Au cours d’une période de leur histoire politique, Soumeylou Boubèye Maïga et Soumaïla Cissé ont cheminé ensemble. Ils ont ensuite divergé. Le destin leur attribue aujourd’hui le même sort à travers des candidatures controversées. C’est à ce titre qu’ils subissent des pressions politiques dans le dessein de les pousser à renoncer à leurs candidatures à l’élection 2007.
Le retour déconseillé de Soumaïla Cissé
Selon nos sources, le président de la Commission de l’UEMOA, Soumaïla Cissé envisage sérieusement de retourner au Mali pour annoncer sa candidature à l’élection présidentielle de 2007.
A cet effet, il a eu des entretiens, au niveau international avec des chefs d’Etat , des bailleurs de fonds et des cadres internationaux. EN fait, avec la promotion des technocrates tels que Yayi Boni, président du Bénin et Charles Konan Bany, Premier ministre de la Côte d’Ivoire, les experts africains l’ont encouragé à présenter sa candidature, d’autant plus que la situation politique de notre pays traverse ses heures de doute. Notre compatriote est notamment encouragé par ses collègues qui l’admirent pour sa double casquette de technocrate et de leader politique.
Faut-il rappeler que Soumaïla Cissé est membre fondateur de l’Adema-Pasj. Il a remporté la Convention nationale que l’a investi comme candidat du parti à l’élection présidentielle de 2002. Sa candidature fut sabordée par celles de Mandé Sidibé et d’El Madani Diallo qui furent exclus du parti puis réintégré après les élections. Le mal était déjà commis et l’émiettement des militants fut fatal à Soumaïla Cissé qui a perdu l’élection de manière tout à fait honorable. Les résultats du premier tour donnaient 449176 voix à ATT et 333 525 voix à Soumaïla Cissé. L’arbitrage d’Espoir 2002 en faveur d’ATT au second tour a éliminé le candidat de l’Abeille. La terrible déception a poussé les partisans de Soumaïla à créer l’Union pour la République et la Démocratie (URD), Parti qui s’est aujourd’hui ligué avec son "fossoyeur" d’hier, l’Adéma.
Ces circonstances expliquent le refus de certains militants de l’URD, toujours attachés à Soumaïla, de se joindre à la plate forme de l’Alliance Démocratique pour le Progrès (ADP) dans l’attente du retour de leur leader. Pourtant, la frange de l’URD qui a accepté l’alliance avec l’Adéma déconseille la candidature de Soumaïla. Leur motif est que "le terrain est miné" par le général ATT qui est en contact constant avec les masses et dispose des moyens de l’Etat. Selon nos sources, au cours de sa dernière mission à Bamako, Soumaïla a été sommé par certains hauts cadres du pays de ne pas briguer la magistrature suprême. Ils lui ont fait savoir qu’il était plus stratégique de se préparer pour 2012 en ajoutant "que c’était plus rentable et que cela présentait moins de risque", langage que Soumaïla était prédisposé à comprendre. Au demeurant, Soumaila Cissé garde à l’esprit les terribles "trahisons" de 2002 et redoute le défi du grand Rassemblement des Maliens.
Le piège tendu à Soumeylou Boubèye Maïga
Le concurrent malheureux de Soumaïla Cissé à la Convention nationale de l’Adéma-Pasj, M Soumeylou B Maïga vit, aussi, des moments de doute profond. Dans ses principes, Soumeylou est bel et bien partant. Sa logique s’inscrit dans le cadre d’un militantisme qui veut préserver l’idéologie du Parti au détriment des intérêts purement électoralistes. La question est la suivant : "Un Parti politique qui a dirigé le pays pendant dix ans avec une majorité écrasante doit-il s’aligner, dès la perte du pouvoir, derrière un candidat indépendant non issu de ses rangs ? La question reste pertinente du point de vue strictement idéologique car la sociologie politique voudrait qu’un tel parti soit capable de maintenir sa prééminence dans l’ensemble du territoire national.
C’est donc cette prééminence qui est contestable aujourd’hui puisque l’Adéma-Pasj n’a pas présenté de candidat interne. En tout cas, la direction de la Ruche soutiendra la candidature d’Amadou Amadou Touré. Pour parer à l’éventuelle candidature de Soumeylou Boubèye Maïga, le comité exécutif s’est engagé dans la voie de la sensibilisation des militants du Parti afin de lui faucher l’herbe sous les pieds. L’argument invoqué repose sur les statuts et règlement intérieur du Parti. En fait, il serait surprenant de voir Soumeylou B Maïga enfreindre, sans motifs, les textes du Parti; C’est à ce titre, que le CE s’est inscrit dans la logique de radier tout candidat à l’intérieur de l’Adéma Pasj. Des lettres circulaires ont été envoyées aux sections du parti afin de se prémunir de toute "saignée" du Parti. La hantise de la division fait dire à nos sources" l’Adéma-Pasj est un grand malade qui porte encore les séquelles de ses fractures, il ne faut pas enfoncer le doigt dans la plaie encore béante".
Ce sont aujourd’hui ces pressions politiques qui réunissent Soumeylou et Soumaïla autour du même destin : respect de l’idéologie du Parti ou soumission à la direction du Parti. Directions qui ont abdiqué des principes qui stipulent qu’un Parti politique doit concourir à l’ expression du suffrage et à la conquête du pouvoir. Comme le pense certainement Soumeylou Boubèye Maïga, en "déchirant" ces principes, on saborde en même temps la raison d’être d’un parti politique. Quoique des militants comme Assarid Ag Imbarcawane déclarent que la politique n’est rien d’autre que la lutte pour la sauvegarde de ses intérêts. Conception qui a sûrement justifié l’atteinte au règlement intérieur de l’Assemblée nationale qui stipule que le bureau de l’hémicycle est mis en place en s’efforçant de respecter la configuration politique du Parlement. Configuration qui confère au RPM la majorité parlementaire. De ce fait, en ne suivant que ses intérêts, on risque de jeter en pâture aux bestiaux les statuts et règlement intérieur édictés en République du Mali en se fondant sur des majorités artificielles de circonstance
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