J’en étais Sûr. Cela ne pouvait pas durer. Car on a beau cherché à chasser le naturel, c”est au galop qu”il revient. Souvent au moment où l”on s”y attend le moins. Depuis sa cooptation et sa propulsion par défaut, à la charge de Premier Ministre, Sory Ibrahim Kéïta s’était évertué à se forger une image d’Etat homme à la poigne ferme mais agissant, avec intelligence, à travers un gant de velours Je savais que trois fois rien suffisait pour montrer son vrai visage, sa réalité essentielle: Ceux d”un homme brutal borné et haineux. Ceux d”un épicurien de bas de bas étage frisant la vulgarité et la lâcheté. C’est ce visage et cette réalité essentielle que les « honorables députés » ont découverts, jeudi dernier, à l’Assemblée Nationale, lors des débats sur la 3è édition de la déclaration de Politique générale du 3ème gouvernement de cette république qui a tout à fait 2 ans. Eberlués, les Députés ont entendu Sory Ibràhim Keïta traiter les dirigeants de l”AEEM de cancres et « une certaine presse » de renégat du mouvement démocratique ayant émargé auprès de l”ancien dictateur, de mercenaire de la plume. Avant de s”épancher en un commen¬taire oiseux lâche et malhonnête de mon livre écrit à la fin de la IIème RépubliqueLes auditeurs et téléspectateurs de l”ORTM ne seront pas dupes.Ils se souviennent en effet d”un fameux débat à la télé, ayant réuni sur le plateau Zarawana, Mohamedoun Dicko et Cheick Oumar DiarrahIls ont ainsi pu réaliser, concrètement que le crétin des trois n”a pas été celui que notre Premier Ministre désigne. Ce dernier oublie e du reste trop facilement que lui-même a battu tous les records de longévité estudiantine, sans pouvoir aujourd’hui faire état du moindre diplôme sérieux pouvant justifier si longues et de si laborieuses années d’études supérieures. Qu’il nous fasse mentir, pour une fois, et qu’il publie ses attestations !L’attaque en réelle contre mon livre relève de la pure lâcheté, indigne d’un intellectuel à la hauteur de ce nom. Cet ouvrage a été édité en novembre 90, il y a donc bientôt quatre. Sory Ibrahim Kéïta, « l’intellectuel » a donc eu pratiquement quatre années pour le critiquer. Il a attendu d’être Premier ministre, quatre années après, il a attendu d’être à la tête, comme lui-même le rappelle, de ces « parquetiers » qui vont désormais s’occuper de cette presse-là », et de ces jeunes recrues sans foi ni loi, qui usent des grenades lacrymogènes comme de lance-pierres, pour en risquer une critique. De surcroît, il choisit une arène où je ne peux pas répliquer, l’Assemblée Nationale. Sory Ibrahim Kéïta vient donc de rallonger la liste de ces petites gens qui n’osent s’attaquer à nous que lorsqu’ils disposent des moyens de l’Etat. Comme c’est lâche ! Monsieur, vous faites pitié et vous ne donnez pas l’air de vous en rendre compte ! Pauvre de vous ! De toutes les façons, il est aisé de critiquer mon livre, puisqu’il a le mérite d’exister. Il est par contre très difficile de critiquer quoi que ce soit de notre auguste censeur qui, s’il a un mérite c’est bien celui de n’avoir jamais rien produit de sa vie.Il a fallu de peu de choses pour que S.I. Kéïta, perdant son sang froid, sorte de ses gongs, étale son vrai visage et lève le masque sur le véritable danger qu’il constitue pour la nation. Une simple question sur le fronton du Démocrate n° 50, un édito de la même livraison, et une diffusion des révélations de « Saddam Hussein » sur les tribulations politiques de l’ADEMA au sein de l’école en avril1990. La question et l’édito mettaient en cause Aly N. Diallo, cette incarnation de la politisation de l’école qui, aujourd’hui guerroie contre cette même politisation de l’école. Désormais on le saura. Egratignez le maître Aly N. Diallo et vous recevrez immédiatement une ruade de l’… Ibrim.Voyez-vous ? Cette distribution des rôles rappelle étrangement celle qui, longtemps, reliait Houphouët Boigny et Maurice Yamèogo.Parmi tous les barons de l’ADEMA, Ibrahim est de ceux les plus enclins à se taper la poitrine et à se targuer de 30 années de