Risque de scrutin bâclé, la situation de la région de Kidal, le retour de l’administration et surtout la sécurisation des localités libérées constituent aujourd’hui les goulets d’étranglement pour les organisateurs.
Le début du mois de janvier marque aussi le début de la lutte pour la libération des 2/3 du Mali du joug des islamistes. A partir de cette date deux régions ont été libérées (Gao et Tombouctou) mais pas tout à fait sécurisées. S’agissant du cas de Kidal, son sort reste incertain car interdit aux forces armées nationales et est sous contrôle du Mnla. Le Mali compte aussi des milliers de refugiés dans les pays voisins, le retour de l’administration dans ces régions est lent et s’avère un risque dangereux. Malgré tous ces défis les autorités de la transition se disent capables d’organiser des élections dans quelques mois. Quand bien même moins de Maliens semblent être convaincus que le pays sortira vainqueur de cette situation. ‘’Nous ne devons pas aller à une élection pour aller à une élection. Nous devons travailler à réunir toutes les conditions afin que ces élections soient les plus inclusives possibles, c’est-à-dire la participation des populations déplacées et réfugiées’’, a laissé entendre Mountaga Tall, président du Cnid- Fyt et candidat au scrutin prochain. Selon lui, c’est la seule façon de donner une légitimité incontestable au nouveau Président.
De l’avis d’Aboubacar Habiboulaye, juriste, le fait d’aller aux élections n’est pas mal en soi, puisqu’un président démocratiquement élu est la condition préalable de la communauté internationale pour aider le Mali, elle veillera au bon déroulement des élections mais il faut être très prudent avec le cas de Kidal qui risque de ne plus faire partie du Mali si cette région ne participe pas aux élections. « Sur le terrain les campagnes seront moins bonnes par crainte des explosifs dans certaines zones (nord). La saison des pluies risque aussi d’avoir un impact sur le bon déroulement des scrutins, vu que la loi électorale exige la fermeture des bureaux de vote à 18 heures », a-t-il ajouté.
Le sort de la région de Kidal semble être la préoccupation majeure des Maliens et de l’avis de Gaoussou Haïdara, ‘’pour aller aux élections il faut absolument que nous recouvrions l’ensemble de notre territoire ce qui est loin d’être le cas, une région du Mali est complètement coupée du reste du pays’’. La situation post-élection constitue aussi l’inquiétude de ce membre de la société civile, qui a requis l’anonymat : ‘’je pense qu’organiser des élections à une date pareille serait lourde de conséquences pour un pays qui est déjà fragilisé sur beaucoup de plans. Mieux vaut organiser une élection où la majorité de la population peut y prendre part que de se trouver avec une crise post-électorale au dos comme on a l’habitude de voir dans d’autres pays africains’’.
Une chose est certaine François Hollande se dit intraitable sur l’organisation des élections prévues pour juillet prochain.
Aboubacar Dicko