Ils ont poussé notre sagesse et notre patience à bout, alors nous irons au grand déballage contre un régime qui semble se réjouir des assassinats et brimades de journalistes. Notamment l’assassinat des journalistes de RFI, Claude et Ghislaine Dupond, dont les enquêtes peinent à aboutir, la disparition de Birama Touré sans suite, la répression contre Diarrah de Mali-actu et Ras Bath, et actuellement la plainte de Manassa Dagnoko contre Boubacar Yalcoué le Directeur de publication du journal ” Le Pays “, la liste n’est pas exhaustive.
Dites-nous donc pourquoi il n’y a aucune poursuite contre les accusés dès lors qu’ils sont du côté du pouvoir ?
Au demeurant, la presse malienne a étalé plusieurs dossiers sales compromettant les tenants du pouvoir. Ce n’est pas tout, le Vérificateur Général a révélé des cas odieux de détournements de deniers publics. Cependant, les auteurs de ces forfaits bénéficient de l’impunité totale malgré la promesse ferme du Président Ibrahim Boubacar Kéita de sévir depuis son premier mandat. Mais à présent, aucun résultat. Plusieurs ministres coupables de forfaitures ont été tout simplement largués du gouvernement pour les protéger car la pression de la communauté internationale était difficile à supporter par un pouvoir qui semble gérer par procuration.
Au Mali, tu es blanc comme neige quand tu es de la mouvance présidentielle. Tu représentes la peste quand tu es à l’opposition ou dans la presse privée. Ainsi les B.T, B.K, F.S, B.B, T.S, I.S que nul n’ignore et tant d’autres accusés ont échappé à toute poursuite judiciaire.
Le cas de la Cour constitutionnelle du Mali est révoltant. Ainsi, le Vérificateur Général a révélé que pour la rédaction d’un rapport général des élections du président de la République et des députés de l’Assemblée nationale en 2013, le Président de cette Cour s’est fait octroyer 3 millions de F CFA sur la base d’une décision sans fondement juridique, la date étant postérieure au paiement.
C’est pourquoi le BVG a recommandé au président de la Cour constitutionnelle de rembourser le montant de 3 millions de F CFA correspondant à l’indemnité perçue dans le cadre du rapport général des élections du 2013.
Selon le BVG, il doit respecter les dispositions du code des marchés publics, notamment celles relatives à l’établissement des contrats simples et les dispositions de la réglementation sur la comptabilité-matière relative à la réception des acquisitions. Et pour cause, selon le Végal, la régie de la Cour constitutionnelle du Mali n’a pas conclu de contrats simplifiés pour des dépenses dont le montant par opération est supérieur ou égal à 500 000 F CFA en violation du code des marchés publics.
A cela s’est ajoutée la non-conclusion de contrats simplifiés pour des dépenses dont le montant prive l’Etat des recettes fiscales liées aux droits d’enregistrement. Pis, la Cour constitutionnelle a, selon le rapport, réceptionné des biens en l’absence de commission de réception et a procédé, à travers son chargé de contrats simplifiés et le délégué du contrôle financier, à la réception de fournitures dont le montant par achat n’atteint pas 2,5 millions de F CFA, au lieu de mettre en place la commission de réception. Toutes choses qui ne permettent pas, selon le BVG, de s’assurer de la réalité des acquisitions.
Ces révélations faites par le Végal ont été rapportées par la presse, mais il n’y a pas eu de plainte contre le Végal pour mensonge ou pour diffamation, ni plainte contre le Président de la Cour constitutionnelle pour détournement de deniers publics.
Chers lecteurs, rendons-nous aux Etats-Unis pour relater comment le Président le plus puissant du monde a pété démis de ses fonctions suite aux révélations faites sur lui par deux journalistes du Washington Post.
