La conférence inaugurale ou la cérémonie de lancement de la semaine de la presse au Mali couplée avec la célébration de la journée de la liberté de la presse, a eu lieu le mercredi à la Maison de la presse. Elle était placée sous la haute présidence du ministre de la Communication, de l’Economie numérique et de la Modernisation de l’Administration. Avec comme thème : « Façonner un avenir de Droit : la Liberté d’expression comme Moteur de tous les autres Droits de l’Homme ».
C’est parti pour une semaine du 3 au 10 mai, des conférences, des débats, des panels etc., pour faire le bilan de la presse malienne, des conditions de travail des journalistes, le climat et l’environnement politique pour célébrer la presse au Mali. L’état de lieu de la liberté d’expression, les projets de loi sur la régulation et l’autorégulation, l’entreprenariat média, femme genre et média entre autres sont les thématiques qui seront débattus et la clôture aura lieu le mardi prochain à midi après le panel sur média et protection de l’environnement.
Lors de la cérémonie, le représentant de l’Unesco Ermdon Mokala, le doyen Martin Faye, Hameye Cissé de la Haute autorité de la Communication (Hac), le secrétaire général du ministère de la communication, El-Béchir Touré et le président de la Maison de la presse ont chacun posé le diagnostic du secteur de la presse et des médias. Le tableau un peu sombre, des journalistes enlevés, d’autres disparus, des harcèlements et des intimidations. La liberté de la presse véritablement menacé peut-on déduire.
Le président de la Maison de la Presse a profité de l’occasion pour interpeler les autorités sur plusieurs questions. A savoir la sécurité du journaliste, le retour des journalistes enlevés au centre du pays, la précarité du secteur et surtout l’incursion du secteur par les acteurs des médias sociaux. Il a aussi invité le gouvernement à accélérer les différents projets de loi qui qui peinent à voir le jour pour l’amélioration des conditions de vie des journalistes et leur protection. Dont l’un des principaux, la question de l’aide à la Presse.
Koureichy Cissé
HAMEYE CISSE, ANCIEN MEMBRE DE LA HAC
« La liberté d’expression est l’une des premières libertés politiques »
Pour la 30ème édition de la journée mondiale de la liberté de la presse, Mahamane Hamèye Cissé, ancien membre de la Hac a animé la conférence inaugurale sur le thème : « la liberté d’expression comme moteur de tous les autres droits de l’homme ». Ladite conférence s’est tenue le mercredi 3 mai 2023 dans la salle de conférence de la Maison de la presse.
Le 3 mai est considéré comme la journée mondiale de la liberté de la presse. M. Mahamane Hamèye Cissé a expliqué le rôle essentiel de la liberté des médias sur toutes les autres libertés. Quatre libertés fondamentales sont énoncées dans le préambule de la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, nous dit-il : la liberté d’expression, la liberté de croyance, la liberté de vivre à l’abri de la peur et la liberté de vivre à l’abri du besoin. Cependant, il explique que la liberté d’expression est à l’origine de toutes les autres libertés, et la liberté des médias est un élément essentiel de cette liberté fondamentale.
« A l’occasion de ce 30ème anniversaire, et alors que nous nous aventurons dans la dernière décennie pour la réalisation des objectifs de développement durable de l’agenda 2030, cette journée mondiale de la liberté de la presse est l’occasion de souligner le rôle de la liberté d’expression et de la liberté des médias en tant que catalyseurs de tous les autres droits de l’homme, et de souligner la nature indivisible, interdépendante et intimement liée de tous les droits de l’homme », affirme-t-il.
Il ajoutera que sans la libre circulation de l’information et l’aide des médias dans cet effort, la plupart des cas de mauvaise pratique, de corruption et de violation des droits de l’homme resteraient cachés. Cette liberté est indispensable à la lutte contre toutes les formes de discrimination, à la construction d’espaces civiques diversifiés et inclusifs, et au maintien de démocraties résilientes.
Parlant de la liberté politique, notre conférencier dira aussi que « la liberté d’expression est l’une des premières libertés politiques » et elle fait partie des libertés fondamentales de toute personne. Sans liberté d’expression, il ne peut donc pas y avoir de démocratie. « En effet, la liberté du débat permet aux citoyens de se forger une opinion sur les partis qui se présentent aux élection, de prendre des décisions en toute connaissance de cause et d’exercer plus efficacement leurs devoirs de citoyen. Elle leur permet également de faire connaître aux autorités ce qu’ils pensent et celles-ci peuvent alors répondre à leurs préoccupations. Elle est indispensable à la stabilité et à la flexibilité de la société. Les médias sont le principal support de tous ces échanges et leur expression », martela-t-il. Ainsi la liberté d’expression va de pair avec la liberté de la presse, la liberté d’association, la liberté de réunion, la liberté de manifestation.
