Tiébilé Dramé

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Question : Monsieur Tiébilé Dramé, vous êtes candidat à l”élection présidentielle. Quelles sont les motivations profondes qui vous ont incité à briguer la magistrature suprême ?

Tiébilé Dramé : Je suis candidat à l”élection présidentielle parce que le Mali va mal, parce qu”il est urgent de le redresser et de le mettre sur le chemin du développement en vue de préparer un meilleur avenir pour nos enfants.

Pendant ces cinq dernières années, malgré l”accalmie résultant de la gestion consensuelle du pays, les réformes essentielles n”ont pas été entreprises. La pauvreté et les inégalités se sont aggravées, de nombreuses familles ont du mal à joindre les deux bouts, à assurer leurs besoins fondamentaux.

La gestion des problèmes de notre pays a relevé plus de l”improvisation, du bricolage que d”une action réfléchie et exécutée avec rigueur.

Question : De quel projet êtes vous porteur ?

Tiébilé Dramé : Je suis porteur d”un projet de relèvement et de redressement du pays, d”un projet de renaissance nationale qui passe par des réformes courageuses en matière d”école de politique de formation (en faisant de l”enseignant l”épicentre du système éducatif), de politique de rénovation industrielle, de création d”emplois. En somme, je propose un Mali différent de celui que nous connaissons.
Nous sommes parmi les derniers dans le classement de l”Indice de développement humain, ce n”est pas reluisant. Pourtant nous sommes assis sur de l”or, au propre comme au figuré.
Le Mali mérite un leadership compétent et efficace pour régler les problèmes du pays.

Question : La demande sociale est une donnée importante dans notre pays. Pensez vous que les politiques menées jusqu”ici sont bonnes ou allez vous en proposer de nouvelles ?

Tiébilé Dramé : Si les politiques jusqu”ici suivies étaient efficaces, il aurait été inutile d”en proposer d”autres. Hélas ce n”est pas le cas. Dans un pays où tous les secteurs sont des priorités absolues il faut éviter une gestion qui consiste à faire croire qu”on est en train de répondre à des besoins quand on a même pas pris soin de les analyser conséquemment.
Mon ambition est d”œuvrer à l”édification d”un Mali où il y aura moins de pauvres, un Mali où les enfants seront bien éduqués, un Mali où les habitants seront soignés et logés.
C”est pourquoi je pense qu”il faut au Mali une gouvernance démocratique moderne et prévisible qui est à l”opposé du tâtonnement et de l”improvisation auxquels nous assistons depuis quelques années.

Question :  La nécessité d”une plus grande représentativité des femmes au niveau des prises de décision, semble rallier les suffrages même si la proposition d”introduire des quotas dans la loi électorale a été rejetée par l”Assemblée nationale. Que comptez vous faire personnellement pour la promotion politique de la femme ?

Tiébilé Dramé : Tôt ou tard, il faudra arriver à cette représentativité et à mon sens la décision de l”Assemblée nationale n”a fait que différer une échéance inéluctable… N”oubliez pas qu”elles représentent près de 51 % de notre population. Peut-on raisonnablement exclure une frange si importante de la nation ?
A mon sens c”est aux femmes elles mêmes qu”il revient de se battre et moi à leur côté pour arracher la reconnaissance qui leur est due, la victoire n”en sera que plus belle et son impact plus durable… Nous avons tous vu de quoi la femme malienne est capable à chaque étape des luttes que notre peuple a entreprises et dans sa bataille contre des quotidiens de plus en plus difficiles.
La politique que je mettrai en œuvre dès mon élection sera de créer les conditions visant à favoriser une réelle promotion et un réel épanouissement de la femme par une politique de scolarisation, de formation et d”emploi pour une participation plus active dans la vie de la cité.

Question : L”insurrection armée à Kidal et Ménaka et le forum de Kidal ont rappelé la spécificité de la situation dans le nord du pays. Au cas où les Maliens vous accorderaient leur confiance, que comptez-vous faire pour le développement des régions nord et la consolidation durable de la paix dans cette partie du pays ?

