Zanzourou zorro est arrivé !

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Il a été dit que chaque peuple a les gouvernants qu”il mérite. Si cette assertion est vraie – et pourquoi ne e serait-elle pas ? Alors, le Mali n”aurait rien perdu: Tiécoro Bagayogo, que nous avions traité de tous les noms, et à qui nous avions attribué tous les qualificatifs, nous est revenu en la personne du tout pimpant Premier ministre. Les deux hommes ont tout en commun; Sauf deux seuls points : la culture et le contexte.Oui, bons vivants, bedonnants, adeptes de la violence, tant verbale que physique, ils ont tous les deux la même capacité de se mentir, de se convaincre de ce mensonge, puis de vouloir en convaincre les autres. ..

« Je vais mâter et redresser ! ». Tel est leur credo mensonger. Mais pendant combien de temps? Au lieu de chercher à convaincre, leur leitmotiv essentiel est de vaincre. Vaincre au nom de "Etat. Mais de quel Etat? De l”Etat réduit à leur clan. C”est vrai que, dans l”histoire des peuples, certains hommes se font une réputation qu”ils arrivent à ériger au rang de monopole : Il n”y a pas eu deux Hitler en Allemagne. Il n”y a pas eu deux Staline en Russie. Il ne peut donc y avoir deux Tiécoro dans l”histoire du Mali. Il est clair que nous ne laisserons plus le temps, à qui que ce soit, de nous faire peur, à l”instar de Zanzourou. Surtout de la part d”un homme qui avait une telle trouille de Zanzourou qu”il s”était alors exilé loin, très loin, faisant La Révolution certes, mais une révolution sécurisée dans une douillette capitale européenne.

Et que du fait de cet exil notre homme, par la force des choses, est loin d”avoir capitalisé la formidable énergie accumulée par le mouvement scolaire et étudiant intérieur, contre tous les Zanzourou passés et à venir. Surtout, enfin, dans ce nouveau contexte, dans ce nouvel air du temps démocratique et multipartiste. Et puis, Tiécoro avait confiance en son maintien d”ordre (Police et Bérets rouges) et, c”est ce dernier qui "a mis aux arrêts, au nom de la raison d”Etat. .S”il est vrai que l”Histoire est la science du pardon, elle est aussi et demeure la mémoire de ce pardon. L”incurie intellectuelle et la tare sociale de Tiécoro pouvaient justifier (sans l”excuser) ses actions. Son sosie d”aujourd”hui est un intellectuel qui se veut grand (même si une certaine ambiguïté est sciemment entretenue sur la qualité de son cursus, en réalité banal cursus d”étudiant éternel, touchant à tout sans avoir rien terminé vraiment).

Partant, il ne bénéficiera d”aucune circonstance atténuante dans son jugement par le peuple et par l”histoire, circonstance pouvant par exemple, porter sur son caractère limité. Keïta Zanzourou Zorro agit en connaissance de cause. En toute connaissance de cause.La Révolution dévore ses enfants, dit-on. Est-ce la raison pour laquelle le Mali de la Illè République veut enterrer ceux (étudiants et élèves) qui ont offert leur poitrine aux balles, alors que leurs dévoreurs d”aujourd”hui avaient pris grand soin de se planquer et de planquer leurs progénitures?Ils appellent aujourd”hui à la modération et à la pondération! Eux, qui, en 1991, appelaient à casser, à brûler, à monter les enchères, persuadés qu”ils étaient que leur Mère Patrie, la France, ou tout au moins leur Saint Patron, Didier Le Barbouze paierait, une fois l”objectif atteint. ,

Les élèves viennent de déclarer une chose terrible, lourde de conséquences suries relations futures entre la France et le Mali, (à moins qu”il ne soit prouvé, comme nous le pensons, que c”est là une nouvelle péripétie de la politique africaine criminelle de François Mitterrand). Ils viennent, en effet, d”affirmer (parce que poussés à bout, traumatisés par la guerre que leur fait ceux qui, hier; les poussaient, profitant de la justesse de leur cause et de leur détermination), ils viennent d”affirmer que les casses de 1991, et l’article 320 qui les a suivi, ont été conçus dans une cellule secrète de l”Ambassade de France. Cette assertion suffit, en elle-même, pour déclarer” Didier Roisin persona non grata au Mali, parce que co-responsable des dérapages de 91 et du pogrom organisé pour la première fois dans l”histoire des luttes politiques du Mali.La France est un pays bénéficiant chez nous d”une grande considération.

Ses ” anciens dirigeants savaient, eux, que le Mali, l”ancien Soudan, ne se gère pas selon les techniques dignes du KGB ou de la ClA.. Et les anciens Gouverneurs du Soudan,-même militaires, avaient un sens aigu de la sociologie, de la psychologie individuelle et collective des gouvernés. C”est pourquoi la plupart d”entre eux ont laissé un souvenir, dans l”ensemble, correcte dans le subconscient populaire. Certes, ils étaient là, d”abord, pour les intérêts de la France. Et de la France coloniale. Ils interféraient dans la vie politique autochtone, avec leurs préférences et leurs inimitiés. Mais il y avait une limite que, jamais, ils ne franchissaient Si la déclaration de l”AEEM s”avère exacte, et nous n”avons aucune raison d”en douter, Didier Roisin aura dépassé toutes les limites du supportable. Et, pour lui-même, pour la France, comme pour le Mali, il vaut mieux qu”il fasse ses valises.Les mêmes, vers la fin de la transition, avec la complicité des mêmes inspirateurs étrangers, ont pesé de tout leur poids pour couper les vivres aux autorités de la Transition, afin de hâter leur arrivée aux affaires.

Au moment où tout le monde au Mali se persuadait de la nécessité absolue, non pas tant de prolonger la Transition, que de définir une véritable Transition, avec des règles de jeu tirant les leçons de la démystification des clandestins. Pour revisiter justement la situation que l”on connaît aujourd”hui au Mali.Le Mali brûle en effet depuis le 12 février: Bamako, Bougouni, Sikasso, Ségou, Koutiala, Koulikoro, Kayes, pour ne citer que ces villes. Et le Premier ministre se propose de faire juger les "casseurs, les pyromanes de février». Après les avoir fait gazer par des grenades offertes par la France, jetées par des éléments entraînés par la France, financés par la France. C”est tellement idiot! Le coût global de cette répression dépasse, I’entendement, la somme nécessaire pour attribuer les bourses sans critères, au moins jusqu”à l”ouverture de l”université.Que penser de tout cela?

Que penser d”autre, sinon que cette répression, qui a trouvé son vecteur en la personne de l”épicurien Ibrahim Keïta, vise d”autres objectifs: Effacer les traces des forfaits ignobles réalisés en mars 91, sur le dos des forces saines du Mali qui, elles, offraient leur vie pour une démocratisation véritable et profonde du pays. Il faut donc, à tout pris, casser l”AEEM. C”est d”ailleurs la seule politique à laquelle s”est attelée la IIlè République, depuis son installation Ie 8 juin 1992. Casser l”AEEM. Mais, c”est clair, ils n”y parviendront pas. Au contraire, les chances sont grandes que ce soit au Mali que Mitterrand rate, définitivement, les portes du Panthéon. Le Mali de mars 91 sera certainement pour Mitterrand ce que furent les diamants de Bokassa pour Valéry Giscard d”Estaing. ln sha”Aliah.Toumani Djimé et Moussa Kéïta “La Nation du 1er mars 1994”

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