Bamako-Hebdo : Qui est Bradox ?
Amadou Diarra dit Bradox : Bonjour tout d”abord à vos lecteurs. Mention spéciale à Bamako-Hebdo, qui occupe une place très importante dans le paysage médiatique malien. Je m”appelle Amadou Diarra, plus connu sur le surnom de Bradox. Je suis dans l”animation depuis plus d”une décennie. Je suis aussi journaliste par moments, quand l”occasion se présente. Je suis au service du public malien, surtout de la jeunesse.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel ?
J”ai mené des études comme tout le monde. J”ai commencé ma spécialisation en économie depuis le lycée technique de Bamako. Après, j”ai continué à l”Ecole Nationale d”Administration (ENA) où je me suis arrêté en deuxième année. Ma passion pour l”animation m”est venue alors que j”étais en 11ème année au lycée.
Je suis issu d”une grande famille de Bamako-Coura, contiguë à la station FM Tabalé, sur la rue de Dakar. D”ailleurs, le propriétaire de cette radio est un cousin à moi. Il m”arrivait par moment, surtout le week-end, d”assister à une émission phare consacrée à la jeunesse qui s”appelait Rap Link et était animée par un jeune du nom de Joski. J”ai commencé avec lui. J”étais en un mot son assistant, puisqu”on co-animait l”émission. C”est lui, en quelque sorte, qui a mis ma main à la pâte. Finalement, il s”est vu dans l”obligation de quitter la radio pour des raisons personnelles. Le directeur de la station a décidé de me confier les rênes de l”émission. Etant nouveau dans ce métier, j”ai dû faire beaucoup d”efforts pour arriver à satisfaire mon premier public. C”était en 94 -95. Comme tout bon animateur, j”écoutais toutes les stations FM de Bamako afin de me faire une idée sur ce que faisient les autres. C”est ainsi que j”ai constaté que la Chaîne II n”avait pas de programme exclusivement Rap.
Je me suis déplacé pour rencontrer les chefs de division de la chaîne pour leur proposer un projet d”émission spéciale sur le Rap. Ils ont trouvé l”idée superbe et ils ont accepté. J”ai subi un test qui s”est avéré concluant. Par la suite, le chef de division de la Chaîne II à l”époque, Boubacar Touré dit Bobby m”a dit qu”on pouvait y aller pour de bon.
J”avais une tranche hebdomadaire tous les dimanches à partir de 16 heures. C”est de là que le déclic est venu, car la Chaîne II était de plus en plus écoutée et que j”amenais un nouveau style, une véritable révolution dans l”animation avec le Rap.
Je me suis amélioré au fil du temps. Vous savez, il y a beaucoup de gens qui apprennent ce métier sur le tas. Il ne s”agit pas de faire forcément ce que vous avez appris à l”école. Par exemple, moi je suis économiste et je me suis retrouvé sur des stations radios à faire de l”animation. Je me suis finalement intéressé à la télévision. A l”époque, l”émission "Samedi loisirs" était animée par Laurent Diakité. Je l”assistais souvent. C”est ainsi que je lui ai proposé un jour une rubrique de 13 minutes afin de dynamiser l”émission. Nous savions que le public était composé de toutes les couches et de toutes les tranches d”âges, notamment des jeunes. Ma rubrique était destinée aux jeunes afin qu”ils puissent s”y retrouver. Laurent Diakité m”a fait passer un test parce que la radio et la télévision ne sont pas les mêmes médias. Etre animateur radio ne veut pas forcement dire être un bon présentateur télé. Il fut concluant. Nous sommes donc partis sur la base de 13 à 15 minutes exclusivement consacrées au Rap.
J”ai animé cette émission à l”ORTM pendant quatre ans. Comme je nourrissais beaucoup d”ambition pour le journalisme, j”ai décidé d”aller me spécialiser dans ce domaine en France. On sait que le journalisme est un métier d”art. Je voulais avoir une référence en la matière. C”est ainsi que j”ai pris la décision d”aller en France en 2001. Auparavant, j”avais accompagné les Zions B à Paris pour un spectacle. Lorsque je suis revenu, j”ai cherché à obtenir les papiers nécessaires pour partir en tant qu”étudiant en journalisme, puis revenir exercer ce métier que j”aime tant dans mon pays. Après mon départ, l”ORTM a trouvé un autre animateur pour assurer la relève. L”émission continue toujours, ce qui est une grosse fierté pour moi. On sait que la base de la pyramide de cette émission Rap est de moi et le présentateur actuel a bien contribué à son épanouissement.
Cela n”a pas été facile en France parce que je n”avais pas d”argent. Il n”y avait personne pour financer mes études et j”ai dû travailler pour cela. Finalement, je suis retourné au Mali, après être resté en France pendant une année et demie. Peut-être qu”une occasion se présentera pour que je puisse suivre cette formation en journalisme un jour.
