1ère session ordinaire de la HAC : Diagnostic sans complaisance du président Fodié Touré

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Huit mois après la prestation de serment des membres, la Haute Autorité de la Communication (HAC) tient depuis vendredi dernier les travaux de sa 1ère session ordinaire. La cérémonie d’ouverture, présidée par le Ministre de l’Economie Numérique et de la Communication, Me Mountaga Tall, représentant le Premier ministre, s’est tenu le vendredi dernier au Centre international de conférence de Bamako. Dans un discours de plus d’une dizaine de minutes, le président de la HAC, M. Fodié Touré a fait un diagnostic sans complaisance de l’état de la presse, surtout privée au Mali.

Le Ministre de l’Economie Numérique et de la Communication, Me Mountaga Tall, représentant le Premier ministre, a présidé le vendredi 05 août 2016, la cérémonie d’ouverture de la 1ère session ordinaire de la Haute Autorité de la Communication. C’était en présence de plusieurs invités de marque et des responsables des associations et organisations de presse. Cette cérémonie intervient seulement huit mois après la prestation de serment des membres de la HAC devant la Cour Suprême. Un seul discours a marqué cette cérémonie d’ouverture. Il s’agit de celui de M. Fodié Touré, président de la HAC.

A en croire le président de la HAC, les six premiers mois ont été consacrés à l’élaboration de son règlement intérieur et l’installation de ses antennes régionales. Ils ont procédé, à la même période, à l’élaboration de cinq projets de décrets fixant les cahiers de charge des services audiovisuels. D’ailleurs le décret a été adopté au Conseil des Ministres donnant ainsi des moyens juridiques à la HAC d’exercer en plénitude leur fonction.

En effet, de 1994 à ce jour, sur le plan technique, plus de huit cent (800) fréquences ont été assignées pour l’exploitation de radios privées. Selon un rapport d’audit réalisé en 2015, avant l’installation de la HAC, par l’Autorité Malienne de Régulation des Télécommunications et des Postes, cinq cent soixante-quinze (575) autorisations ont été délivrées (y compris les autorisations provisoires) pour l’établissement et l’exploitation de radios privées. Sur ces 575 radios, 329 fonctionnent conformément aux termes de l’autorisation qui leur a été délivrée ; 353 émettent sur des sites indiqués dans l’autorisation d’établissement ;  24 émettent à partir de fréquence autre que celle qui leur a été assignée ;  03 émettent à partir de site autre que celui indiqué dans l’autorisation d’établissement  et 219 fréquences assignées n’ont pas été mises en services.

En plus de ces 575 radios à qui des fréquences ont été assignées, quarante-trois (43) radios émettent sans aucune autorisation dont onze (11) dans la zone géographique du District de Bamako.

Il faut ajouter à cette situation déjà complexe, la délivrance, après l’installation de la HAC, de nombreuses autorisations provisoires sous réserve de leur confirmation par l’autorité de régulation.

Sur le plan administratif et juridique, l’examen des documents a permis de constater l’existence de radios privées émettant sur la base d’arrêtés interministériels devenus caducs parce que n’ayant pas été renouvelés. Et d’autres émettant sur la base d’autorisations provisoires délivrées par le Ministère chargé de la Communication, sous réserve de leur confirmation par la HAC. Et des radios privées qui ont cessé d’émettre suite à une Décision du Ministère chargé de la communication ou qui avait cessé d’émettre mais qui ont repris leur service après y avoir été autorisées par le même département. Aussi, il y a des radios privées qui émettent à partir de fréquences non attribuées, donc frauduleuses.

La situation des télévisions privées est encore plus préoccupante. En effet, aucune d’elles ne dispose d’autorisation et il semble qu’il leur a simplement été donné la possibilité de procéder à des essais. Aujourd’hui, il est aisé de constater qu’elles figurent toutes sur les bouquets proposés par certaines entreprises maliennes de distribution de programmes.

La mise en ordre du secteur de l’espace médiatique audiovisuel est un véritable défi. Car elle consiste en une véritable opération d’assainissement du secteur.

La complexité de la situation générale de l’espace médiatique audiovisuelle est accentuée par les demandes pressantes des promoteurs nationaux et étrangers qui attendent depuis des années.

Dans un tout autre domaine, le Mali compte aujourd’hui plus de trois cent (300) agences de publicité dont une dizaine seulement est capable de répondre aux attentes des usagers.

La Loi n°00-046 du 07 juillet 2000 portant régime de la presse et délit de presse mérite aussi d’être revue pour intégrer les préoccupations des acteurs des médias, notamment la dépénalisation des délits de presse.

Enfin, la presse en ligne, bien que relevant du domaine de la mission de régulation de la Haute Autorité de la Communication, n’est jusque-là réglementée par aucun texte. Il est donc urgent de légiférer en la matière.

Les travaux de cette session ordinaire seront sanctionnés par l’élaboration d’un chronogramme pour l’année en cours et celle à venir.

Aussi, le graphiste de l’AMAP, Adama Sogodogo, concepteur du logo de la HAC, a fait une brève présentation de son œuvre.

Youssouf Sangaré

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