A Ouagadougou (Burkina Faso), ce 24 septembre se tient le Forum sur la sécurité des journalistes d’investigation, avec comme thème, « La problématique de la sécurité des journalistes d’investigation: quels stratégies et outils pour une véritable liberté d’expression? ». Ce forum organisé par la Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest (CENOZO) a lieu en marge de la 8ème édition du Festival international de la Liberté d’expression et de la presse (FILEP 2019), le plus grand rassemblement de journalistes africains sur le continent, qui se déroule du mercredi 25 au samedi 28 septembre. Réunissant plus de 200 journalistes, leaders, décideurs et acteurs de la société civile de toute l’Afrique, le FILEP 2019 se réunira autour du thème, « Des plumes, des micros et des caméras pour une Afrique libre et unie ». C’est l’étendard de la presse africaine qu’il s’agit de brandir cette semaine à Ouagadougou pour une Afrique unie dans la sécurité et la paix.
La sécurité des journalistes d’investigation, surtout dans le contexte d’insécurité sous-régional en Afrique de l’Ouest, est plus que jamais une préoccupation pour les défenseurs des droits humains et de la liberté de la presse. L’assassinat du journaliste, Ahmed Hussein du Ghana et la disparition du journaliste Birama Touré en 2016 au Mali sont deux cas récents où les présumés coupables sont des individus non encore identifiés, ce qui illustre éloquemment l’impérieuse nécessité d’inscrire la problématique de la sécurité des journalistes comme une priorité de l’état de droit et de la bonne gouvernance.
Dans le cas du journaliste malien Birama Touré, la situation reste encore confuse, car depuis sa disparition rien n’a été trouvé permettant de se résoudre à un deuil. Dans l’incertitude, certains en concluent au scenario d’un crime parfait. Quant à Ahmed Hussein du Ghana, il est le dernier journaliste assassiné de la sous-région pour avoir fait son travail. En effet, il avait participé à cette enquête qui a révélé le plus grand scandale dans le football africain.
Au-delà du cas Hussein, pour lequel la Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest (CENOZO) ne cessera de réclamer justice comme pour tous les autres, il faut noter que bien des confrères de la sous-région, subissent différentes pressions et autres harcèlements à travers des procès, menaces, violences physiques. Dans cette forêt de difficultés imposées de toute pièce aux journalistes se taille une part de lion, la misère économique conjuguée à l’absence de sécurité sociale, pour bon nombre d’hommes de media. Engagée à sensibiliser et à former ses membres face aux dangers liés à leur métier, la CENOZO a inscrit le renforcement de leurs capacités sur les techniques et mécanismes de protection de la corporation comme l’un des axes majeurs de son action. Aussi a-t-elle entrepris d’organiser une formation sur le thème « Sécurité des journalistes de l’Afrique de l’Ouest: quelle panacée pour une liberté d’expression véritable? ». Elle entend ainsi contribuer à outiller cette communauté d’hommes et de femmes engagés dans ce genre journalistique noble mais combien risqué afin de leur permettre de contribuer à une meilleure gouvernance en Afrique de l’Ouest à travers un journalisme de haut niveau. A noter que bon nombre des participants sont également responsables d’associations de défense de la liberté d’expression et de la presse, et de défense des droits humains.
Stratégie CENOZO
En moins de quatre ans, la CENOZO s’est progressivement positionnée comme un centre de référence du journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest. En promouvant le journalisme d’investigation sur la corruption, la mauvaise gouvernance, le crime organisé et les violations des droits humains, la CENOZO entend contribuer à une Afrique de l’Ouest pacifique et démocratique, caractérisée par la responsabilité des dirigeants, la justice et une répartition équitable des ressources des pays. A la CENOZO, nous avons compris que le renforcement des capacités spécifiques des journalistes d’investigation est essentiel au maintien des succès déjà enregistrés dans la marche de la démocratie, les droits de l’homme, les libertés et la bonne gouvernance. Les contributions au renforcement des compétences de nos membres et des autres journalistes d’investigation de la région, en offrant une formation sur les dernières méthodes de journalisme telles que l’analyse des données, l’analyse des flux financiers et la vérification des faits, sont réelles. Comme en témoigne la qualité des publications de la CENOZO sur des violations des droits de l’homme, le terrorisme, la corruption, le crime organisé, la santé et d’autres problèmes sociaux au cours de ces dernières années. Ainsi le constat établi par les termes de référence de cet atelier CENOZO/ONUDC est implacable : « Pour rester fidèle à ses valeurs fondamentales, la CENOZO doit être en mesure de cerner et de traiter les problèmes qui pourraient, à terme, affecter la crédibilité et surtout la survie de ses membres ainsi que de leurs organes de presse. La problématique de la sécurité des journalistes s’impose alors comme un sujet incontournable. Victimes de pressions de tout genre – menaces de mort, procès, violences physiques, enlèvements, pressions économiques (privation de publicité), assassinat, etc. – les journalistes, surtout dans un contexte d’insécurité généralisée, d’investigation n’ont d’autre choix que de mieux s’outiller pour se protéger. Des maîtres penseurs du crime organisé aux Etats, en passant par les hommes politiques, les terroristes et les grandes entreprises et autres hommes d’affaires véreux, la sous-région ouest-africaine est de plus en plus dangereuse pour les journalistes d’investigation ». Après cet atelier de formation, les membres de la CENOZO participeront ensuite au colloque du Festival international de la liberté d’expression et de la presse (FILEP) du 25 au 28 septembre 2019.
B. Daou à Ouagadougou