Descendant de Koumbi Djossé, ce beau géant de la communication est connu pour être l”une des vedettes de Radio Fréquence 3. Il a l”art d”interpréter le folklore bambara à travers la langue. Djossé Seydou Traoré, ou Djoss comme il aime qu”on appelle, nous a parlé à cœur ouvert.
Bambara issu de la grande famille Zamba du Bélédougou, Djossé est né le 14 mars 1962 à Bamako d”un père médecin cheminot. Cette profession l”avait mené au Sénégal où il s”était marié avec une Sénégalaise. Djossé est issu de cette union. L”homme a pratiquement la moitié de sa famille basée à Thiès, au Sénégal.
Les affectations de son père le long des rails ont fait que Djossé a passé une bonne partie de son enfance à Thiès, où il a commencé ses études primaires avant, son père ayant été muté par la Régie des Chemins de Fer au Mali, au dispensaire de Darsalam, de continuer son cycle à Hamdallaye plateau, jusqu”à après l”admission à la retraite de son papa.
Suite à des problèmes de famille, Djossé retournera au Sénégal après son diplôme d”études fondamentales (DEF). Là- bas, fréquentera l”Ecole polytechnique de Thiès. Après quatre ans de formation, il rentre au pays. L”un de ses frères, commerçant, lui conseillera d”apprendre la comptabilité. Ce qu”il fera, décrochant un diplôme de troisième niveau en comptabilité. Comme les affaires du grand frère n”ont plus tellement marché, à cause des évènements de mars91, celui-ci décidera de retourner au Sénégal. Djossé, quant à lui, optera pour une carrière dans la communication, puisqu”il a de tout le temps aimé parler.
Depuis1992, l”homme travaille donc à la Radio Fréquence 3 en qualité de journaliste reporter et de présentateur du journal parlé en bamanan. Il fut le second à parler sur cette station après Sinaly Traoré. FR3, sous la houlette de son promoteur, Lassana Traoré, a été la première chaîne privée de Bamako à initier un journal en langue nationale, avec Djoss et Oumar Sidi Sangho.
L”idée est venue d”un auditeur, très content d”avoir entendu un reportage de Djossé sur une vieille femme appréhendée par le commissariat du deuxième arrondissement pour sorcellerie. La vieille s”était exprimée en bamanan, langue que parle la majeure partie des populations des Commune II et III.
Djossé a, depuis ce jour, décidé de présenter le JP en langue nationale. Il avait également remarqué que dans les pays arabes et anglophones, les journalistes présentaient leur journal en leur langue nationale et s”était demandé pourquoi ne pas le faire en bamanan. Fréquence 3 a ainsi couvert en bamanan le procès pour " Crimes de sang " du Général Moussa Traoré. A FR3, Djossé a démarré en tant qu”animateur, pour être ensuite reporter et devenir aujourd”hui le directeur des programmes de la boite. C”est d”ailleurs un vétéran en la matière, puisqu”il a suivi beaucoup de formations et a participé à de nombreux séminaires organisés par les Canadiens et les Belges, en partenariat avec les professionnels de la presse. Djossé est marié et il est père de cinq enfants.
Se prononçant sur le comportement des acteurs de la presse, Djossé rappelle un adage bamanan " tout géniteur accouche de son enfant, mais la parole, elle, accouche de sa mère ". En effet, si les communicateurs mesuraient à sa juste valeur la portée de ce que nos ancêtres ont dit, ils devraient pouvoir contrôler ce qu”ils disent. " On peut dire toute la vérité et rien que la vérité, mais en étant respectueux des autres, en disant ce qui construit et en taisant ce qui peut nuire. L”expérience que j”ai tiré de ça, c”est que, parfois, en prenant du recul par rapport à ce que nous faisons, on peut ne pas faire du mal. Il faut toujours se remettre en cause, ne pas se laisser distraire par cette magie ".
S”agissant de la liberté de la presse, elle est fondamentale selon l”interlocuteur, et, en 2006, le Mali s”est classé au même niveau que son pays colonisateur en matière de liberté de presse, ce qu”il apprécie. " Dans un pays où tout est à construire, la liberté est nécessaire, fondamentale et essentielle, sinon les choses n”iront nulle part. Mais c”est un instrument que nous, les détenteurs, ne maîtrisons pas pour la plupart " a laissé entendre Djossé.
Sa plus grande satisfaction professionnelle, il la vit quotidiennement. Cette célébrité, il la doit à la radio. A chaque fois qu”il emprunte un Sotrama, il trouve toujours quelqu”un pour payer son transport. "J”ai besoin de mes auditeurs, ils constituent ma force " .
Sa plus grande déception, ce sont ces journalistes qui tentent d”empêcher la liberté de la presse au Mali par des actions plus que condamnables.
Ses temps libres, Djoss les consacre à la pratique de l”Islam. Cela fait dix ans de suite qu”il travaille avec des agences de voyage, et il accomplit chaque année le pèlerinage à la Mecque. Il projette même avec d”autres journalistes, tous médias confondus, de créer une association de communicateurs pour la promotion de l”Islam au Mali. Il en profite pour inviter tous ceux qui seront intéressés par l”initiative à prendre contact avec lui à Radio FR3.
Son modèle dans la vie est celui qui avait une voix d”or et que tous les Maliens aimaient. Il s”agit du regretté Balla Moussa Keita, animateur à l”ORTM et acteur de cinéma. Certains pensent d”ailleurs que Djossé l”imite. Il ne milite pas dans un parti politique, à cause de son travail qui ne lui permet pas d”afficher une coloration politique.
"Les gens disent que je suis l”ami de ATT. Je l”apprécie en effet pour sa manière de gérer le pays et d”avoir réussi, sans gêne. Je ne peux pas faire son bilan. J”attendrai les cinq prochaines années à venir pour cela, mais je ne suis pas de son parti, non»affirme l”homme, qui est un fana du tô comme tout bon bambara, surtout avec ses petites sauces et aussi du tieboudiène, qu”il a reçu en héritage du côté de sa maman.
En 1994, alors que l”AEEM manifestait, il était en train d”interviewer un leader lorsque les policiers sont apparus. Il a continué en courant. Il posait ses questions et le leader lui répondait, tout essoufflé. Le directeur de la radio et les auditeurs ont beaucoup aimé sa façon de travailler ce jour-là.
Djossé, pour conclure, invite ses cadets à la modestie, à la vérité dans le travail, car le journalisme est un métier qui monte très vite à la tête. "Par exemple, votre collègue Chahana Takiou, qui ne le connaît pas au Mali ? J”ai toujours envie de le lire, pour sa manière de mener les investigations. Nous sommes aussi célèbres que les artistes. Parlons pour informer, pas pour détruire ".
Fatoumata Mah THIAM DOUMBIA
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