Le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, ChoguelMaiga, est connu pour sa rigueur. Orange-Mali et Mali en savent quelque chose pour avoir souvent essuyé les foudres de l’homme, alors Régulateur des télécommunications. A présent, ce sont les radios pirates qui se retrouvent dans le collimateur de Maiga.
Un promoteur fort têtu
Tout commence quand l’ASECNA, l’agence panafricaine chargée du contrôle de l’aviation civile, alerte le ministère malien de la Communication: une radio privée inconnue est en train d’émettre sur les fréquences de la tour de contrôle de l’aéroport de Bamako-Senou; il pourrait en résulter une catastrophe aérienne car c’est cette tour qui dirige le trafic des nombreux avions qui foulent le sol malien. Nouvellement nommé ministre, ChoguelMaiga saisit aussitôt son ancien service, l’Autorité Malienne de Régulation des Télécommunications (AMRTP), qui vient justement d’acquérir, à quelque 2,5 milliards de FCFA, un appareil ultramoderne de contrôle et de suivi des fréquences téléphoniques et audio-visuelles.
L’AMRTP lève illico presto une équipe de techniciens qui sillonne Bamako, à la recherche de la radio qui brouille les ondes de la tour de contrôle de l’aéroport. Les agents enquêteurs, à bord d’un engin roulant bardé d’antennes, finissent par débusquer des équipements de radio installés dans des locaux discrets situés à KalabanCoura, à proximité de l’aéroport. Ils interpellent le promoteur de la radio et désinstallent les équipements pirates.
Quelques jours plus tard, l’intrépide promoteur installe de nouveaux équipements (de réserve, sans doute) un peu plus loin et continue d’émettre au nez et à la barbe des autorités.
Alors, le ministre use de la force. Un contingent de policiers du Groupement Mobile de Sécurité fait une descente musclée sur les lieux, confisque le matériel radiophonique et annonce au promoteur récalcitrant des poursuites judiciaires au cas où il persisterait à émettre illégalement. Depuis ces incidents, ChoguelMaiga a engagé une étude tendant à dresser la liste des fréquences radiophoniques disponibles et à assainir le secteur.
Un secteur anarchique
Un expert de l’AMRTP nous confie: “La loi exige une autorisation préalable, mais la plupart des radios commencent à émettre avant d’y être autorisées: ce n’est qu’ultérieurement qu’elles se font régulariser. Cette mauvaise habitude date de 1990 où, dans la foulée de la révolution du 26 mars, les radios Bamakan et Kayira ont entamé des émissions avant toute autorisation.”. Notre interlocuteur nous apprend que le pays compte à ce jour environ 700 radios, dont 400 émettent, les autres non. “Certains promoteurs acquièrent des licences qu’ils louent ou revendent alors qu’elles sont légalement incessibles; d’autres n’émettent pas alors qu’ils conservent les fréquences: or, la loi prévoit le retrait de la fréquence, propriété de l’Etat, si elle n’est pas utilisée dans un délai de trois mois. D’autres promoteurs, enfin, émettent illégalement sur des fréquences affectées à autrui, ce qui brouille celles-ci, à l’exemple de ce qui est arrivé à la tour de contrôle de l’aéroport de Sénou”.
ChoguelMaiga est, en tout cas, bien décidé à circonscrire l’anarchie ambiante. Il a reçu, le 21 février, les promoteurs de radios et attend, début mars, un rapport d’audit du secteur des radios. Une fois ce rapport en main, il décidera si des fréquences doivent être retirées et réattibuées à des demandeurs qui restent dans l’attente depuis des années. Le ministère entend aussi reconstituer une réserve de fréquences au profit de l’Etat.
Tiékorobani