Arrestation du Journaliste SOD : Pourquoi le Procureur a tort

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           Pour régler un contentieux qui n”a que trop duré, Monsieur le Procureur Somé Théra a cru bon d”ignorer la loi sinon de bafouer le droit pour arrêter notre confrère Seydina Oumar Diarra dit SOD. Dans le feu de l”action, toute initiative de ce genre serait perçue par le pouvoir comme un soutien aveugle au journaliste voire une complicité. Nous avons attendu le jugement et la libération de nos confrères, pour nous adresser à des oreilles plus attentives.

Pour dire nos vérités au Procureur Théra et au Président de la République Amadou Toumani Touré. Car à qui que l”on soit au Mali, nous nous adresserons avec humilité et respect, pour dire nos vérités. Ainsi va la vie au Mali, ainsi va la puissance de la presse que nul ne saurait brimer. A nos confrères, bien sûr nous dirons ici nos vérités qu”ils savent déjà et qui leur ont été dites en plusieurs occasions.rn

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            Nous disons que le Procureur a tort d”attaquer un journaliste sur le terrain du droit commun car en le faisant, il n”a pas de preuve contre l”intéressé. La loi sur la presse existe bel et bien au Mali. Dès lors qu”il y a cette dérogation, elle prime sur la loi générale. Prendre une loi spéciale a l”avantage de consacrer et de mettre en avant les critères objectifs et subjectifs qui concourent à la protection d”une profession pour le bonheur du peuple. Ce peuple qui est venu de loin depuis le 26 mars 1991, et dont le bonheur passe désormais par une presse libre placée au-dessus des incantations de Palais et des ordonnances partisanes de charlatans politiques.

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            Pour rappel, la loi spéciale sur la presse n”est pas une invention des journalistes. Elle est le fruit d”un débat contradictoire au cours du forum politique qui a réuni l”ensemble de la classe politique malienne et la société civile. Magistrats, avocats, journalistes, défenseurs des droits de l”homme, associations de toutes sortes ont participé à ce débat. Nous citerons entre autres le Président du Syndicat autonome de la magistrature à l”époque Hamèye Founé Mahalmadane Touré, les anciens Bâtonniers Me Magatte Seye et Me Kassim Tapo, Me Hamidou Diabaté… Le gouvernement a nettoyé cette loi, l”Assemblée Nationale l”a votée, le Président de la République l”a promulguée. Pourquoi donc ne pas l”appliquer ?

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            Pour revenir à l”objet d”incarcération de notre confrère Seydina Oumar Diarra, c”est suite à un article de presse qu”il a été interpellé. Il n”a pas volé, il n”a pas cassé, il a écrit. Dès lors il est indéniable que c”est seulement la loi sur la presse qui s”applique, car l”accusation ne peut porter que sur l”écrit. En tout cas, l”idée n”effleurera jamais le Procureur d”arrêter un militaire parce qu”il a tué sur un champ de bataille. Ce militaire ne connaît pas la loi qui consiste à épargner toute vie humaine, il est soumis à une loi spéciale sans laquelle il ne saurait défendre le peuple. C”est tout comme la loi sur la presse. Sans elle, il n”y a pas de journalisme. Aussi, la liberté de la presse, c”est tout comme la liberté syndicale, sans elle, il n”y a pas de travailleurs mais des esclaves.

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            Ceci dit, il est à rappeler aux journalistes que chaque fois qu”il s”agira d”une procédure de la sorte, les confrères sont en droit de protester et si possible de trouver des astuces pour ne pas répondre à la convocation. Déjà entre les mains de la force publique, il est difficile de s”en sortir.

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            A nos confrères, nous disons également que la vie privée des gens est sacrée, ici et partout ailleurs. Ce ne sont pas les méthodes dubitatives qui pourraient servir d”échappatoires. Quand vous publiez des écrits injurieux sous l”anonymat comme ATT-cratie (un tract), ou quand vous signez un article attentatoire à l”honneur d”une catégorie de personnes même sans précision, vous ne faites pas du journalisme et vous vous exposez en conséquence. Tout individu concerné est en droit de porter plainte contre ce manquement à son honneur. Le fait de croire que l”homme public n”a pas de vie privée est archi-faux. Selon la loi, il faut que la vie privée interfère avec la vie publique pour que la presse puisse être en droit de faire des dénonciations. Alors, ceci est une reconnaissance de la vie privée pour tous par la loi, et une invitation à trouver la limite entre la vie privée et la vie publique.

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            C”est vrai que des cas de vie privée portant notamment sur la sexualité ont été exposés dans la presse par exemple aux Etats-Unis. Dans le cas d”espèce, ce n”est pas la presse qui engage ces dénonciations. C”est la victime qui a toujours porté plainte contre le Président, occasionnant ainsi la production d”articles de presse sur la question avec photo et déclarations de la plaignante. On ne fabrique rien, on ne déforme rien, on n’insinue rien.

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            Pour le cas du Mali, lorsque des journalistes, une année durant, se mettent à cumuler des préjugés contre eux à travers entre autres le pamphlet «ATT-cratie» dont on sait à qui cela profite, et lorsqu”il s”en suit la publication d”un article indigne de tout enseignement et de tout enseignant, avec de surcroît la possibilité d”indigner le Président de la République, alors trop c”est trop.

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            Dans tout ça, c”est le Procureur qui a été le plus maladroit, en ignorant la loi sur la presse pour attaquer le journaliste. Plus jamais cela ! Nous tenions à le dire.

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Mamadou DABO

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