Plus on chemine vers les échéances électorales de 2007, mieux les inquiétudes qui taraudent l’esprit des amis politiques du Président de la République nous sont connues. Des 14 partis politiques signataires de l’Alliance pour la Démocratie et le Progrès (ADP) au célèbre et polémique mouvement citoyen, les cercles de soutien à ATT s’agitent pour ne pas être ravalés par les courants imprévisibles de la politique, ce qui n’empêche pas que certains trouvent de quoi s’exalter.
La peur vient surtout de ceux qui n’ont habituellement pas voix au chapitre.
Le ton a été donné la semaine dernière par l’Adéma dont les assemblées générales d’information dans les six sections de Bamako avaient une valeur introspective. Ce qui fut moins patent dans le verbe et qui était pourtant fondamental, c’est qu’en dehors de l’exclusion de Soumeybou Boubèye Maïga, le parti de l’abeille s’interroge encore sur son choix de soutenir la candidature éventuelle de ATT à l’élection présidentielle de 2007. Pour les têtes d’affiche, à commencer par le président du parti Dioncounda Traoré, la question de soutenir la candidature du chef de l’Etat devrait relever d’une logique irréversible, sans appel, comme en témoigne ce propos rapporté par le quotidien l’Indépendant : "l’Adéma, nous avons décidé de façon démocratique de ne pas jeter nos sous par la fenêtre à propos d’une élection présidentielle que nous allons d’office perdre et de consacrer nos efforts aux législatives afin de ratisser long et d’être incontournable pour le choix des dirigeants du pays".
En réalité, le soutien que l’Adéma apporte au Président de la République ne semble être ancré qu’au niveau des plus hautes instances du parti. S’il y a un enseignement à tirer des concertations de la semaine dernière, c’est bien entendu le fait que la base du parti a peur de l’espèce de vide, d’incertitude qui plane au-dessus de sa tête : rien ne garantit que le Président de la République, une fois élu, fera la part belle au parti étant donné que d’autres amis du même personnage avalent leur salive en attendant le partage des butins.
La même incertitude ne manque pas du côté du Mouvement citoyen. Ce club politique qui se voit âprement disputé son statut politique s’inquiète, à en croire certains commentateurs, de voir les partis politiques empiéter sur son terrain. La rencontre entre le chef de l’Etat et certains dirigeants du mouvement au cours de la semaine dernière entrerait dans le cadre d’une reconquête de la position de l’association qui ne serait pas disposée à se faire damner par les partis politiques.
Le label ATT qui a beaucoup charmé les politiques commence en tout cas à montrer ses limites. Il est clair que nombre des groupes de soutien resteront sur leur faim.
D’ailleurs, est-il possible que le Président de la République donne satisfaction à tous ceux qui lui lèchent les bottes ? Ce qui est clair, des cinq années de son premier mandat, la déception a porté un coup dur à certains de ses amis politiques qui pensent avoir trop longtemps tiré les marrons du feu pour claquer la porte finalement. Au niveau de l’Adéma, l’incertitude fait surgir le risque d’une nouvelle cassure du parti qui pourrait ne plus jamais se redresser. Quant au Mouvement citoyen, les risques sont réels mais ils ne privent pas vraisemblablement de sommeil les militants à la base.
Soumaïla T. Diarra
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