Aichata Cheick Sylla : Un bourreau de travail

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Aichata Cheick Sylla est connue pour sa simplicité et sa bonne humeur. Toujours souriante, cette belle trentenaire très chaleureuse est la chargée de communication genre d”un projet de l”USAID, Trade Mali, affilié à Mali Finance.

Issue d”une grande famille soninké de Nioro du Sahel, Aïchata est fille d”un enseignant, feu Cheick Hamalla Sylla, décédé en août dernier à 61 ans et de Ramata Koumaré, une sage-femme actuellement à la retraite à Bamako. Etant fonctionnaire, M. Sylla était souvent muté un peu partout, ce qui a fait qu”Aichata a entamé son cycle primaire à San, dans la région de Ségou et l”a continué à Bamako pour ensuite retourner à Nioro du Sahel où elle a obtenu le bac, en Série Sciences Humaines à dix-sept ans. Un critère favorisant qui lui a valu d”obtenir une bourse d”études pour l”Algérie.

Aichata devait, au départ, être inscrite en relations internationales et diplomatie. Sur place, elle a trouvé que la section était arabisée et qu”il lui fallait d”abord faire deux ans de maîtrise de la langue pour ensuite poursuivre pendant quatre ans le cursus pour décrocher son diplôme. Comme elle ne voulait pas être obligée d”apprendre l”arabe et qu”elle avait été très marquée par son oncle, feu Papa Oumar Sylla, surnommé "Explosif " pour ses intimes, qui travaillait à Radio Mali, elle a donc décidé de faire du journalisme, filière malheureusement arabisée elle aussi. Elle optera finalement d”étudier les Lettres Françaises, et obtiendra une maîtrise dans cette matière. Aichata rentrera alors au bercail et sera directement embauchée par Radio Klédu, en janvier 1995.

Parallèlement, l”Office de Radio Diffusion Télévision du Mali (ORTM) la prendra comme téléspeakerine, poste qu”elle assurera pendant un an. Aichata Cheick a travaillé pour Radio Klédu en qualité de journaliste-reporter pendant dix ans, au cours desquels elle a animé l”émission santé " bonjour Docteur " les lundis et " Echos des femmes " les mercredis.

En 2002, elle sera sollicitée par le ministère de la Promotion de la Femme, de l”Enfant et de la Famille Aissata Bengaly, ministre de l”époque, lui a fait confiance en lui proposant le volet communication du département. "Je pense qu”au ministère j”ai fait de mon mieux ".Après le départ de Mme Bengaly du département, Aichata Cheick recrutée sur concours par l”USAID, pour le projet Mali Finance, en décembre 2005, en qualité de communication en genre.

Sa fonction, s”occuper du volet communication, fait qu”elle est constamment sur le terrain afin de superviser les projets réalisés par Mali Finance. Elle est surtout fréquente sur l”axe nord, notamment Mopti, Tombouctou, Gao et Kidal. Il y a deux semaines, Aichata était à Kidal, où le projet a procédé à l”ouverture officielle de la caisse Adak finance. Elle a été créée pour aider la population du nord (les pauvres, femmes et enfants) en élargissant l”offre dans le domaine de la microfinance. Mariée à un ingénieur d”élevage, Mme Doucouré Aïchata Sylla est mère de deux enfants, un garçon et une fille. Elle estime avoir la chance d”être tombée sur un mari compréhensif, ce qui facilite son travail. Mr Doucouré pense en effet, selon son épouse, qu”il faut que règne la confiance mutuelle au sein d”un couple. Aichata décerne, au passage, une mention spéciale à son mari.

Se prononçant sur la presse malienne, Aichata estime que "le paysage médiatique n”est pas loin du médiatique politique ", parce qu”en lisant un journal, automatiquement le lecteur est situé sur ses tendances politiques. "C”est à déplorer, car un journaliste ne doit jamais se trahir". Ses premières leçons Mme Doucouré les a reçues de de Tiona Mathieu Koné, qui était son coordinateur à Klédu. L”élève en profite d”ailleurs pour lui rendre un vibrant hommage. "Les journalistes doivent se ressaisir, d”autant que nous avons vraiment des professionnels. Seulement, ces derniers temps, on constate que cela ne va pas " souligne la journaliste.

Par contre, elle estime que la liberté de presse au Mali est une réalité et préconise qu”il y ait certaines barrières pour dire " liberté oui, anarchie non " Mme Doucouré ne milite dans aucun parti politique, car "un journaliste avec une appartenance politique, ça ne cloche pas du tout "

Les plus grandes satisfactions professionnelles d”Aichata sont surtout venues de toutes les personnes qu”elle a eu à interviewer et des grandes rencontres au plan international auxquelles elle a pu assister, que ce soit au Kenya, à Addis Abeba, en France ou en Suisse.

Pour la petite histoire, lorsque Amadou Toumani Touré était à la tête de la Fondation pour l”Enfance, il avait procédé à une remise de dons dont elle a profité réaliser une interview. Très contente de ce scoop, arrivée à la station, elle s”est rendue compte, à son grand désespoir, qu”elle n”avait rien enregistré. Elle est alors retournée sur ses pas, mais les gardes de corps lui ayant refusé l”accès, elle est restée dans la cour. A la sortie d”ATT, se rappelant de celle qui l”avait interviewé dans la matinée, le président lui a dit "ça va, Mme la journaliste ? ". Saisissant sa chance, elle lui a avoué qu”elle n”avait rien enregistré. ATT, sans aucun problème lui a accordé une seconde interview. Cela l”a tellement touchée qu”elle en garde un très bon souvenir. Sa déception, c”est surtout de voir la presse malienne s”entredéchirer.

Les moments de détente d”Aichata sont consacrés à sa petite famille. Elle aime aller rendre visite, avec son mari et ses enfants, aux autres membres de leurs familles, ou manger au restaurant.

Ses références en matière de journalisme sont Tiona Mathieu Koné (actuellement à EDM SA) et Sidi Coulibaly, présentement à Ouaga qui l”ont fort bien encadrée. Grâce à eux, elle a eu décroché de nombreux prix pour des reportages sur le tabagisme, l”UNICEF et l”OMS.

Son plus grand défaut est qu”elle est trop méticuleuse, comme elle le déclare elle-même. Quand elle commence quelque chose, elle tient à ce que cette chose soit parfaite. Côté qualités, elle qui est très joviale aime l”honnêteté et déteste vraiment l”hypocrisie.

Son plat préféré, en bonne Sarakolé, est le couscous.Elle aime à raconter une histoire de reportage sur le terrain, lors d”un festival à Kita. Aichata était en mission avec Youssouf Valisi. Pour dormir, il a fallu que les deux journalistes se débrouillent à trouver des nattes au marché. Il n”y avait pas, non plus, à manger.

Aichata, qui venait d”arriver dans le métier, a alors déclaré à son compagnon "Si c”est ça le journalisme, ce n”est vraiment pas intéressant ! ".

Fatoumata Mah THIAM DOUMBIA
bko-Hebdo du 20 Avril 2007

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