"Quand j’épousais ma femme, je lui ai dit que j’étais un animateur très célèbre et que, si elle voulait sauvegarder son mariage, elle ne devait pas faire attention à toutes les avances que d’autres me faisaient en direct à la radio. C’est l’émission qui doit intéresser les auditeurs, non l’animateur, mais les gens confondent les deux, surtout lorsque la manière de parler du journaliste leur plaît. Tout ce que je possède m’a été offert par des femmes. En période de fête, mon domicile est rempli de bazins offerts par mes admiratrices". C’est ce que nous a déclaré d’entrée de jeu Dramane Djibo, le chouchou de ces dames, animateur-vedette de radio Guintan grâce à l’émission Aw ni sugu, diffusée de 8 heures à 12 heures.
Après le DEF, Dramane Djibo a été faire des études de Technicien au Centre Père Michel. Il commence une carrière de disc jockey au Village du Grand Hôtel de Bamako, jusqu’à ce qu’un jour un cinéaste, en la personne de Cheick Oumar Sissoko, l’actuel ministre de la Culture, lui propose de venir travailler à la radio Kayira, à sa création, à Djélibougou. Il avait pour collègues, à l’époque, Ramata Dia, son actuelle directrice, Djougouss et Oumou Diarra Djèma de la Chaîne II.
Son émission sur Guintan est née d’une initiative qu’il a prise en 1995, quand il était encore à Kayira, en tant que technicien. Un jour, un communiqué très urgent est parvenu à la radio. Comme il n’y avait pas d’animateur, Djibo a lu l’avis sur les antennes. A partir de là "Cheick Oumar Sissoko m’a appelé pour me dire qu’il voulait que je fasse de l’animation, car j’avais une voix radiophonique" se rappelle Dramane. Depuis, ça continue. Il a d’abord suivi des formations à la DNAFLA, avant de poursuivre sa formation à l’étranger. Pas plus tard que la semaine dernière, il était au Soudan. "Je suis venu par militantisme pour un parti politique à la radio, sinon, mon objectif n’était pas de devenir animateur. Je le suis pourtant aujourd’hui et je ne peux qu’en remercier le Tout Puissant".
Surnommé Dra par ses proches, Djibo est marié à Adam Dabo, connue des auditeurs de Guintan et père de quatre enfants, trois garçons et une fille. Originaire de Dogo, en pays dogon, il n’en parle pas la langue, car il est né à Bamako il y a 38 ans, mais il demeure attaché à son ethnie et à sa culture plus que tout.
Après quelques années de service, l’homme quitta Kayira en même temps que Ramata Dia suite à un petit problème. En fait, Ramsès, alias Ramata Dia, grande référence féminine dans la presse malienne, eut l’idée de créer la Cigale Muselée, un journal satirique, dans lequel Djibo se chargeait de recueillir les faits divers auprès des commissariats de police. Ensuite, il suivra Ramsès lors de la création de radio Guintan, et lui proposera d’animer une émission dédiée aux femmes. Cela venait du constat que la société, à l’époque n’accordait pas suffisamment d’importance au sexe faible. Il fallait donc amener les gens à une prise de conscience afin qu’ils perçoivent mieux la place prépondérante qu’occupent les femmes. Dans son émission, Dramane Djibo aborde tous les problèmes auxquels sont confrontées les femmes dans leurs foyers, comme les coups et blessures, les divorces. Souvent même, il convoque les maris pour les sensibiliser.
"Je donne aussi de l’argent à certaines femmes qui viennent me voir, quand elles veulent retourner au village et qu’elles n’en ont pas les moyens, pour les fournitures scolaires de leurs enfants. Je viens à leur secours comme je peux. Je ne suis pas riche, mais Dieu me donne chaque jour la possibilité de pouvoir aider des femmes ". Son sacerdoce pour les femmes lui a valu de recevoir le prix de la meilleure émission radiophonique décerné lors du 8 mars par le ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille. Dramane Djibo s’entend avec tous les artistes sans exception, surtout les dames, même s’il a eu quelques tensions avec certaines. Cela ne va pas loin car "elles se disent que, sans moi, elles ne seront jamais connues du grand public, bien qu’il y ait beaucoup de radios et de télévisions.
A un moment, j’étais fâché avec Mah Kouyaté, suite au décès de ma maman. L’artiste était la première à être informée, mais ça ne l’a pas empêchée d’aller faire son sumu avant de continuer pour la campagne présidentielle à l’intérieur du pays. Ce n’est que pour la quarantaine qu’elle est passée. Cela m’a désolé car, comme le dit l’adage, "les vrais amis, on ne les connaît que lorsqu’on est en difficulté". Tous les artistes étaient présents et certains me disaient : toi qui aimes tant Mah Kouyaté, pourquoi n’est elle pas présente aux obsèques de ta maman ? Cette remarque m’a fait très mal ".
Parlant de Babani Koné, l’homme explique qu’il l’a connue à Ségou dans son enfance, car la grand-mère de Babani était la griotte de sa grand-mère, c’est dire que leurs relations ne datent d’aujourd’hui. Quant à Néné Soumano, "c’est moi qui l’ai mise sur orbite pour la bonne raison qu’elle est l’idole de ma femme. Elle a fait une merveilleuse chanson pour moi et je respecte et admire sa coépouse Fati Kouyaté, que j’ai présentée pour la première fois au grand public lors d’un concert que j’ai organisé. C’est vous dire que je n’ai de dent contre aucun artiste".
Dramane Djibo se réjouit de la confiance que lui portent les femmes. Elles lui ont tout offert, y comprîs des motos, des voitures, un terrain où il est en train de construire un bâtiment à étage.
Pour la petite histoire, il doit partir cette année à la Mecque avec Bamoussa Djokokodjo, à l’initiative d’une auditrices, Assan Kanta, qui en a fait la demande auprès de son mari. La plus grande émotion de Dramane Djibo est l’histoire de cette dame appelé Mama, qui est venue le voir parce qu’on lui avait pris sa maison pendant que son mari était à l’aventure, entre autres vexations et outrages. Dramane s’est battu pour cette femme auprès de la première dame Mme Touré Lobo Traoré et son combat a finalement abouti. L’homme déplore la crise actuelle à la Maison de la Presse et rappelle à ses confrères leurs devoirs, car les médias sont des dangers quand ils veulent détruire.
"Les radios privées ont été à la base de guerres civiles dans de nombreux pays". Quoi de plus normal, le passe-temps favori du " chouchou des femmes " demeure la causerie avec les dames, même si cela n’est pas toujours facile quand on ne les comprend pas.
F.M.T.DOUMBIA
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