Afin que nul n’oublie Gassimou Sylla

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Rien ne prédestinait ce diplôme en sociologie au métier de journaliste. En effet, après l’obtention de son baccalauréat au lycée de Matam à la fin des années 70, il s’oriente vers la section sociologie de l’Université de Conakry. En 1982, il décroche son parchemin et se retrouve comme professeur de français à Boffa (Basse Guinée). Une année plus tard, ce passionné de football intègre la RTG et se retrouve à la section sport sous la coupe du regretté Kabiné Kouyaté. Il s’y révélera comme un as du micro, parcourant la Guinée de long en large pour y effectuer des reportages.

Kabiné Kouyaté lui donnera alors le surnom de «reporter Boeing», tant il avait le don d’ubiquité. Nous nous souvenons de ses sprints à la fin des matchs de football, pour recueillir les impressions des différents acteurs. Les lycéens de Conakry des années 80 se souviennent de ses commentaires, lors des confrontations entre les lycées rivaux de Bonfi et de Matam. À la fin des années 80, il devient correspondant sportif de la radio panafricaine Africa N°1 et couvre l’actualité sportive de la Guinée, de la Sierra Leone et du Libéria.

Inspiré par ses doyens les regrettés Boubacar Kanté et Demba Coulibaly, Gassimou savait rendre agréable une rencontre de football monotone. Derrière sa mine grave, se cachait un homme courtois, disponible à discuter aussi bien avec les dirigeants qu’avec le supporter lambda. De Tunis à Johannesburg et de Praïa à Naïrobi, Gassimou narrait de façon objective les rencontres de football, donnant le goût du journalisme sportif à nombre d’entre nous qui avons eu la chance d’écouter ses analyses sur la radio panafricaine. Malgré le mal qui le rongeait, il était présent le 03 juin 2012 à Hararé pour retransmettre le match Zimbabwé- Guinée (éliminatoires mondial 2014) à partir d’un téléphone portable et ce, malgré son arrivée à Hararé, quelques minutes avant le début du match, après avoir effectué un périple Conakry-Abidjan-Naïrobi-Prétoria-Hararé.

Quelques semaines après son retour, il est hospitalisé et lutte farouchement contre la maladie, tout en étant habillé d’un maillot du syli national. Le mercredi 15 août 2012, «le Boeing» effectue son dernier vol vers le royaume céleste à l’hôpital de Donka, soit à quelques mètres du Stade du 28 Septembre où il a réalisé une bonne partie de ses reportages. La nation guinéenne lui organise des obsèques nationales, le vendredi 17 août 2012, en exposant son corps dans la salle de basket du Stade du Stade 28 Septembre, ensuite en effectuant pour la dernière fois le tour de la pelouse du même stade, avant la prière mortuaire à la mosquée Fayçal (en face de l’hôpital Donka).

Il repose désormais à quelques mètres de Donka au cimetière de Cameroun. Depuis, il est oublié par le monde sportif, aucune action n’est entreprise afin que nul n’oublie celui qui, au risque de sa vie, utilisait les moyens de fortune (moto, camion surchargé) de forains pour effectuer des reportages à l’intérieur de la Guinée.

Dors en paix Gassimou. «À Dieu nous appartenons et à lui nous retournons».

Mamari DOUMBYA

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