Il y a trois ans jour pour jour que Ghislaine Dupont et Claude Verlon, deux journalistes français de RFI, en mission de recueil d’information, dans la zone de conflit à Kidal ont été froidement assassinés. C’était exactement le 2 novembre 2013. De cette date à maintenant le dossier d’enquête ouvert à Paris, et à Bamako n’avance pas. La conséquence de cette situation est que les circonstances de la tragédie continuent à susciter à la fois interrogation et doute. Savoir pourquoi et dans quelles conditions ces deux journalistes de RFI ont perdu la vie reste le nœud gordien de cet assassinat.
Enlevés et tués de sang froid, les auteurs de cet assassinat horrible courent toujours. Malgré l’ouverture de deux enquêtes simultanées à Bamako et à Paris, ainsi que le déclassement de documents confidentiels depuis trois ans, la vérité ne se fait toujours pas jour. Le témoin de l’enlèvement Baye Ag Bakabo, a disparu de la circulation à Kidal. Un juge malien reproche à l’armée française de ne rien faire pour diligenter les enquêtes. Même l’audition des casques bleus de la MINUSMA, qui assuraient la sécurisation de Kidal n’a pas été possible. Une autre piste consistant à entrer en possession des relevés détaillés des communications émises depuis les téléphones pour être traités n’a pas abouti de la part des autorités maliennes. On se demande alors, est-ce que les autorités maliennes ont-elles été menacées par la France pour ne pas divulguer ces relevés détaillés des différentes communications au moment des faits ?
Plusieurs zones d’ombre continuent à nous éloigner de la vérité sur cet assassinat. Cependant, nous venons de rentrer en possession d’une information capitale. Elle est relative à la suspension de deux casques bleus ouest africain qui ont produit un rapport sur le dit assassinat. Leur rapport a été transmis aux Nations-Unies en ignorant totalement l’opération Barkhane. Dans ce rapport, les deux soldats onusiens ont mis en doute la stratégie de Barkhane qui a consisté à envoyer vingt-quatre heures avant l’assassinat leurs deux hélicoptères de combat à Gao, laissant la zone de Kidal sans aéronef. Cela conforte la thèse qui confirme que l’armée française n’est arrivée sur les lieux qu’à 15H 30mn, donc tardivement. Pour cette raison, ces deux soldats onusiens ont été suspendus et expulsés dans leur pays avec des sanctions à l’appui. Le capitaine concerné a écopé de 6 mois de suspension, tandis que le sous-officier a été radié des forces armées de son pays. Ces deux officiers semblent être au courant des détails de cet assassinat. Aussi cette piste est à vérifier dans un pays côtier dans le golfe de Guinée. Ce cas nous rappelle celui du journaliste du Sphinx, le nommé Birama Touré dit Bruno qui a disparu mystérieusement depuis bientôt une année au Mali, sans que les autorités maliennes n’ouvrent une enquête judiciaire approfondie sur cette disparition. Les autorités maliennes sont-elles complices de cette situation également ? Que Dieu sauve les journalistes maliens !
Badou S.KOBA