Un électeur, qui nous envoie ce témoignage, a échappé de justesse à la garde-à-vue à la police. Son malheur a été d’avoir réclamé son droit de vote lorsqu’il a fait le constat qu’un autre a voté à sa place.rn
Incroyable, mais vrai. Le bateau Mali tangue, mais grâce au Tout Puissant Allah, il ne coulera pas. Que Dieu aide le Mali, notre chère patrie ! Certaines vérités ou des faits sont désagréables à entendre. Mais il faut quand même en parler pour qu’ils servent de cas d’école. Il faut crever l’abcès tant qu’il s’agit du devenir de notre belle nation.
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Je ne suis d’aucun bord politique. Mais, comme tout bon citoyen, j’ai jugé utile d’exercer mon droit d’électeur en ce jour de scrutin présidentiel du 29 avril 2007. Ce qui m’est arrivé mérite d’être su de l’opinion publique. J’en suis tellement abasourdi que je ne reconnais plus mon pays, terre de vieille civilisation, d’humilité et de bonnes mœurs.
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Quelques jours avant le scrutin de dimanche, je me suis rendu à ma mairie, à Magnambougou où j’ai toujours résidé, pour retirer ma carte d’électeur. Les agents chargés de la distribution ont pu retrouver le précieux sésame, sans grande difficulté. La seule erreur sur la carte était que l’âge qui y figurait était différent de celui de ma carte d’identité. Mais les distributaires de cartes m’ont assuré que cela n’était pas un problème parce qu’il y avait des erreurs de ce genre sur le fichier électoral. Ils m’ont dit que l’essentiel est que les mêmes références figurent sur la liste d’émargement.
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Ma surprise a été grande, lorsque je me suis rendu en mon centre de vote vers 15 h à Magnambougou-Sokotra, dans le bureau n°191. A mon arrivée, un agent électoral a pris ma carte qu’il a vérifiée sur la liste d’électeurs accrochée à l’entrée du bureau de vote. Il vient me confirmer que je suis bien de ce bureau.
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Le pire m’attendait. En vérifiant la liste d’émargement avant de passer au vote, j’ai constaté que devant mon nom il y avait un émargement. La preuve qu’un électeur avait déjà voté à ma place. Furieux, j’ai cherché à entrer en contact avec la presse et les observateurs internationaux. En vain. Je me suis rabattu sur le représentant de la DGE. Celui-ci appelle son supérieur. Ce dernier me demande de me taire contre la promesse d’enrayer le vote précédent et me faire voter. Il m’a juré de venir sur place vu la gravité de la chose. Il arrive quelques minutes plus tard, sermonne le président du bureau et son représentant avant de partir.
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Mon calvaire venait de commencer. Le président du bureau de vote et le représentant de la DGE, font appel à des porteurs d’uniforme. Ils leur ont expliqué qu’il y avait des anomalies. Ils m’embarquent au commissariat dans des conditions humiliantes où j’ai été auditionné sur PV. J’ai été libéré aussitôt grâce à la largesse de vue du commissaire. C’est pourquoi je me suis confié dans les colonnes du journal Les Echos en guise de témoignage et pour que la lumière en soit faite.
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La question que je pose aux autorités de ce pays est de savoir pourquoi remettre une carte d’électeur à un citoyen si un autre est capable de voter à sa place ? Malgré ma bonne foi, j’ai failli payer à la place des mafieux qui ont manigancé cette affaire. Que Dieu fasse justice. Qu’il protège notre pays de ses fils sans foi ni loi. Amen !
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Moussa Diarra
(commerçant domicilié à Magambougou, Tél. 648 43 29)
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