Spécial 8 juin – Amadou Toumani TOURÉ : Un Parcours Éloquent

0

Amadou Toumani Touré qui sera investi demain pour la seconde fois comme président de la République a déjà derrière lui une riche carrière militaire et civile. L”officier à la retraite qui a dirigé par deux fois le Bataillon des commandos parachutistes entre une nouvelle fois dans l”histoire.

Né le 4 novembre 1948 à Mopti. Il fit ses études primaires successivement dans sa ville natale, à Tombouctou et Sofara. Il choisit ensuite la vocation d”enseignant en s”inscrivant à l”École normale secondaire de Badalabougou à Bamako qu”il fréquente de 1966 à 1969. Mais attiré par le métier des armes, il abandonne la voie de l”enseignement pour l”armée. Il est admis à l”École militaire interarmes de Kati (EMIA) qui l”accueille de 1969 à 1972 en tant qu”élève officier. Mû par sa quête du savoir, ATT aura une formation quasi permanente jusqu”en 1990.

Entre 1974 et 1975, le voilà en ex-Union Soviétique, à l”École supérieure des troupes aéroportées de Riazan. Trois ans plus tard, il entame une autre formation au Centre national d”entraînement des commandos (CNEC) à Mont Louis en France.

Entre temps, il est monté en grade. Lieutenant depuis octobre 1974, capitaine en 1978, il prend le commandement du bataillon des commandos parachutistes le 1er janvier 1984. Déjà en 1981, il avait été nommé commandant de la Garde présidentielle. Poste qu”il occupera jusqu”en 1984. Le 1er octobre 1988, il accède au grade de lieutant-colonel.
Entre 89 et 90, il est à nouveau en France, à l”École supérieure de guerre interarmes de Paris avec la 17è promotion. Toujours en 1990, on le retrouve au Cours supérieur interarmes à Paris (42è promotion).

Le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré, de retour au pays en décembre 1990, se retrouvera dans une situation inconfortable. Après 14 mois de stage en France censé lui assurer une promotion, il restera sans affectation pendant près de trois mois. Ce n”est que le 14 mars 1991 qu”on lui confie la tête du Bataillon des commandos paras. Déjà la révolte couve dans le pays. Les manifestations pour l”instauration de la démocratie sont réprimées dans le sang.
Le 26 mars 1991, tout bascule. Amadou Toumani Touré à la tête d”un groupe de militaires met fin à 23 ans de pouvoir de Moussa Traoré. Il est aussitôt élu président du Comité de réconciliation nationale (CRN) composé d”officiers. Trois jours plus tard, il est porté à la présidence du Comité de transition pour le salut du peuple (CTSP) qui était une fusion du CRN et de la Coordination des associations du mouvement démocratique.

L”officier des troupes d”élites entre ainsi une première fois dans l”histoire. Il conduit habilement la Transition qui durera 14 mois et au cours de laquelle il organise la Conférence nationale qui jettera les fondements de la constitution adoptée par référendum le 12 février 1992. Il conduit le pays vers la IIIè République en organisant les élections municipales (janvier 1992), les législatives (février et mars 1992), et les présidentielles (avril 1992).

Comme il l”avait promis aussitôt après le coup d”Etat, il remet le pouvoir à un président démocratiquement élu. Promu général de brigade le 8 juin 1992 par le président Konaré le jour même de l”investiture de celui-ci, il entame ensuite une carrière internationale quand il est sollicité pour de multiples médiations dans les crises secouant des pays africains comme la Centrafique. Parallèlement, il s”engage dans l”humanitaire. C”est ainsi que dès septembre 1992, il accepte, sur proposition de l”ancien président américain Jimmy Carter, de parrainer le programme d”éradication de la dracunculose au Mali, qui devient un protocole d”accord relatif à l”éradication du ver de Guinée et à la lutte contre la cécité entre le gouvernement et Global 2000, la fondation de Carter.

En 1993, il crée la Fondation pour l”Enfance pour s”acquitter d”une "dette" envers les enfants. Deux ans plus tard, le sommet des chefs d”Etat de la Région des Grands lacs réunis au Caire le sollicite pour être facilitateur dans le règlement du conflit qui secoue cette partie du continent.

En 1996, il dirige la mission d”observation de l”OUA lors des élections algériennes. La même année, l”OMS le désigne membre du Comité international pour une Afrique libérée de la poliomyélite. C”est également en 1996 qu”il est fait général d”armée et qu”il est envoyé en Centrafique pour une mission de médiation dans la crise politico-militaire qui sévit alors dans ce pays.

Dans la foulée en 1997, ATT est nommé président du comité de pilotage des Journées nationales de vaccination contre la poliomyélite. Toujours actif sur le front de l”humanitaire, il fonde en 1998 « l”hôpital mère-enfant le Luxembourg ». Cette même année, on lui confie la tête du Comité national de lutte contre le trachome.

En 1999, il est membre d”un groupe international d”éminentes personnalités pour enquêter sur le génocide de 1994 au Rwanda et ses conséquences. Décidément très sollicité par la communauté internationale, l”Organisation internationale de la Francophonie le mandate en qualité d”Envoyé spécial du secrétaire général de l”OIF auprès des chefs d”Etat membres de l”OIF, n”ayant pas encore adhéré à la Convention d”Ottawa.

En 2001, on le retrouve en République Centrafricaine en tant qu”Envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour ce pays.

Une année plus tard, ATT entre une nouvelle fois dans l”histoire. Il se présente à l”élection présidentielle en tant que candidat indépendant. Arrivé en tête au premier tour, il l”emporte au deuxième tour face à Soumaïla Cissé.
Aussi bien au plan national que international, Amadou Toumani Touré a obtenu de nombreuses médailles et distinctions : Chevalier de l”Ordre national du Mali (1981) ; Médaille d”or de l”Indépendance du Mali (1992) ; Grand-Croix de l”Ordre national du Mali ; Commandeur de la Légion d”honneur de France (1994) ; Grand officier de l”Ordre du mérite centrafricain (1996) ; Grand officier du mérite du Tchad (1997) ; Grand officier de la Légion d”honneur de France (1998) ; Docteur honoris causa de l”Université internationale euro-américaine de Panama (2005)… Les médailles et distinctions sont trop nombreuses pour être toutes citées.

Le chef de l”Etat réélu est marié et père de deux enfants.

L”Essor



Second mandat d’ATT : Ce que pensent les bamakois

Commentaires via Facebook :