Gestion et prévention des conflits en Afrique de l’Ouest : L’Institut Gorée place les journalistes dans leur rôle de régulateur

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Dans de nombreux pays comme le Rwanda, la Cote d’ivoire…, les médias ont joué un rôle dans la cristallisation des conflits. Pour amener les journalistes à jouer un rôle dans la prévention des conflits, l’institut Gorée du Sénégal a organisé du 23 au 25 novembre un atelier de formation sur la responsabilité des media et des professionnels de l’information dans la prévention des conflits en Afrique de l’Ouest.

L’atelier qui a enregistré la participation de 20 journalistes et professionnels des médias venus de 9 pays d’Afrique de l’ouest, avait pour objectif de contribuer au renforcement des capacités des acteurs des médias dans la production d’une information de qualité sur les conflits, sans alimenter le cercle vicieux de la violence.

La cérémonie d’ouverture était placée sous la présidence du Directeur exécutif du Gorée Institute, Doudou N’Diaye, en présence du Professeur Moustapha Gueye, formateur.

Le directeur exécutif de Gorée Institut dira que l’atelier se situe dans le cadre des activités de renforcement de capacités et transfert de compétences en vue de contribuer à endiguer le phénomène du « journalisme pyromane » en Afrique de l’ouest.

L’orateur a expliqué que cette formation se justifie pour la simple raison que dans la plupart des pays en Afrique de l’ouest, des médias sont des catalyseurs de crises et de la violence plutôt que des outils d’information et de sensibilisation. Selon, lui, les médias doivent jouer un rôle positif allant dans le sens de la sensibilisation des populations sur les problématiques de paix. « Le Gorée Institute, convaincu que des médias libres, indépendants et responsables peuvent être des garants de la paix sociale, s’est investi pour contribuer à renforcer les capacités des acteurs clés de ce secteur dans l’analyse et la prévention des conflits» a ajouté Doudou Dia.

Durant trois jours, les participants ont eu droit à plusieurs exposés faits par le facilitateur, Moustapha Gueye, assisté du Dr Mouminy Camara, tous enseignants au CESTI de Dakar. Il s’agissait, entre autres, de la liberté de la presse en situation de conflit, la Définition des concepts et typologie des conflits, l’identification des causes et des enjeux des conflits en Afrique de l’ouest; l’identification des bonnes et des mauvaises pratiques professionnelles. Les présentations ont été suivies par des débats entre participants et facilitateurs. Sur les types de conflits, Moustapha Gueye dira qu’il existe les conflits d’intérêts politiques, économiques et identitaires.

Selon, le facilitateur, les 2 premiers conflits sont rationnels car identifiables, auxquels on pourrait apporter des solutions.

Quant au troisième type, il est irrationnel car basé sur un complexe d’infériorité ou de supériorité. Il est difficile d’apporter une solution à ce type de conflits car son objet est insaisissable.

En ce qui concerne, les causes des conflits dans la sous région, Moustapha Gueye, estime qu’elles sont entre autre l’instabilité institutionnelle, la faiblesse de la gouvernance électorale avec comme conséquence des conflits pré et postélectoraux d’une violence extrême, l’exacerbation des appartenances identitaire, au non-respect de l’Etat de droit et des droits humains.

Face à de telles situations, la responsabilité citoyenne des journalistes reste un maillon important dans le dispositif de l’installation de la paix, explique Moustapha Gueye. Il a montré que le journaliste, s’il est admis qu’il épouse une cause, doit faire preuve de mesure dans le relais de l’information. « Le journalisme sensible au conflit, loin de conduire à une partialité aveugle doit amener le professionnel des médias à contribuer à la recherche de la vérité des faits et à l’apaisement au profit de la communauté » a ajouté Gueye.

Dans sa présentation, Mouminy Camara a fait le point de la situation de la couverture des attaques terrorises en Afrique de l’Ouest, notamment au Mali, au Niger, au Burkina Faso etc.

Il a estimé que certains journalistes, par le traitement des informations relatives aux attaques, ont fait le jeu des terroristes. Il a par ailleurs exposé les bonnes et mauvaises pratiques professionnelles dans la couverture des conflits. Il a énuméré plusieurs mauvaises pratiques tels que la corruption, la partialité, la publication ou diffusion d’informations mensongères, l’apologie du crime.

Au titre des bonnes pratiques, il a été mentionné, entre autres, le traitement équitable de l’information à travers le respect du contradictoire, la véracité des faits relayés, le respect des consignes sécuritaires, la préservation de l’image des couches vulnérables, la protection des sources.

A l’issu des travaux, les participants ont formulé des recommandations adressées à Gorée Institute, aux autorités des Etats de l’Afrique de l’Ouest.

A KENE

 Présentation de Gorée Institute

Gorée Institute est une organisation panafricaine de la société civile, qui a pour mission de contribuer à la mise en place de sociétés paisibles, justes et autosuffisantes en Afrique ; de renforcer le dialogue politique pour la résolution pacifique des conflits ; de contribuer à la consolidation des processus démocratiques et des institutions ; et d’encourager la créativité artistique, sociale et économique.

L’Institut Gorée réalise sa mission par la recherche, la facilitation et l’intervention, et travaille en étroite collaboration avec les instances régionales et sous régionales africaines, les organisations de la société civile africaine et les citoyens africains.

Cette mission nécessite notamment l’élaboration de nouveaux paradigmes, l’élargissement des réseaux de personnes et d’institutions, l’optimisation des ressources humaines existantes sur le continent.

AK

 

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