Dans un communiqué déposé à notre rédaction, la Maison de la presse annonce le report des festivités de la Journée internationale de la liberté de la presse fêtée à travers le monde le 3 mai. Un report justifié par la crise sociopolitique très grave dans notre pays.
A l’instar de la communauté internationale, le Mali célèbre chaque 3 mai la Journée mondiale de la liberté de la presse. Cette Journée a été initiée, en 1991, par l’Unesco et le département de l’information des Nations unies aux termes d’une conférence tenue à Windhoek, en Namibie. La conférence, qui a donné naissance à la Déclaration de Windhoek, met l’accent sur l’idée que la liberté d’expression sous-entend le pluralisme et l’indépendance pour les médias de masse en général.
La Journée du 3 mai 2012 intervient chez nous au Mali dans un contexte particulier et nous oblige à remettre toutes nos activités à plus tard. En effet, malgré le retour à l’ordre constitutionnel après le coup d’Etat du 22 mars dernier, force est de reconnaitre qu’à l’instar des autres secteurs, celui de la presse rencontre d’énormes difficultés en termes d’accès à l’information. Surtout celles provenant de la partie du Nord du pays.
On assiste souvent, depuis le coup d’Etat, à des agressions et menaces à l’encontre – souvent – de confrères d’agences étrangères, à des interpellations musclées, à des pillages et destruction de matériels, particulièrement au nord
Comme l’a signalé Reporters sans frontières, “presque aucune information sur la situation dans cette partie du pays, actuellement sous le contrôle de divers groupes armés, ne filtre au sud ou à l’extérieur du pays. Dans l’ensemble de cette région, seule une radio privée, située à Tombouctou, fonctionne. Des journalistes de Gao, Tombouctou et Kidal ont fui la zone occupée pour se réfugier à Bamako ou dans des pays voisins, comme le Niger. Il en résulte un manque d’informations sur la situation exacte sur le terrain, la situation humanitaire et les conditions de vie des populations civiles”.
Il est important cette année de souligner d’un trait rouge la situation que traverse – depuis mi-mars – l’Office de radiotélévision du Mali (ORTM) et de nos confrères qui y travaillent. A l’issue du coup d’Etat, en plus du choc subi chez les travailleurs, le matériel de travail a été sérieusement endommagé et les militaires occupent toujours les locaux rendant les conditions de travail difficiles.
Même si, en dehors des médias d’Etat, le reste des organes de presse et des journalistes du Sud parvient à travailler de manière habituelle, malgré le manque de renseignements sur la situation politique dans le Nord, il faut dire que la situation présente a des conséquences sérieuses sur l’état de la liberté de la presse dans notre pays.
En effet, constamment classé parmi les cinq pays les plus respectueux du travail des journalistes sur le continent, le Mali figurait à la 25e position, sur 179 pays, dans le classement 2011-2012 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières. Les événements de ces trois dernières semaines portent un coup rude à cette l’image positive que véhiculait le pays jusque-là.
La Maison de la presse qui espère sur un retour à la normale, invite le peuple malien tout entier à surmonter les épreuves en puisant dans ses valeurs cardinales.
Tout en reportant à une date ultérieure les festivités marquant la Journée, elle souhaite bonne fête de 3 mai à tous les journalistes et prie pour le retour de la paix, de la sécurité et de la quiétude partout au Mali.
Makan Koné