Crise sécuritaire et institutionnelle au Mali : Le rôle joué par la Presse au peigne fin

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Mahamane Hameye Cissé
Mahamane Hameye Cissé

Le syndicat des journalistes du Mali (SYJOR) a organisé une conférence débat sur le rôle joué par la presse pendant les périodes troubles de notre pays. Elle était animée par Mahamane Hamèye Cissé, directeur de publication du journal le Scorpion, avec à ses côtés Boubacar Touré, président d’honneur, et Maouloud Ben Kattra de l’Untm. C’était le vendredi dernier à la Maison de la presse.

 

 

Pour le conférencier, depuis 2011 la presse malienne n’a pas cessé d’alerter sur les dangers qui planaient sur notre démocratie. Et ce, à travers des articles invoquant l’impossibilité de la tenue de l’élection conformément à l’article 118 de la Constitution. A cette époque, explique-t-il, les journalistes étaient assimilés à des oiseaux de mauvais augure.

 

 

Dans sa mission de veille et de sentinelle, poursuit-il, la presse a fait l’écho des dommages collatéraux qui pouvaient résulter du retour des combattants libyens et de la création du Mnla dans sa forme dans actuelle comme des menaces graves à la stabilité de notre pays. Il a précisé que le rôle que joue la presse est mal perçu de nos concitoyens contrairement à ce qui se passe dans les pays occidentaux où il y a une multitude de journaux qui ont des lignes éditoriales différentes. « Il y a une presse qui soutient la gauche, d’autres la droite ou le centre, mais chez nous, on vous taxe d’être manipulés par le pouvoir ; notre travail c’est d’avoir une ligne éditoriale dans laquelle on fait des analyses en fonction des objectifs et des visions qu’on a de notre Etat » a-t-il dit. Avant de rappeler que c’est la presse qui permet à l’opinion de pouvoir juger en bonne connaissance de cause. Il a fait savoir que 2012 -2013 a été l’année du désastre pour les médias car la presse malienne ne s’est jamais aussi mal portée depuis l’indépendance, cela a été une période infernale pour la presse caractérisée par des enlèvements  et interpellations par la sécurité d’Etat. Ainsi, il a rappelé que selon le classement fait par « Reporter sans frontières », notre pays occupait le 25ème rang mondial en matière de liberté de la presse avant de chuter au 99ème rang suite au coup d’Etat des prétoriens du 22 mars. « Le coup d’Etat a complètement désarmé les bonnes politiques et mis sur orbite les milieux obscurs à l’exclusion plurielle qui ont commencé à s’exprimer comme en véritable gangsters », a martelé le conférencier. A l’en croire, la presse a été à l’avant-garde de tout les combats au Mali. Malgré cet enfer vécu, la presse a joué sa partition dans la résolution de la double crise politico institutionnelle. En plus de l’action de veille et d’alerte pour prévenir l’irréparable, elle était la toute première entité à organiser, en juin 2012, un forum pour une transition paisible et démocratique ayant regroupé toutes les sensibilités du pays. A cela s’ajoute l’installation d’une rédaction à Sévaré avec le soutien de la France pour relayer les informations sur le théâtre des opérations.

 

 

Dans le cadre de la réussite de l’élection, la presse a contribué grandement en élargissant le débat. A la question  du professionnalisme et de l’indépendance  dans des conditions de précarité des hommes de médias, il a souligné que la conférence nationale de 1991 avait recommandé d’aider et accompagner la presse. Rien n’a été fait en ce sens pour permettre à la presse de sortir de la précarité. Cependant, le financement des partis politiques, qui ne figurent pas dans la recommandation, est une réalité, sur le budget national, alors que le peu d’aide dont bénéficie la presse émane de la présidence.

 

 

De son côté, Maouloud Ben Kattra a rappelé aux syndicalistes que la force d’un syndicat c’est son unité. A défaut, selon lui, une unité organique et une unité d’action. Avant de s’engager à soutenir le Syjor dans son combat. Il a invité les hommes de medias de continuer à jouer leur mission car la paix n’est pas définitivement acquise. Quand au président d’honneur, Boubacar Touré, il a salué le courage des journalistes particulièrement ceux qui étaient dans les zones occupées pour le sacrifice consenti. Avant de souhaiter qu’au moment où le pays se stabilise, le Mali a besoin d’une presse libre et responsable. Pour le président du Syndicat, Baye Coulibaly, 2012 et 2013 ont été une période noire pour la presse dans son entièreté. Cette conférence débat a été mise à profit par les journalistes pour discuter de l’applicabilité de la convention collective.

Boubacar SIDIBE

 

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