Du 24 au 26 avril s’est tenu à Kinshasa, la capitale de la république démocratique du Congo, le forum des responsables des medias d’Afrique Centrale (Fremac). Le thème retenu cette année est : « symposium sur les médias africains et la renaissance africaine ». Il a regroupé les responsables des médias des pays dont les noms suivent : Tchad, Cameroun, République centrafricaine, Congo Brazzaville, Guinée équatoriale, Gabon, Burundi, Sénégal, Bénin, Guinée Conakry, Togo, Mauritanie, Niger Burkina Faso, Mali. Notre pays était représenté par Birama Fall, président de l’Assep, et ChahanaTakiou du groupement patronal de la presse écrite. Ce forum visait à engager la réflexion sur le projet de la renaissance africaine, un projet qui se conçoit comme la nécessité pour les Africains de « recapturer » leur conscience historique de fondateurs des premières civilisations humaines connues en vue de reconstruire la grandeur africaine à travers la transformation de l’Afrique en un puissant Etat fédéral, c’est-à-dire une masse géostratégique puissante capable de résister aux naissances des autres masses géostratégiques que sont les USA, l’UE, la Chine, la Russie, le Brésil… Car l’Afrique morcelée en 54 petits Etats ne peut être que le jouet des grandes puissances, d’où la nécessité de ce forum. Il s’agissait à travers cette rencontre d’inviter les patrons de presse en tant qu’acteurs incontournables à jouer leur partition pour créer un fraternalisme qui conduira aux Etats-Unis d’Afrique.
Dans son discours d’ouverture des travaux, Lambert Mende Omalanga, ministre de la communication du Congo et porte-parole du gouvernement, a fait savoir que le futur n’est jamais certain, ni gravé dans le marbre. Il n’est pas interdit d’y réfléchir, d’ouvrir la boite à questions et de poser des balises. Selon lui, le rôle éminent joué par les médias dans l’information et la sensibilisation de l’opinion sur divers sujets n’appelle pas débat. Mais, précise-t-il, une information mal maîtrisée, approximative ou erronée, combinée aux idées reçues, aux préjugées et lieux communs est source de malentendu et de dommages directs collatéraux ravageurs. Par ailleurs, il a fait savoir que la majorité de ceux qui racontent l’Afrique, qui écrivent sur notre « Alma mater » ou qui véhiculent des images sur le continent noir ne sont pas les mieux placés, encore moins les mieux intentionnés. « Il appartient aux Africains en général, aux journalistes en particulier, d’écrire leur propre histoire, de se raconter et de dessiner leur avenir plutôt que de se limiter, comme souvent, à traquer les faits divers et à chahuter, avec raison sans doute, leurs élites et leurs gouvernants », a-t-il souligné. Et d’inviter les médias africains à jouer leur partition dans cette renaissance africaine en contribuant largement à entretenir l’espoir, à maintenir l’opinion en éveil, en titillant à bon escient les décideurs de tous ordres, à changer l’image et le regard de l’Afrique.
Le rôle des médias face à la renaissance
Durant trois jours, les patrons de presse ont participé et assisté à une série de conférences débats sur plusieurs thématiques. La première journée était consacrée à la renaissance africaine avec d’éminents conférenciers comme le Pr. Théophile Obenga qui s’est focalisé sur « la nécessité d’une nouvelle Afrique » et Dr. KabongoMalu Emmanuel qui a exposé les « nouveaux modes d’asservissement de l’Afrique dans la mondialisation. » Réinventer l’imaginaire africain a été présenté par le Pr. Kä Mana. La deuxième journée était centrée sur le rôle des medias face à la renaissance africaine. L’honneur est revenu à Alfred Mote de s’entretenir avec les patrons de presse sur les médias congolais à l’épreuve du Congo Bashing et de la contagion à la pensée coloniale. Selon le conférencier, l’émergence africaine, comme l’émergence congolaise, est en train d’être sacrifiée sur l’autel du Congo Bashing et de l’effet de contagion à la pensé coloniale dans le traitement de l’information. Partant, il a invité ses confrères et consœurs à ne pas faire le jeu de ceux qui ont présenté Patrice Lumumba comme un dangereux assassin. « Aujourd’hui, nos médias qui se sont prêtés parfois à la mise sous coupe réglée de nos pays peuvent participer à la renaissance africaine en respectant certaines exigences, à savoir l’exercice responsable et conséquent de la liberté de presse et le refus de raisonner par procuration dans les lignes éditoriales », a-t-il conseillé. Clôturant les travaux, Lambert Mende Omalanga, ministre de la communication du Congo, tout en remerciant organisateurs, participants et intervenants a déclaré que la moisson a été bonne en terme d’idées et de ressources pour la matérialisation de la renaissance africaine. Selon lui, le salut des Etats africains n’est pas dans les plans des institutions dites de la gouvernance mondiale ( Fmi, Banque Mondiale, Onu) qui traitent l’Afrique comme un continent de réservoir de matières premières et en déperdition, mais la seule alternative réside dans le panafricanisme. « L’Afrique vivra d’une existence assumée par ses fils et filles en pleine renaissance, non plus téléguidée de Washington ou de Paris, mais pensée et coachée par le propre génie créateur de ses élites. Les médias ont la responsabilité de populariser, de sensibiliser leurs lecteurs, auditeurs et téléspectateurs à cette nouvelle éducation », a-t-il conclu.
Birama Fall, envoyé spécial en RD Congo