Grand de taille, très sociable, de fière allure et toujours souriant se nomme Aliou Djim. Il est le directeur de la radio Benkan, appartenant à la Coopérative culturelle multimédia d”édition et de diffusion Jamana. C”est aussi un patriote qui souhaite que " le Mali gagne à tous les coups ".
Aliou Djim est un Diawando originaire du Fouta Toro. Ses ascendants sont arrivés à Nioro en suivant El Hadj Oumar Tall, l”homme qui a conquis et islamisé cette partie de notre pays. Après le cycle fondamental à l”école de la République à Bamako, il a été orienté au lycée Bouillagui Fadiga et ensuite à l”Ena (Ecole Nationale d”administration), section sciences juridiques. Par la suite, il a abandonné l”Ena au profil de l”EnSup (Ecole normale Supérieure) ; le Droit pour les lettres, histoire et géographie. Il sortira de l”EnSup avec une maîtrise. Un diplôme qui lui a servi d”enseigner le Français, l”histoire et la géographie, sa formation initiale, avant d”intégrer le groupe multimédia Jamana.
La radio pour Djim est une passion extraordinaire. C”est d”abord par amour pour Papus Daff (paix à son âme), son oncle, qui a été une grande vedette de la Radio Mali et de l”ORTM.
Etudiant, il avait déjà participé à des émissions radiophoniques. Quand il apprit que la radio Jamana de Koutiala faisait des recrutements, sans hésiter il a postulé. Après un test concluant, il a respectivement occupé les postes de responsable du programme, chef du personnel, directeur administratif et directeur adjoint, en même temps animateur de 1993 à début 1997.
La Radio lui a permis de se former progressivement au journalisme radio. Ce qui fait qu”il a un petit background en la matière avec car ayant reçu des formations un peu partout dans le monde : au Cesti de Dakar en Afrique, l”Europe, l”Asie et aux Etats-Unis d”Amérique.
Pendant 8 ans, Aliou Djim assurera la fonction de directeur de la radio Jamana de Mopti. En mars 2006, il a été muté à Bamako en qualité de directeur de la Radio Benkan.
"La gestion de la radio n”est pas facile. Nous quittons un système de gestion archaïque pour instaurer le système informatisé qui, présentement atteint 30 à 40 % de diffusion sur l”ordinateur. L”autre difficulté est surtout la gestion des 43 agents de la radio ", explique M. Djim, que son personnel juge " exigeant et rigoureux dans le travail ".
Affectueusement surnommé Bader par sa grand-mère comme diminutif de Badara Aliou, l”homme se plait beaucoup plus sous cette appellation. Agé de 40 ans juste l”homme est marié à Kadiatou Bâ agent FAFPA et attend impatiemment l”arrivée très prochaine de leur premier enfant.
Il vient d”un voyage aux Etats-Unis dans le cadre d”une formation des hommes de média spécifiquement dans le domaine de la diffusion de l”information sur le monde agricole, un programme nouveau initié par le Gouvernement américain en faveur des journalistes africains et le Mali.
Notre pays a été le premier bénéficiaire avec 14 journalistes " Ce que nous avons appris là-bas est tel que si les 14 bénéficiaires se mettaient à travailler dans le sens de la chose apprise, on pourrait aboutir à quelque chose de meilleure et pour le Mali et pour le métier " a laissé entendre le directeur de Benkan.
Parlant des réalités de la presse au Mali, Aliou Djim estime que " il faut d”abord se réjouir du fait que le Mali dispose d”un grand nombre d”organes de presse, nous avons environ 206 radios qui émettent à travers le territoire, pas moins de 70 journaux même si certains ont disparu. Cela explique que la presse est un support pour la démocratie ". Là, où il y a des problèmes, c”est que cette presse est relativement mal organisée et elle ne bénéficie pas de l”appui nécessaire pour lui permettre de faire vivre son homme.
La presse n”a que 200 millions de FCFA par an d”aide allouée par le budget national " ce qui est insignifiant, car pour que l”homme de presse puisse vivre de son travail, c”est d”abord et avant tout que nous puissions nous mettre dans une logique de convention collective, ce qui voudrait dire des efforts pour l”Etat. Cela passe par l”amélioration de l”aide, mais aussi des efforts par la presse elle-même pour l”amélioration de sa gestion interne. Il faut des critères de sélection, de recrutement qui répondent aux normes de travail. Je dis que les quelques erreurs que nous commettons sont tout simplement liées à notre situation financière ".
L”évènement qui a le plus marqué sa vie c”est surtout le contact avec le monde de la presse à Koutiala, c”est-à-dire prendre le micro à la place de la craie ", " cela a carrément changé ma vie peut être qu”enseignant, je n”aurai pas toutes ces relations humaines qui sont sacrées. Le journalisme a ramené ma vie à ce qu”elle avait été avant même que je ne devienne enseignant ".
Côté déception pour lui c”est chaque fois que le Mali perd " je suis pour un Mali qui gagne quel que soit le domaine, ce pays ne mérite pas l”échec, je me dis que ce pays est plein de valeur, plein de potentialité, plein de ressources et qu”honnêtement rien ne doit pouvoir nous échapper ".
Aliou Djim n”est pas et n”a jamais été militant ou sympathisant d”un parti politique. Si travailler et faire travailler les autres sans tenir compte de leur disponibilité est un défaut, Bader en a puisqu”il est un bourreau de travail. Il n”a pas d”heure de travail. Benkan ouvre à 7h pour fermer à minuit et il fait de son possible pour être présent car dit-il " il n”y a pas de succès sans labeur ".
Sa principale qualité est la recherche du meilleur, chaque fois qu”il travaille, il fait en sorte que le résultat soit le meilleur possible. Son rêve le plus ardent est de faire de la radio un outil incontournable dans le développement du pays.
Son plat préféré est la sauce de pâte d”arachide avec du riz. En dehors de la radio, il consacre son temps libre à sa petite famille. " On a besoin de la présence de l”un, et de l”autre pour arrondir la journée, histoire de préparer notre avenir ". Pour lui, pour faire carrière à la radio, il faut l”aimer. " On ne vient pas à la radio pour s”enrichir. Un journaliste doit d”abord aimer son travail en étant humble et très courageux ".
Fatoumata Mah THIAM DOUMBIA
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