L’histoire médiatique de notre pays se présente sous deux périodes : celle du parti unique et l’autre de l’après 26 Mars où, le Mali a connu pour la première fois, une Presse véritablement libre.
Sous le parti unique, notre pays avait en effet une presse privée engagée et pour laquelle, aucune dérive n’était tolérée.
Malgré la persécution et la répression, les rares journalistes (presse privée) de l’époque ont pu forcer le respect par la rigueur, la clairvoyance de leurs plumes, le traitement méticuleux de l’information.
Engagée, cette presse privée-là, aura sans conteste joué un rôle moteur dans l’acquisition de la liberté d’expression et été le chantre d’une nouvelle conscience nationale.
De cette période à nos jours, le Mali a connu une explosion médiatique certaine qui sera favorisée par l’avènement (hélas) des « journalistes de fortune ».
Ainsi, de nombreux jeunes diplômés ainsi que des “n’importe qui” (en quête d’emploi) se sont glissés dans la profession, sans aucune formation en la matière et sans autre conviction que celle de faire du journalisme un honteux commerce, un instrument de chantage.
Conséquence logique de cette situation : la détérioration de la qualité de l’information et surtout la désinformation.
Pis, nombre de ces nouveaux journalistes (entrés par effraction dans le métier), sont plutôt motivés par le gain pécuniaire que l’acquisition d’un professionnalisme digne d’un journaliste.
En effet, comment peut-on objectivement exercer ce noble métier, lorsque l’on n’y rentré que pour les besoins du ventre ?
Comment peut-on dans ce cas, respecter l’éthique et la déontologie que lui confèrent sa noblesse ?
Face à cette situation, ce sont les pauvres citoyens (toutes catégories sociales confondues) qui payent le prix fort, parce que, martyrs d’une presse en dérive qui sombre sans vergogne dans le chantage, la calomnie et l’amalgame.
Pourtant, il y a des instances de régulation de la presse que sont : le Conseil Supérieur de la Communication et l’ODEP.
Inutiles ornements, créés avec tambours et trompettes, mais, dont l’efficacité et la crédibilité sont mortes, le jour même qui les a vu naître.
Le premier s’est vite distingué par sa lassitude, son laxisme et son manque de courage, et le second s’est tout simplement… “suicidé”.
Excellente occasion pour les opportunistes et arrivistes d’entrer dans le métier, par… effraction.
Incolores, inodores et sans saveur, ils boivent avec n’importe quelle louche, mangent dans toutes les marmites et dansent toutes les danses. Pourvu qu’au rendez-vous, il y ait l’argent.
Adeptes du gain facile, ils sont capables d’humilier d’honnêtes pères de famille, d’injurier publiquement l’épouse innocente, de saper les fondements d’une famille, d’un quartier, de distiller la haine et le mensonge et même de compromettre la paix et la sécurité nationale.
Il y a certes et de nos jours, encore une poignée d’hommes de presse dignes de la profession, mais ceux-ci demeurent complément effacés, à cause de l’invasion massive du métier par l’ivraie.
Boubacar Sankaré
Journalistes corrompus
“Vous êtes coupables, patrons de Presse !”
Comment peut-on objectivement demander à un journaliste qui n’est payé qu’à 20 000 ou 30 000 F/mois, d’être fidèle à l’éthique et à la déontologie du métier ?
Et dans beaucoup de cas, les salaires ne tombent que rarement. Coincé par la D.Q. (Dépense Quotidienne), n’importe quel journaliste peut craquer devant la tentation.
Et dans tout ça, le patron de l’organe de presse se tape tous les avantages et peut s’enorgueillir dans sa somptueuse voiture, faisant la bamboula à travers les coins les plus sulfureux de la capitale. L’essentiel pour lui étant de garnir les kiosques de feuilles de choux. Du papier pour les vendeuses de galettes, sinon rien d’un journal !
Et pourtant, ils sont les plus bavards quand il s’agit de partager l’aide accordée par l’Etat à la presse. « Je suis sorti dix fois ! Vingt fois ! J’ai fait la moitié de la parution ! » se vantent-ils, comme si, on fait un journal seulement pour le sortir.
Et on dit de dépénaliser…
Dépénaliser les délits de presse ? Pourquoi ? On ne peut apporter qu’une réponse mitigée.
Ma réponse de journaliste inexpérimenté est que, les délits de presse doivent être pénalisés, mais modestement tout de même.
A mon avis, il faut soumettre les délits de presse à un régime pénal particulier. Toutes les difficultés que les journalistes éprouvent dans leur travail quotidien, entre autres les difficultés d’accès à l’information, les moyens rudimentaires d’investigation et le déficit de formation, sont des réalités qui peuvent accorder aux éventuels fautifs, des circonstances largement atténuantes.
Pour certains, la répression des délits de presse est un moyen pour les régimes « dictatoriaux » de museler la presse.
Mais, quitte à ordonner la dépénalisation, il faut éviter de tomber dans l’impunité.
« La plume est la meilleure et la pire des armes. Il faut donc savoir la tourner mille fois dans l’encrier avant d’écrire », me conseillait un journaliste de la presse privée malienne d’avant Mars 1991. Il a raison.