lutte. Et lorsque je l’ai entendu à l’Assemblée pérorer » je connais le fascisme, par culture politique, par culture tout court », j’ai tendu l’oreille. Je croyais qu’il allait ajouter, « par expérience ou dans ma chair ». Mais il n’est pas allé si loin. Car, si Ibrahim peut parler des « 23 années de dictature de Moussa Traoré », il ne peut pas le raconter. Parti en France avant le coup d’Etat du 19 novembre 1968, boursier de l’Etat du Mali, il n’est revenu au bercail que vers la fin des années 1980, une demi-douzaine d’années après son épouse et ses enfants, pour occuper son premier emploi malien (responsable du micro-projet du FED) grâce à l’intervention personnelle du Général Amadou Baba Diarra. Qui donc émargeait auprès du système du « dictateur déchu » ? Cet homme n’a jamais pris un quelconque risque lui permettant d”avoir une expérience physique de la répression. Jamais. Vérifiez ! Consultez les N° 39 (172 signataires), N°45 (63 signataires), N°46 (263 signataires) des «Échos», qui ont publié les listes des signataires de la lettre ouverte du 7 Août 1990 ayant servi de Bible pour la constitution de l”ADEMA. Il n”y figure pas. Il n”a même pas signé cette lettre ouverte! Cela n”étonne que ceux qui ne connaissent pas cet homme, si éperdument amoureux de lui-même et, partant, présent dans l”effort juste au moment de la distribution des parts de gâteau, avec de gros yeux pour les plus grosses parts.Je le répète, la plus grande tare de la démocratie malienne, telle que pratiquée par la 3e République, réside dans le fait que l’Etat est pris en otage par une dizaine d”hommes et de femmes qui n”ont jamais été élus. Parce que n”ayant aucune assise populaire, aucun ancrage ni politique, ni économique, ni même social. Parce que ne connaissant pas le Mali. Parce qu”inconnus du peuple malien. Dans quel coin du MaIi, en effet, un Keïta Ibrahim aurait pu réunir le suffrage de 100 citoyens autour de sa personne? La grande escroquerie politique de l”ADEMA a été de se doter d”une confortable majorité parlementaire par le recrutement des responsables UDPM les plus véreux, ceux qui ont le plus lutté contre le pluralisme politique, alors que les autres partenaires du mouvement «démocratique» étaient hypnotisés par le chant du kokajè. L
es barons, eux, attendaient de s”emparer des rouages de l”Etat, conscients que personne n”aurait sinon voté pour eux.Lorsque, conscients de cette limite originelle, le responsable politique compense par une grande humilité, une grande capacité d”écoute, et une recherche de l”adhésion par le dialogue et le consensus, cela donne un Abdoulaye.S.SOW. Un homme qui a cherché à convaincre, au lieu de seulement vaincre. Qui, aujourd”hui encore, force l”admiration. Et qui aurait réussi, n”eussent été les tirs groupés des faucons de l”ADEMA dirigeant aujourd”hui l”État, dans les faits. Mais lorsque cet homme politique, se croyant sorti des cuisses de Jupiter, pêche par arrogance fatuité et emphase, cela donne ce tristounet Premier Ministre de 3e choix, jouant dans le paysage politique du Mali le même rôle que le coton de 3è choix dans sa production agricole.Sory Ibrahim Keïta croit avoir vaincu l”AEEM et neutralisé les partis politiques d’opposition. Il croit avoir tous les magistrats du .Mali sous sa botte. Il croit avoir dompté l”armée et les véritables forces de sécurité. Il pense, aujourd”hui, que c”est au tour de la presse de plier l”échine sous sa férule. Et, en fait, vous le verrez chercher à nous faire exactement œ que Moussa Traoré n”a pas fait aux Échos (dont le directeur de Publication avait ses entrées à Koulouba même en janvier-mars 1991. Tout comme la famille de notre fringant Premier ministre d”ailleurs, alors que lui-même en était encore à ses divagations européennes. Le "Magistrat” Mallé ne pouvait assurément pas accepter de verser le registre d”entrée du Palais présidentiel au dossier "Crimes de sang".)Mais rira bien qui rira le dernier.Toumani Djimé et “La Nation du 3 mars 1994.
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