Il prend l’exemple du Mali, qui selon lui, est l’un des pays où la liberté d’expression est une réalité. Pour preuve dira-t-il, au Mali les médias et leurs organisations professionnelles ont toujours été au fronton du combat pour la liberté de presse et par ricochet la liberté d’expression et tous les autres droits humains. Récemment la démarche des acteurs de la presse à travers leur structure faîtière, la maison de la presse a consisté à faire des propositions concrètes relativement à l’avant-projet de constitution. Tel est aussi une preuve de l’implication des médias et de l’importance cruciale de la liberté de la presse dans la défense des droits de l’homme.
Pour conclure, M. Cissé revient sur la consolidation et le renforcement du combat des acteurs des médias à travers leur faitière. Il s’agit de l’adoption des textes qu’elle propose avec la Hac et le ministère en charge de la Communication notamment la loi portant régime de presse et de délit de presse, la loi sur l’accès à l’information, les décrets afférents à l’aide à la presse, la presse en ligne et la carte d’identité du journaliste et la loi portant relecture des textes de la régulation (Hac) et de l’audiovisuel.
Zeïnabou Fofana
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MICRO TROTTOIR
Ce qu’ils pensent de la presse malienne
A l’occasion de la Journée internationale de la liberté presse, nous avons donné l’opportunité à des citoyens de se prononcer sur la presse malienne.
Fatoumata Cissé, doctorante en GRH, maitrisard en droit et sociologie :
“Les médias de nos jours véhiculent une image très peu glorieuse malheureusement de tout ce qui est information. Je m’explique, il est devenu compliqué de démêler les vraies informations des fausses tant certains journalistes de nos jours sont paresseux. Ils peinent à fournir de l’effort minime quant à la vérification de leurs sources, donnant lieu à une scène médiatique qui pullulent de fakes news. Je pourrais prendre comme exemple, l’ORTM qui a fait la pub d’Open AI qui, au final s’est avéré, une chaine d’escroquerie. Par ailleurs, il y a également des gens qui se disent journalistes. Du jour au lendemain, sans aucune formation, aucune expérience en se jetant à corps perdu dans cet exercice. On se retrouve ainsi avec des journalistes créateurs de buzz car invitant deux personnes ayant des différends et poser des questions qui fâchent. Afin qu’eux (journalistes soient connus) je prends comme exemple Ouverture Média avec Thierno Ndiaye”.
Djakaridja Coulibaly, enseignant :
“Je trouve que les hommes de médias sont trop conformistes. Eux qui doivent lutter pour leurs droits, sont les plus exploités dans la société. On reconnait qu’ils ne sont pas bien payés et ne dépendent que de per diem. Des hommes qui sont mal payés, comment pourront-ils faire un plaidoyer pour une nation ? Ils doivent être mis dans les conditions, afin qu’ils puissent exercer leur métier convenablement”.
Oumar Diarra, boutiquier :
“Certains journalistes sont malhonnêtes, aujourd’hui certains hommes de medias acceptent de l’argent de la part des personnalités en vue de faire leur promotion et défendre leurs intérêts. On a arrêté de les écouter”.
Sékou Berthé, couturier :
“De nos jours, avec l’avènement des réseaux sociaux, les jeunes ne s’intéressent plus à la presse, ils s’informent grâce aux réseaux sociaux (Tiktok, Facebook, WhatsApp). Surtout concernant la presse écrite, les jeunes ont la paresse de lire les journaux écrits”.
Mamadou Diallo, enseignant du supérieur :
“De nos jours, en regardant la presse, on voit que beaucoup sont devenus journalistes sans passer par une école de journalisme, ils ont besoin d’une formation de la part des expérimentés. Ce que nous lisons, on sent vraiment que les informations ne sont pas recueillies avec professionnalisme”.
Fatoumata Konta, ménagère :
“Vraiment, les enlèvements des hommes de médias sont un frein à l’évolution et à l’exercice de ce métier, de nos jours car les journalistes exercent ce métier en ayant la peur au ventre”.
Propos recueillis par
Allaye Cissé
(Stagiaire)