Ambassade d’Egypte – UNAJOM : Un partenariat fécond !

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La série de stages de formation initiée par le Centre du Caire pour la résolution des conflits et le Maintien de la paix en Afrique (CCCPA) à laquelle sont en train de prendre part quatre confrères maliens est le fruit d’un partenariat fécond entre l’Ambassade d’Egypte et l’Union Nationale des Journalistes du Mali (UNAJOM). La série de stages se déroule en quatre phases. La première phase a lieu du 17 au 21 août ; la deuxième phase en cours, se déroule du 24 au 28 août ; la troisième phase est prévue du 31 août au 4 septembre et la dernière phase se déroulera du 7 au 11 septembre 2014.

 

 

Accords de paix,  analyse et réflexion (suite et fin) : Il faut agir pour un traitement social et politique de la rébellion

Il est de notre devoir à tous de trouver des solutions aux causes réelles de l’instabilité de notre pays afin d’arrêter le cycle des tragédies humaines dans la région. De ces causes, il découle naturellement les solutions suivantes :

1. Poursuivre les criminels de guerre

 

La paix va de pair avec la justice. La stabilisation de la région requiert que la justice tant nationale qu’internationale lutte contre l’impunité de tous les criminels et traite tous les suspects de crimes de guerre et contre l’humanité de la même façon sans distinction. Toutes les victimes ont droit à la justice et la victoire militaire ne disculpe pas les criminels de guerre. La stabilité de la région exige que tous les suspects de crimes de guerre soient jugés et condamnés s’ils sont reconnus coupables.

La lutte contre l’impunité est une nécessité si l’on veut réconcilier les peuples, éviter que les populations se rendent justice et endiguer le phénomène des rébellions qui déstabilisent toute la région. Le problème est qu’une justice équitable et impartiale ne peut exister que dans un vrai système démocratique. Ce n’est d’ailleurs que dans ce contexte qu’une Commission Vérité et Réconciliation peut être organisée pour établir les responsabilités des uns et des autres dans les drames qui ont frappé le pays et décider des sanctions ou autres mesures alternatives à prendre contre ceux qui ont commis des crimes de guerre ou contre l’humanité avec comme ultime objectif de réconcilier le peuple Malien et de mettre fin aux rebellions et représailles périodiques.

 

2. Promouvoir la démocratie et des forces armées et de sécurité républicaines

 

Le combat démocratique est la seule méthode de lutte pour le pouvoir ou le développement des communautés, qui respecte la souveraineté des peuples, crée des institutions où chacun peut défendre ses droits, restreint les discriminations et contraint les responsables politiques à développer le pays en fonction de l’intérêt général car leurs actions sont soumises à la critique de la presse, contrôlées par le parlement et sanctionnées par le peuple.

Nous soutenons toujours que l’un des problèmes épineux qui se posent à notre démocratie naissante est celui de la menace constante d’explosion sociale liée à l’urgence des exigences sociétales qui ont été ignorées depuis des années, en raison de l’inadéquation des structures de commandement politique et économique. De ce fait, des réformes radicales s’imposent d’autant plus que ces structures sont la source de graves tensions et conflits qui peuvent anéantir toutes tentatives d’instauration d’institutions véritablement démocratiques. Le Mali ne peut plus continuer à se contenter de voguer au gré des crises.Il est temps de proposer un modèle de démocratie qui prend en compte la requalification des principes qui sous-tendent l’interactivité du citoyen et de l’Etat. Il s’agit de redéfinir un nouveau contrat social au moyen des mécanismes de dialogue franc et permanent avec la population malienne dans le sens d’intégrer ses besoins réels dans les programmes politiques et économiques appropriés et de les exécuter concrètement en faveur de cette même population.

Nous devons accepter que la consolidation de la nation ne puisse se faire qu’à travers des politiques de gouvernance adaptées et des institutions qui représentent réellement les aspirations du peuple. La nation elle-même ne peut que se reposer sur un État de droit et une justice sociale. Quand l’État de droit est menacé, son seul recours devient les forces armées et de sécurité. Alors, nous devons tout faire pour promouvoir des forces armées et de sécurité républicaines.

Le maintien de la paix au nord se fera grâce à des projets de développement adaptés et une armée professionnelle et disciplinée. Il faut une mise à niveau et une formation continue des forces de sécurité. Pour rester en phase avec un monde et une société qui évoluent rapidement et lutter contre la criminalité et l’insécurité, les forces de sécurité doivent adapter sans cesse leur organisation. Elles doivent mettre en œuvre des méthodes et des moyens de plus en plus performants. Leur efficacité doit reposer sur la valeur de leurs personnels dont l’engagement doit être de servir et protéger la population civile. Aussi, il est important que les forces armées et de sécurité fassent partie intégrante d’un Etat démocratique. En d’autres termes, l’armée et les forces de sécurité  sont appelées à respecter, dans l’accomplissement de leurs missions, les valeurs républicaines définies dans la loi fondamentale du pays. L’intégration des forces armées et de sécurité dans une société démocratique est nécessaire afin de faire de ces forces elles-mêmes de vraies institutions démocratiques.

