remercié les médias pour leur soutien en faveur de la feuille de route du gouvernement.
La journée a été marquée par des échanges sur différents thèmes. Le premier, qui s’articulait autour du rôle de presse dans la consolidation de la paix, du dialogue et de la réconciliation, a été exposé par Tiona Matthieu Koné. Il a fait un bref survol de l’histoire du Mali depuis les années 60. Dans laquelle la presse a joué un rôle primordial pour l’instauration et la stabilité de la paix. Il a aussi souligné que le journaliste est un intellectuel, un homme droit, de parole, qui a une lourde tâche, celle d’informer, de sensibiliser, d’éduquer la population, de dénoncer les violences, les injustices. Selon lui, le journaliste doit être un exemple ; il parle haut et fort sans complexe, sans crainte ni peur. C’est pourquoi, a-t-il soutenu, il est le mieux placé pour animer un débat contradictoire entre les différents acteurs pour défendre l’intérêt général, pour éclairer le choix des citoyens, instaurer un dialogue interreligieux, condition indispensable pour la paix sociale dans notre pays.
Cette idée a été accréditée par Mme Traoré Oumou Touré, vice-présidente de la Commission dialogue et réconciliation, qui estime que le journaliste n’est pas n’importe qui. Il doit être cultivé, éduqué, instruit… Avant d’ajouter que «seul le journaliste peut informer la population, car il est le porteur de messages et d’informations. Mais, aujourd’hui, déplore-t-elle, le journalisme a un nouveau visage à cause de la corruption car les journalistes se laissent influencer par le matériel». Mme Traoré Oumou Touré a estimé en outre qu’elle ne veut pas qu’un métier si noble et envié par tous, perde sa valeur à cause de la maladresse des uns et des autres.
Quant à Cheick Oumar Maïga dit Gilbert, il a parlé des relations entre le pouvoir et les médias. Selon lui, le pouvoir et les médias sont des choses complémentaires ; les médias étant par ailleurs un intermédiaire entre le peuple et le pouvoir. Il est revenu le rôle de quatrième pouvoir des médias. La journée a pris fin par des séances de questions-réponses, avant l’adoption des résolutions.
Safiatou THIAM
Résolutions de la 20ème célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse tenue au Cicb (Bamako) le 3 mai 2013 :
Nous, Associations professionnelles et patronales de la presse malienne (Groupe, Assep, Urtel), de concert avec la Maison de la presse, l’Amap et l’Ortm, regroupées à l’occasion de la 20ème Journée internationale de la liberté de presse, au Centre international de conférences de Bamako (Cicb) sur le thème international :«Parler sans crainte : assurer la liberté d’expression dans tous les médias», décliné au plan national en «Sécurité des journalistes et des professionnels des médias et Entreprenariat de presse face aux défis nationaux : Quelle presse après la crise ?»,
-Vu les atteintes et violations graves et répétées à la liberté de la presse dans notre pays depuis le 22 mars 2012 ;
-Vu les chantages, harcèlements, agressions, enlèvements, passages à tabac, tortures… et emprisonnements arbitraires dont les professionnels des médias ont fait l’objet ;
-Vu le besoin impératif de protection et de sécurisation des professionnels dans l’exercice de leur fonction ;
-Vu l’obligation d’assurer l’effectivité de la garantie constitutionnelle de la liberté de la Presse ;
-Considérant la double crise sécuritaire et institutionnelle que vit notre pays;
-Considérant la situation particulière de guerre que vit notre pays ;
-Considérant la nécessité d’une synergie et d’une convergence entre tous les fils du pays pour relever les défis qui se posent à notre pays ;
-Considérant le rôle et la place capitale des professionnels des médias dans le processus en cours de dialogue et de réconciliation ainsi que dans le processus électoral ;
-Considérant l’impact de la double crise sécuritaire et institutionnelle sur les entreprises de médias, tant publiques que privées
-Considérant le plaidoyer des Associations professionnelles et patronales pour l’urgence d’une aide et d’un accompagnement des pouvoirs publics afin de permettre aux médias d’accomplir leur mission de service public d’information des populations ;
-Prenant acte du discours fédérateur et prospectif du ministre de la communication, porte-parole du gouvernement,
-Au regard des débats riches, nourris et féconds au cours des panels animés par les professionnels des médias et les acteurs de la société civile,
Demandons et exigeons:
– L’adoption par le Gouvernement et l’Assemblée nationale des textes régissant la presse ayant fait déjà l’objet d’une relecture consensuelle entre les principaux acteurs des médias et du département,
– La revalorisation de l’aide à la presse par une indexation au budget d’Etat,
– L’adoption du décret d’application pour rendre effective l’aide indirecte exigée par la loi portant régime de presse et délit de presse,
– L’adoption de la loi d’accès à l’information qui a également fait l’objet de relecture consensuelle,
– L’association et l’implication des médias dans les grandes réformes sociales et institutionnelles, Commissions ou Comités en cours ou à entreprendre dans notre pays ;
Engageons les professionnels des médias à :
– Soutenir le processus de paix et de réconciliation nationale,
– Accompagner le processus électoral en cours
-Observer rigoureusement les principes éthiques et déontologiques régissant la profession
– Elaborer une convention collective régissant la profession.
Bamako, le 03 mai 2013