A la faveur du lancement du Syndicat des journalistes reporters du Mali (Syjor) qui a eu lieu à la Maison de la presse sous l’égide du Conseiller technique du ministère de la Communication, Alassane Souleymane, le Secrétaire général dudit syndicat, Baye Coulibaly, nous a accordé une interview dans laquelle il décline ses réelles motivations. Lisez !
Notre Printemps : Qu’est-ce qui vous a amené à créer ce Syndicat ?
Baye Coulibaly : Vous savez, toute corporation a le droit de défendre ses intérêts. Et vous savez aussi qu’aujourd’hui, les journalistes reporters rencontrent énormément de problèmes sur le terrain non seulement dans l’exercice de leur métier, mais également dans le cadre de leurs conditions de vie. De nos jours, nous avons beaucoup de confrères qui travaillent dans les journaux et dans les radios, mais qui n’ont pas la formation requise. Et ceux qui ont la formation requise, n’ont pas suffisamment de moyens. Autrement dit, ils ne sont pas payés ; ils n’ont pas le minimum de salaire requis pour faire correctement leur travail. Ce qui fait que beaucoup de journalistes travaillent dans le volontariat. Or, nous savons que la presse est un élément très sensible, car quand on parle de démocratie, de paix et de sécurité, on parle de la presse. Donc, les journalistes doivent être indépendants, mais aussi professionnels. Ces aspects ne peuvent pas aller sans que leurs conditions de vie et de travail ne soient améliorées. C’est pourquoi, nous voulons aujourd’hui défendre les intérêts matériels et moraux des journalistes maliens ; qu’on fasse en sorte que désormais les conditions de vie des journalistes soient prises en compte dans toutes les décisions.
Avez-vous les moyens de votre politique ?
Les moyens de notre politique, nous les avons. Parce que ces moyens, c’est d’abord les ressources humaines. Cela est extrêmement important. Et la seule chose sur laquelle on se base, ce sont les ressources humaines. Nous pensons qu’avec les hommes et les femmes que nous avons, nous nous battrons pour atteindre nos objectifs.
D’aucuns disent que vous avez créé ce Syndicat en parallélisme direct avec l’Organisation des jeunes reporters du Mali (Ojrm). Qu’en dites-vous ?
Vous savez, l’Ojrm est une organisation comme toute autre. Nous, nous sommes un Syndicat national. L’Ojrm est une organisation qui regroupe une corporation, mais nous, nous sommes, je le répète, un Syndicat national. Donc, l’Ojrm fait partie en quelque sorte de notre Syndicat, parce que nous avons parmi nous les gens de l’Ojrm. Donc, nous ne sommes pas dos à dos avec l’Ojrm. Si l’Ojrm veut bien, nous allons travailler avec elle.
Êtes-vous implanté sur toute l’étendue du territoire national ?
Nous avons les journalistes de Gao, de Koulikoro… Dans toutes les régions, nous avons des journalistes et après ce lancement, nous allons mettre des points focaux dans toutes ces régions pour défendre désormais la cause des journalistes reporters. On a beaucoup de réseaux et d’associations de reporters. Mais, cela ne fait pas aujourd’hui notre affaire. Notre affaire, c’est de nous regrouper au sein d’une organisation syndicale pour défendre nos intérêts. Parce que dans ces réseaux et associations, vous trouverez que c’est deux ou trois personnes qui travaillent et après, l’organisation disparaît. Mais, un Syndicat comme le nôtre, c’est fait pour toute une éternité. Moi, je suis journaliste aujourd’hui et je dirige ce Syndicat, mais demain, je peux ne pas être journaliste. Mais, le Syndicat va continuer à défendre les intérêts des journalistes reporters.
N’allez-vous pas décevoir les journalistes reporters comme, selon certains, l’a fait l’Ojrm ?
Je pense que les journalistes doivent compter sur eux-mêmes d’abord. Je veux qu’on fasse la lutte ensemble. Baye n’a pas une baguette magique. Si on doit faire quelque chose, on va le faire ensemble, même avec tous les journalistes du monde.
Un message ?
Mon souhait est que tous les journalistes se retrouvent au sein de cette organisation syndicale et que nous nous disions que la division ne sert à rien. Nous devons nous dire que nous avons des comptes à rendre aux générations futures. Si nous laissons cette profession tomber dans la misère et dans la galère et être discréditée par qui le veut et quand il le veut, nous aurons des comptes à rendre aux générations futures.
Propos recueillis par E. BRUNO