 

3. Insister sur le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale

 

La communauté internationale doit rester sur sa position concernant la souveraineté du Mali. En effet, les membres du Conseil de sécurité ont toujours réaffirmé la nécessité de respecter la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale du Mali, et ils rejettent toutes déclarations allant dans un sens contraire de façon catégorique. Les gouvernants Maliens doivent exiger la même position lors des négociations avec les groupes rebelles dans la recherche des moyens de rétablir la paix et la stabilité au Mali.

 

4. Agir pour un traitement social et politique du problème de rébellion

 

Une solution politique est toujours préférable aux problèmes de société. La négociation s’imposera quand les rebelles déposeront les armes et respecterons la souveraineté et l’intégrité territoriale du Mali.Le Mali doit alors être prêt à négocier avec les rebelles sur des bases et des propositions claires, solides et transparentes pour que la paix revienne une fois pour toute dans notre pays. Cependant, le Mali ne peut plus se donner le luxe d’acheter la paix comme dans le passé; de surcroit, une paix  de circonstance qui risque de transformer une fois de plus les régions du nord du pays en un espace de libre activité pour le banditisme, le féodalisme, l’extrémisme, et le terrorisme. Le Mali doit rejeter toute négociation avec l’opposition armée si celle-ci ne fait des propositions concrètes et sérieuses qui vont dans le sens de l’unité.

 

Les régions du nord représentent une partie du patrimoine du Mali légué par le Ouagadou, le Mandé et le Songhaï. L’appartenance de ces régions au Mali est un fait de droit interne du fait du principe de l’intégrité territoriale de notre pays. L’harmonie sociétale au Mali est millénaire et tout à fait unique en Afrique et peut être dans le monde. Tout en priorisant la démocratie et l’harmonie sociétale, le Mali doit continuer à prévoir des mécanismes d’équilibre entre les communautés. Compte tenu de notre diversité culturelle et ethnique, nous devons faire de la démocratie de base une réalité et la décentralisation doit être le catalyseur de l’ancrage de cette démocratie. Assurément, nous devons faire de la décentralisation un outil de renforcement de l’unité nationale par la reconnaissance et la gestion appropriée des particularismes locaux en créant l’opportunité d’une meilleure participation des citoyens au processus démocratique. Cette démocratisation doit induire la libre administration des collectivités locales qui impliquera la désignation des organes de gestion des collectivités locales. En effet, les fondements de la culture locale n’ont jamais portés préjudice à l’unité nationale et à l’intégrité territoriale sous le Ghana, le Mandé, ou encore le Songhaï. C’est pourquoi, nous croyons fermement qu’une décentralisation culturelle serait nécessaire pour sauvegarder l’unité et l’intégrité du territoire national. Les reformes politiques et administratives demeurent les seules voies pour sortir de l’impasse où nous nous trouvons. Aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin d’un système administratif qui respecte la diversité et les particularités de nos territoires pour consolider d’avantage notre nation.

 

5. Œuvrer ensemble pour un avenir durable

 

La dynamique unitaire doit constituer incontestablement notre cheval de bataille en vue d’aboutir à une prise de conscience car sans une vraie unité, il ne peut y avoir ni de victoire sur les forces du mal, ni d’une vraie alternance politique tant voulue et attendue par le peuple Malien. Cependant, pour mériter la confiance de l’ensemble du peuple Malien nous devons prendre en considération ses attentes pour un changement en profondeur.

Aujourd’hui, il est tout à fait clair que l’un des grands obstacles auxquels font face ceux qui mènent la lutte pour la libération totale de notre pays est l’absence d’unité, et la principale raison pour ce manque d’unité n’est pas les différences dans les objectifs officiels prononcés, mais plutôt dans les objectifs immédiats liés aux agendas officieux des uns et des autres. Nous devons avoir la grandeur d’esprit de se conformer aux espoirs de l’ensemble de notre peuple. Nous ne pouvions y parvenir qu’en conjuguant nos efforts dans un esprit patriotique d’unité et de la concorde nationale, et montrer à l’opinion nationale et internationale que les maliens sont capables de s’entendre dans l’intérêt suprême de leur nation.

Nous avons l’obligation morale et le devoir patriotique d’élaborer une stratégie commune basée sur des objectifs réellement nationaux prenant en considération les espoirs de l’ensemble de notre peuple qui sont: une paix réelle et définitive, une vraie démocratie, une justice égale pour tous, un développement économique, un progrès sociale et surtout des dirigeants intègres et dignes de confiance.

Notre pays se trouve aujourd’hui à un tournant décisif de son histoire. Nous avons tous le devoir et la responsabilité d’en tenir compte et de faire en sorte  que le Mali soit épargné des abîmes que d’autres pays ont connus. En ces moments critiques, les actions que nous entreprendrons seront déterminantes pour l’avenir de notre nation. Nos actions  doivent s’inscrire dans le cadre de ce devoir de responsabilité face à notre devenir collectif. Les moments difficiles que nous vivons doivent servir à sceller une union spirituelle entre l’ensemble des forces vives de la nation, pour que s’exprime clairement notre engagement collectif et historique en faveur d’un nouveau départ pour notre patrie.

Que Dieu nous assiste et qu’Il bénisse notre Nation !

Cheick Boucadry Traoré président de CARE

 

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