Le président de la HAC (Haute autorité de la communication), Fodié TOURE, était, hier jeudi, l’invité de l’émission «Forum de la presse», à la Maison de la presse du Mali. Comme il fallait s’y attendre, la fermeture de 47 radios privées, à travers le pays, s’est invitée dans les débats. Sur la question, le président de la HAC s’est montré tranchant en affirmant sans ambages qu’il n’y a pas de voie de recours pour ces stations, qu’il a qualifiées au passage de « radios pirates», qui émettaient jusque-là en toute violation des textes.
Au cours de ce débat télévisé, M. TOURE, répondait aux questions de trois confrères, à savoir : Alexis KALAMBRY, directeur de publication du quotidien, « Les Échos » ; Chahana TAKIOU, directeur de publication du bi-hebdo « 22 septembre» ; et Bakary CISSE dit ‘’Bakci’’, rédacteur en chef de la radio «Klédu».
Attributions et missions de la HAC
L’objectif de cette émission était d’expliquer aux auditeurs et téléspectateurs les attributions, les missions de la HAC ainsi que les activités menées depuis sa création. Elle a aussi été une occasion pour le président de commenter la récente décision de la HAC relative à la fermeture de 47 radios privées à travers le pays.
A l’entame de ses propos, le président TOURE a souligné qu’il est inconcevable que dans un pays de droit, où l’espace médiatique est réglementé par des textes qui sont portés à la connaissance de tous, qu’on puisse accepter l’existence de radios qui émettent sans aucune autorisation.
A travers cette décision, la HAC, de l’avis de son président, vient de trouver la solution à un problème qui était posé depuis plus d’une année.
«Ces radios ont été avisées depuis novembre 2016. Ces 47 radios sont des radios qui n’ont aucune autorisation, elles ont reconnu la mise en demeure qui leur a été adressée par la HAC, et elles ont continué d’émettre sans autorisation», a-t-il expliqué.
La HAC, selon son président, a aujourd’hui, les moyens techniques, humains et juridiques pour aller au bout de son action.
Quant aux télévisions qui sont, elles aussi, en train d’émettre sans autorisation, elles seront appelées à se régulière par la HAC très bientôt.
«Celles qui respecteront les conditions seront maintenues et celles qui ne répondront pas aux critères seront fermées », a-t-il martelé sans état d’âme.
Autorité indépendante créée en janvier 2014 pour répondre à un souci de régulation de l’espace médiatique au Mali, les missions de cette institution se résument essentiellement en deux volets. Le premier est relatif à l’autorisation et à l’établissement des services de communication audiovisuelle. Et le second est relatif à la sanction qui s’est traduit ces derniers temps par la fermeture de 47 radios.
«On ne peut pas laisser les dérives, les violations de la loi», a-t-il dit.
Pourquoi la fermeture de ces 47 radios
Selon son président, lors que la HAC a fait l’état des lieux, elle s’est rendue compte qu’il y avait des radios qui ont été créées sur la base d’un arrêté interministériel, et des radios qui évoluent sur la base d’autorisation provisoire du ministère de la Communication. Mais, il y a le cas des radios qui émettent sans aucun acte administratif. Cette dernière catégorie est qualifiée de «radios pirates» par le président de l’autorité.
Les résultats de cette enquêté, a-t-il soutenu, ont été partagé par les organisations socioprofessionnelles des médias avant d’expliquer les conduites à tenir pour le cas des organes qui ne respectaient aucune législation.
De même, ceux qui avaient été créés par des actes administratifs datant d’avant la création de la HAC, ont été invités à se conformer au nouveau cadre législatif règlementaire selon les délais et les procédures arrêtés par la HAC.
Par contre, malgré les remarques des autorités compétentes, des radios qui ne sont pas dans ces deux catégories ont continué d’émettre en toute violation des textes. Dans leurs activités illégales, elles brouillent souvent les fréquences des radios régulières, les fréquences des services publics, de l’armée, de la sécurité, de l’aviation.
A la question de savoir s’il n’était pas plus simple de les donner une autorisation, M. TOURE s’est montré catégorique : «Si vous donnez une autorisation à ces radios, vous créez une injustice, vous régularisez une radio qui a été créée avant la HAC cela est normale. Et vous régularisez ces radios qui ont été créées après la HAC, on les met sur les mêmes pieds d’égalité que celles qui ont été régulièrement créées, on va créer une jurisprudence. Cela revient à cautionner l’illégalité. Parce que demain, en 2018, une autre radio va se créer sans autorisation, et nous demander de la donner une autorisation. En ce moment, la HAC ferme sa porte et s’en va…on aura plus besoin de nous».
Selon lui, la procédure de création des radios est définie dans loi de 2012 avant la création de la HAC. Et cette même loi dit que les radios doivent se conformer aux textes sur une période de 3 ans, donc en 2015. Malgré cette invitation, ces radios qui étaient là n’ont jamais voulu se conformer à la règle.
«Ce n’est pas nous qui avons décidé de faire vivre ou de tuer une radio, nous appliquons des textes qui disent qu’une radio non autorisée doit être fermée. Nous ne pouvons pas laisser une radio illégale émettre au détriment d’une radio légale ».
A la veille du sommet Afrique-France, a-t-il fait savoir, il y a eu des radios pirates qui brouillaient les réseaux aéroportuaires. «C’est ça le danger», a-t-il dit. Avant d’ajouter que : «Si cela continue, un jour, vous aller avoir un avion à terre ici et la HAC sera interpellée».
Les télés illégales averties
«La HAC n’est pas venue pour porter préjudice à X ou Y ; nous voulons mettre de l’ordre là où il faut pour l’intérêt du pays, pour l’intérêt des acteurs de la communication», s’est-il défendu.
Selon lui, les promoteurs de ces radios pirates doivent s’en prendre à eux-mêmes ; quand on sait qu’il y a au moins 1 000 radios qui n’ont pas été inquiétées par ses services.
«Il n’y en a pas de solutions pour ces 47 radios », a-t-il conclu.
Dans la même ligne droite, a-t-il fait savoir, en ce concerne les télévisions privées, il n y a que «Liberté TV» et «Africable», qui ont une autorisation d’émettre.
A cet effet, souligne M TOURE, dans les jours à venir, il y aura un appel d’offre pour inviter tous ceux qui ont une télévision, ou qui ont l’intention de créer une chaine de télévision de postuler. Les différents dossiers seront appréciés et les autorisations données à qui de droit.
Par Abdoulaye OUATTARA