Tiébilé Dramé : Pour moi une autre politique du nord est possible, nécessaire et même indispensable. Elle aura pour objectif, l”unité, la cohésion et l”intégration nationales dont les piliers seront la sécurité, la stabilité et le développement mis en œuvre avec détermination, esprit de suite et détermination.
J”envisage la création d”un grand ministère chargé du développement des régions sahariennes et sahéliennes afin que les problèmes du Nord soient chaque semaine autour de la table du gouvernement. A la Présidence de la République, une cellule stratégique chargée de l”unité et de l”intégration nationales sera créée.
Je prendrai des mesures en vue de créer dès 2008 des internats dans les lycées de Tombouctou, Gao et Kidal pour favoriser le brassage entre les générations montantes et donner l”occasion à des jeunes originaires d”autres régions du Mali de s”imprégner des réalités sociologiques, culturelles et linguistiques du Nord.
Je veillera particulièrement à la restauration de l”État au Nord, à sa crédibilité et au renforcement de ses symboles aujourd”hui dévalués. Je mettrai fin à l”État insouciant. Je veillerai à l”équilibre des relations entre le Mali et les pays d”Afrique du nord et de ceux du Moyen Orient.
Enfin je vais rompre avec l”immobilisme qui a caractérisé ces cinq dernières années et dont les événements du 23 mai 2006 ne sont que la conséquence.

Question : Nous avons une communauté importante résidant à l”étranger. Quels sont vos projets pour les Maliens de l”extérieur ?

Tiébilé Dramé : Les Maliens de l”extérieur constituent avec la paysannerie la deuxième mamelle nourricière de notre pays. Ils jouent un rôle économique de premier plan et constituent un immense atout humain, culturel et politique pour notre pays. Ils contribuent au rayonnement du Mali. Il faut louer leur courage et leur engagement pour le Mali.
Je veillerai à ce qu”ils soient traités partout avec respect et dignité. Je ferai de leur protection et de leur sécurité une question cardinale des relations entre le Mali et les pays d”accueil et j”assurerai à leur intention des services consulaires de qualité.
Je demanderai au gouvernement français la régularisation des sans-papiers, la délivrance de visas de longue durée et à entrées multiples dans les pays occidentaux. Je mettrai en place, à leur intention, un cadre incitatif pour l”investissement de leur épargne.
Je créerai la Maison du Tounkaranké qui sera un centre d”études, de documentation, d”information et d”orientation pour les émigrés.
Nos compatriotes de l”extérieur seront au centre de ma politique et feront l”objet de toutes les attentions.

Question : Si vous êtes élu, quelles mesures prendrez vous en priorité dans les 100 premiers jours de votre mandat ?

Tiébilé Dramé : Je créerai un ministère chargé du développement des régions sahéliennes et sahariennes.
Je doterai tous les centres de santé communautaires du pays de sages-femmes et de médecins.
Je créerai auprès du président de la République une cellule chargée de l”unité, de la cohésion et de l”intégration nationales.
Je ferai chanter l”hymne national dans toutes les écoles du Mali dès la rentrée scolaire 2007 pour permettre la patrie Mali au centre des préoccupations. J”introduirai l”enseignement des NTIC (Nouvelles technologies de l”information et de la communication) et celui des droits de l”homme à l”école.
Je mettrai en place un gouvernement de responsabilité nationale.
J”instaurerai l”égalité de tous les commerçants devant le cordon douanier.
J”ai une idée très claire, longtemps réfléchie, de ce que sera notre pays et je me donnerai les moyens de ma politique… tous les moyens.

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Né le 9 juin 1955 à Nioro du Sahel où il fit ses études primaires, Tiébilé Dramé fut orienté au lycée de Badalabougou en 1971, après son diplôme d”études fondamentales (DEF). Titulaire du baccalauréat en 1974, il fit son entrée à l”École normale supérieure (section lettres modernes). Sorti en 1979 avec le diplôme de l”ENSup, il est affecté au lycée Prosper Kamara comme professeur de lettres. Il s”est rendu ensuite à Paris pour s”inscrire au Centre de recherches africaines à l”Université de Paris I où il a décroché un diplôme d”études approfondies en 1982. Nanti de ce parchemin, il devient chargé de cours associé à l”INALCO de Paris III, puis chercheur au secrétariat international d”Amnesty international à Londres. Il a été directeur adjoint de la mission civile internationale des Nations-Unies en Haïti en 1994 puis consultant pour les Nations-Unies au Burundi, au Togo et en Tanzanie.

Tiébilé Dramé fut ministre des Affaires étrangères et des Maliens de l”Extérieur pendant la Transition. Sous Alpha Oumar Konaré, il a été nommé ministre des Zones arides et Semi-arides.

Président du Parti pour la renaissance nationale (Parena), Tiébilé Dramé a dirigé le comité d”organisation du 23è sommet Afrique-France tenu à Bamako en décembre 2005

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