Ma réinsertion au niveau de l”ORTM n”a pas été facile. J”ai quand même pu animer quelques émissions radio, notamment sur la nationale et la Chaîne II. J”ai été sollicité quelquefois pour accompagner le présentateur de l”émission Maxi Jeunes. Je suis resté dans une situation très peu confortable. Entre temps, j”ai été sollicité par le PDG d”Africable qui m”a proposé de faire une émission de variété pour la jeunesse. Je m”y suis engagé.
Pourquoi cette émission a-t-elle disparu ?
Disons que la Chaîne Africable continue toujours. Malheureusement, j”ai arrêté pour le moment de produire des émissions. Cela est dû à une mésaventure que j”ai vécue. Je veux être très honnête avec mon public. Au début, l”émission s”est arrêtée pour des contraintes liées au fonctionnement d”une télé privée en Afrique, ce qui est très difficile car il n”y a pas de subventions.
Pouvez-vous nous relater votre mésaventure ?
Il y a certaines personnes dont je veux taire le nom qui ont voulu abuser de ma trop grande gentillesse. Elles ont abusé de ma crédulité, de ma naïveté pour me tendre un grand piège. Ces personnes sont toujours en cavale. Elles sont allées chercher des visas au Consulat de France, mais, lorsque l”affaire a pété, elles se sont cherchées. Je le répète une fois de plus. Ces gens ont abusé de ma trop grande gentillesse. J”ai été interpellé parce que ces gens n”ont pas été retrouvés. Je me suis investi personnellement avec quelques agents pour les rechercher. Malheureusement, ils se sont cachés.
Dieu merci, le public était là pour me soutenir. J”en garde la tête haute. J”ai compris le poids de ma responsabilité. J”ai le sentiment que les Maliens ont choisi de conserver l”image d”un jeune qui a peut être commis une bévue mais n”en demeure pas moins un type de valeur. J”ai reçu un tas de messages de soutien et beaucoup de témoignages de jeunes sollicitant mon retour prochain sur les ondes et la télévision.
Comme ce fut le cas lors du concert anniversaire de l”Association pour la Jeunesse du Mali (AJM) le 26 mars dernier au Stade Omnisports Modibo Kéïta. Je suis impliqué à 100% dans cette association qui milite pour le progrès de l”ensemble de la jeunesse malienne. Je suis en quelque sorte le conseil en communication de l”AJM.
Un point à souligner. Au cours de ma mésaventure, certaines autorités, à l”époque, ont tenté d”incriminer Africable, la Chaîne du Continent, de lui faire porter une partie de la responsabilité qui m”incombait entièrement et totalement. J”ai été très attristé de l”amalgame. Dieu merci, cette affaire s”est vite éclaircie, car, Africable a toujours été une Chaîne qui se veut défenderesse des valeurs positives africaines. C”est la vocation de cette Chaîne. Et certains avaient tenté d”utiliser ma faute pour salir cette grande chaîne. Je trouve cela très répugnant, car l”existence d”Africable devrait être une fierté pour tous. Je ne cesserai jamais de le répéter.
Combien avez-vous passé de jours en prison ?
J”ai passé quelques semaines en prison. Grâce aux soutiens et aux témoignages de beaucoup de jeunes, j”ai pu résister. Je profite de l”occasion pour adresser mes remerciements à la justice malienne.
Quels sont vos projets ?
Vous savez Africable est une chaîne qui a profondément évolué ces derniers mois. J”aspire aujourd”hui à de nouvelles émissions, des animations plus sérieuses, axées sur les préoccupations quotidiennes de nos concitoyens. Je ne dis pas que ce que je faisais n”était pas sérieux. Ma forme d”animation était jusque là destinée principalement aux jeunes. Là, on peut se permettre de faire beaucoup de taquineries, car toutes les formes d”expression sont permises. Ce qui est l”aspect distractif de l”animation. Je véhiculais au cours de mes animations des messages de sensibilisation et de conscientisation. J”ai toujours demandé à la jeunesse de rester forte.
J”ai l”ambition de créer un nouveau type de magazine radiophonique et télévisé qui aborderait, avec des mots très simples et compréhensibles, des sujets d”économie ou de science parce que, tout simplement, j”ai une connaissance dans ces domaines. Je souhaite vulgariser une partie de l”information jugée trop académique.
A quand le retour de Bradox à l”ORTM ?
Je m”attendais à ce que vous disez à quand mon retour sur Africable. Ma réponse, c”est bientôt le retour de Bradox sur les ondes. Je suis déjà en pourparlers avec quelques médias. Il m”a été proposé de faire des animations.
Je suis en train de prendre mon temps pour bien réfléchir, pour faire un très bon choix. Sinon, des propositions m”ont été faites.
Alou B HAIDARA
Bko Hebdo du 30 Mars 2007
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