Franchement les journalistes doivent choisir leur métier. Certains pourraient nous en vouloir d’utiliser volontairement et indifféremment « métier » et « profession », compte tenu de l’aspect artistique d’un article. Pour avoir mal choisi le leur, il s’en trouve toujours parmi nous, qui ne manquerait aucune occasion pour dénigrer ceux-là qui ont choisi de jouer pleinement leur rôle de journaliste.
Sinon comment oserait-on dire sur sa page facebook, qu’un confrère, de surcroit un ainé, qu’il a « déconné », pour avoir livré une information. Ce confrère qui s’érige en gendarme de la presse doit savoir qu’il a un contrat social vis-à-vis de ses lecteurs, et qu’il porte le flambeau du ‘’devoir d’informer’’ sur la gestion des affaires publiques, dès lors qu’il l’a vérifiée.
Le péché du journaliste incriminé par son confrère mal inspiré, est d’avoir écrit dans son journal (La Sentinelle du 10 Octobre 2014), que « Les militaires maliens en poste à Ménaka ne sont pas contents. Ils l’ont fait savoir, courant semaine dernière à la hiérarchie sur place ». Selon la ‘’Sentinelle’’, il ne s’agit nullement de revendications catégorielles ou syndicales, mais de questions de survie. « Ils déplorent juste une négligence coupable de l’Etat-major central. Il nous revient en effet, que leurs engins lourds, sont pour la plupart défectueux et ils sont durement confrontés à des pénuries de carburants et de vivres. Les munitions sont limitées et l’approvisionnement n’est pas régulier. Bien entendu, pas question, pour ces hommes, d’abandonner leurs postes. Ils sont décidés à se battre jusqu’à la fin. Mais encore faudra-t-il avoir les moyens de se battre ? Le constat s’avère tout simplement amer au regard des scandales financiers qui n’en finissent pas et dans lesquels est cité le ministère de la défense », a écrit ‘’La Sentinelle’’ du 10 Octobre 2014. Le confrère gendarme de la presse ne dit pas que l’information est fausse, au lieu d’en vouloir à l’Etat (donc aux autorités politiques et militaires) de jeter les vaillants soldats en pâture sans équipement de défense, il s’en prend à son confrère qu’il traite de tous les noms d’oiseau. N’étant pas satisfait de cela, il se permet d’entrer dans la vie privée du journaliste, qui a d’ailleurs le loisir de porter plainte. Le journaliste gendarme y est allé très loin sur sa page facebook en écrivant : « Une information de cette nature doit être au secret. Quand on te file ces genres d’info, dis à la source, que la publier lui menacerait de mort. Car, l’ennemi peut profiter pour attaquer. Si l’on parle secret de défense ou militaire, c’est à cause de cela. Mais, tu m’étonne. Toi, qui es marié à une policière, tu es sensé savoir faire la différence entre une information qui met en danger la vie de ta femme et celle qui la sert en tant qu’agent de renseignement… ». De quoi je me mêle ? A chacun sa profession ! Si le journaliste gendarme cherche un poste de conseiller à la Défense, qu’il y aille sans vilipender et livrer à la vindicte, les journalistes qui font leur boulot ! Le journaliste gendarme est-il fonctionnaire ? Mais comment étant fonctionnaire (si c’est le cas) a-t-il pu créer le journal privé qu’il a? S’il est fonctionnaire, comment son supérieur hiérarchique apprécie-t-il le fait qu’il est propriétaire d’une entreprise de presse? On est journaliste ou on ne l’est pas. Stop aux brebis galeuses. Vous êtes sans doute d’avis que notre outil de Défense mérite une meilleure gestion ? Comment y contribuer en tant que journaliste ? Aller faire le rat dans les bureaux d’un ministère ? Ce journaliste de La Sentinelle a préféré être journaliste et il a joué son rôle d’informer.
Pourquoi ne donnerait-on pas l’information sur la situation de nos vaillants soldats ? D’ailleurs l’article dit : « Bien entendu, pas question, pour ces hommes, d’abandonner leurs postes. Ils sont décidés à se battre jusqu’à la fin ». Que veut notre journaliste gendarme ? Il doit savoir que ceux qui sont au front ne sont pas tombés du ciel, ils sont des fils comme vous, et méritent tout de la patrie. Que n’a-t-il pas dit le Procureur général, après une visite au front sous la transition ? Il a dit la réalité des choses et a plaidé pour un meilleur approvisionnement des militaires au front… Le journaliste gendarme pense-t-il que le procureur mérite de la liberté d’expression mieux que le professionnel de la presse ?
Le journaliste gendarme veut-il ressembler au Premier ministre Mara qui affirme après sa scandaleuse visite de Kidal du 17 mai, que notre armée était assez outillée et prête à prendre Kidal. On connait le deuil qui a suivi, avec son cortège de veuves et d’orphelins. Quand ce même Mara, affirme aujourd’hui que « les soldats … n’ont même pas une kalachnikov…..A quoi bon? Au premier accrochage, ils détalent. », c’est le comble du ridicule.
Le journaliste gendarme voudrait-il cautionner le comble du marasme ?
Kèlètè Faso ko’do.