Le mardi 5 octobre, la Maison de la Presse a abrité la 2ème édition de la Journée d’Echanges Presse et Justice sous le thème central : « L’institution d’un Pôle Economique et Financier unique à Compétence nationale, quel impact sur la lutte contre la corruption ? ». La cérémonie d’ouverture de cette journée était placée sous la présidence du Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des sceaux, Mamadou Kassogué avec à ses côtés le président de la Maison de la Presse (MP), Bandiougou Danté, du Directeur National des Affaires Judiciaires et du Sceau, Mohamed Maouloud Najim et le modérateur principal et parrain de ladite journée, Chahana Takiou.
Pour cette 2ème édition, la presse a massivement répondu à l’appel. Mettant l’évènement dans son contexte, le président de la Maison de la Presse, dira que cette journée d’Echanges Presse et Justice entre dans le cadre du partenariat existant entre le Ministère de la Justice et la Maison de la Presse. Un partenariat souhaité, selon lui, par les deux structures pour mieux informer les populations pour aider les journalistes à mieux appréhender les questions de la justice qui sont tellement complexes.
«Nous devons saisir cette opportunité que le Ministère de la Justice, sous la houlette de M. Kassogué, nous a offerte, pour apprendre, pour comprendre et pour informer » a affirmé Bandiougou Danté avant de remercier le Ministre Kassogué, au nom de l’ensemble de la Presse malienne pour ce devoir de recevabilité et pour cette façon de communiquer.
En retour, le Ministre Kassogué, à l’entame de son discours, a remercié les professionnels des médias pour le professionnalisme et la promptitude à les accompagner dans la tenue de cette journée d’Echanges, avant de saluer l’ouverture d’esprit et la grande disponibilité dont ont fait preuve les responsables de la MP pour arriver à ce résultat.
Concernant le thème retenu pour cette 2ème édition, il dira qu’il est relatif à l’institution du Pôle National Economique et Financier, dernière-née des institutions judiciaires de lutte contre la corruption et la délinquance économique et financière. D’après lui, malgré les différentes politiques mises en œuvre en la matière, le phénomène de la corruption et de la délinquance économique et financière est demeuré un fléau qui mine notre société. Pour ce faire, à l’en croire, à la faveur du renforcement de cette lutte, décidée par les Autorités de la Transition, il a donc été créé un nouveau Pôle Economique et Financier unique, qui a une compétence nationale et qui est dirigé par un Procureur de la République spécialisé sur les affaires de corruption et de délinquance économique et financière.
« Schématiquement, cette nouvelle institution remplace les trois Pôles Economiques et Financiers de Kayes, de Mopti et de Bamako, et se caractérise par l’élargissement de la compétence-matière, la prise en charge de toute la chaine de traitement des infractions économiques et financières, à savoir la poursuite, l’instruction et le jugement, la spécialisation de ses animateurs, et la mise en place d’une batterie de mesures conservatoires, notamment les saisies des biens appartenant aux personnes poursuivies, pour garantir l’efficacités des procédures » a étayé le Ministre Kassogué.
La création de ce Pôle, explique-t-il, a été décidée sur la base des insuffisances constatées dans la mise en œuvre des textes et sa motivation peut s’articuler autour de plusieurs points. En premier lieu, cette nouvelle institution permettra la mise en œuvre d’une politique pénale plus cohérente et plus efficace en matière de lutte contre la corruption et la délinquance économique et financière, pour la simple raison qu’elle sera dirigée par un seul Procureur qui donne une seule orientation avec les mêmes outils et les mêmes principes. En second lieu, par la vision uniforme, la concentration des moyens d’action et la facilité dans le suivi des affaires. Ainsi le nouveau Pôle va offrir, dira-le ministre, plus davantage dans la production des données statistiques et dévient, de ce fait, un outil précieux d’aide à la décision en matière d’orientation politique. Et en troisième lieu, l’efficacité des actions s’en trouvera renforcée grâce à plusieurs mécanismes qui ont été prévus.
En tête de ces mécanismes, citera l’ancien juge en charge du Pôle Economique et Financier du Tribunal de la CIII, les niveaux de traitement des affaires économiques et financières. Sur ce plan, à ses dires, le nouveau Pôle prend en compte toute chaine de traitement des affaires pénales, poursuite, instruction et jugement, mais aussi, il supprime le recours aux assesseurs lorsqu’une affaire doit être jugée par la Cour d’Assises. Ceux-ci seront remplacés par des magistrats professionnels. Outre, qu’au nombre de ces mécanismes figurent aussi, en bonne place, les saisies conservatoires qui peuvent être pratiquées sur les biens des personnes poursuivies à hauteur des montants reprochés et cela, depuis l’enquête préliminaire.
« Je voudrais, enfin, noter un autre mécanisme qui a un impact direct sur l’efficacité des actions, à savoir la spécialisation des personnels judiciaires du Pôle. Je veux parler du Procureur de la République, des juges d’Instruction, des Substituts du Procureur de la République et des juges au siège désignés pour les affaires économiques et financières » a-t-il fait savoir.Avant de mettre terme à son discours, le Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux a affirmé que la corruption et la délinquance économique et financière est un combat à mener, au quotidien, certes avec discernement, mais avec fermeté et efficacité.
A notifier qu’en plus du thème central, cette journée a été également marquée par un panel dont le thème était : « Les reformes judiciaires : Etat des lieux » animé par le Directeur National des Affaires Judiciaires et du Sceau, Mohamed Maouloud Najim.
Par Mariam Sissoko