Dans la nuit du 16 au 17 février 1972, des cambrioleurs sont surpris dans l’immeuble du Watergate, au siège du parti démocrate. Ils étaient tous membres du ” comité de réélection du président ” et anciens experts du FBI ou de la CIA. Plusieurs proches collaborateurs du président sont inculpés pour complicité et dissimulation d’informations. Nixon niera avoir été mêlé à l’affaire, jusqu’à être convaincu de mensonge, à la faveur d’une enquête menée par la justice. La commission juridique de la Chambre des représentants ayant entamé contre lui une procédure de mise en accusation, ses amis républicains lui demandent de démissionner, le 6 août 1974. Deux jours plus tard, le 8, il se retire en dressant le bilan de son action, évoquant notamment la fin de la guerre du Vietnam et ses efforts en faveur de la détente avec Moscou et avec Pékin.
Les amis républicains de Nixon suivirent l’opinion publique : Nixon avait menti à ses concitoyens ; il devait être démis de ses fonctions. Il ne pouvait pas ne pas être sanctionné, puisqu’il était coupable d’avoir dévoyé la fonction présidentielle : l’abus de pouvoir, la dérive autoritaire et la fraude dans le financement électoral représentaient, aux yeux de l’opinion, autant de manquements inacceptables aux obligations d’un président, quels que soient par ailleurs ses mérites.
Par ailleurs, qui ne se souvient pas des procédures engagées conte DSK, Clinton et plusieurs présidents français sans que la presse ne soit inquiétée pour avoir dénoncé ces maîtres du monde ?
Alors pourquoi au Mali la loi autorise plutôt les délinquants incriminés à se faire passer pour les victimes d’une diffamation pour tordre le cou au droit et museler la presse ?
La vérité sur les 900 000 000 est cachée dans les couloirs de la Cour constitutionnelle et non entre les mains du journalistes qui a le devoir sacré de protéger ses sources. Car en toute évidence, l’objectif visé par les plaignants n’est autre que d’atteindre les sources du journaliste.
Manassa a plutôt intérêt à s’expliquer sur cette affaire qui l’interpelle. Une conférence de presse suffirait. Même un droit de réponse est davantage positif et plus recommandé. Car la roue de l’histoire tourne, tôt ou tard elle sera interpellée par qui de droit.
Chers concitoyens, vos journalistes ne sont que de misérables citoyens contre lesquels sévissent l’analphabétisme et la pauvreté (journaux qui peinent à être vendus) sans oublier la répression exercée par un pouvoir qui entretient analphabétisme, pauvreté et impunité.
Trop c’est trop. Levons-nous pour sauvegarder ce que la démocratie nous offre de plus cher : la liberté de presse et d’expression.
Voyez-vous, dans le cas qui concerne notre confrère, la loi stipule la prescription au-delà de 3 mois. Pour un article paru le 30 juillet, Manassa a attendu le 29 octobre pour porter plainte. Si l’on considère que 90 jours font 3 mois, et sachant que les mois de juillet et août font 31 jours chacun, la prescription est effective. Aux hommes de droit de savoir qu’un doute plane à ce niveau, et le doute doit profiter à l’accusé. Aussi, la même loi stipule que le délai est de 20 jours entre la date de la plainte et celle du procès. Or il y a plus de 20 jours (31) entre le 29 octobre 2018 (date de la plainte) et le 29 novembre (date du procès). Alors nous attendons de voir si le jugement respectera oui ou non la loi en disant le droit ou en le contournant.
Mamadou DABO
A quoi ce chiffon va t’il aider Yalcoué? La justice sera dite et c’est tout. Autant les autorités ne sont au-dessus de la loi autant la presse ne peut pas diffamer les honnêtes citoyens en toute impunité.
Dans ce pays, les journalistes alimentaires ont confondu liberté d’expression et libertinage. Manassa a bien le droit de poser une plainte et Yalcoué à l’obligation de répondre. A la justice de trancher conformément aux lois de ce pays.
La politique de victimisation ne marchera pas donc.
Comments are closed.