Trois raisons fondamentales expliquent la candidature de Soumeylou Boubèye Maïga, le quatrième candidat déclaré à l’élection présidentielle d’avril 2007 motivé par le devoir d’assumer ses responsabilités dans un pays qui va de plus en plus mal.
Dans le bimensuel "Construire l’Afrique HS N° 001" du 1er mars au 30 avril 2007, le candidat dévoile son ambition pour le Mali. Les camarades de l’ancien ministre de la défense et de nombreux sympathisants ont décidé de créer une association ASMA (Association des amis de Soumeylou Boubèye Maïga) tout en lui demandant d’être leur porte-drapeau lors de la prochaine élection présidentielle. C’est la première raison de sa candidature.
L’Adéma Pasj, dont il est le 1er vice-président et qui a dirigé le pays pendant deux mandats de 1992 à 2002, a fini par être complètement déchue de sa mission naturelle de conquête du pouvoir pour s’arrimer au président candidat Amadou Toumani Touré. Refusant "l’idée révoltante qu’un si grand parti ne puisse, à l’interne, proposer un candidat capable de conduire notre pays vers le progrès et le développement et sans violer les textes fondateurs", Soumeylou Boubèye Maïga a décidé d’être candidat, avec l’espoir, dit-il, que les intérêts supérieurs du parti l’emporteront sur les considérations opportunistes, qui ne grandissent point l’Adéma. "C’est dire que je ne désespère pas de voir le parti Adéma revenir dans le bon chemin et m’apporter son soutien", a déclaré le candidat. Mais, si cela n’était pas le cas pour autant, il maintiendrait sa candidature, en considération de tous les espoirs placés en lui, a déclaré Soumeylou Boubèye Maïga, deuxième raison de sa candidature.
Enfin, c’est par devoir dans le contexte d’un pays qui va mal que l’ancien ministre de la défense du Président Alpha Oumar Konaré est candidat dans la course au palais de Koulouba pour succéder à ATT, actuel président. "Oui ! Le pays va de plus en plus mal. Près de 70% de la population vit dans un état de pauvreté absolue, et rien, au regard de ce qui se fait actuellement, ne permet d’entrevoir des lendemains meilleurs … A mon âge et avec les responsabilités que j’ai assumées, le devoir me commande d’être disponible pour le Mali", a indiqué Soumeylou Boubèye Maïga, troisième raison.
Des dirigeants incapables
En parcourant le terrain, ce qui l’a beaucoup frappé, c’est qu’il y avait deux pays : celui qu’on voyait à la télévision, où tout va bien, où les responsables font du show et le pays réel, marqué par la grande détresse, une situation sociale d’une extrême difficulté sur un fond de sentiment de déception, d’impuissance et de désarroi. "Non seulement, les réalisations sont insuffisantes, mais aussi et surtout la population est désemparée, face à l’incapacité des dirigeants actuels à changer leur vie", assène Soumeylou Boubèye Maïga.
"Soumeylou a raison", semblent vouloir dire d’autres leaders politiques maliens comme le président du RPM Ibrahima Boubacar Kéïta ; le président du Parena, Tiébilé Drame ; le secrétaire général de Sadi, Oumar Mariko, les trois candidats déjà investis, les deux premiers appartenant au Front pour la démocratie et le changement (FDR), ou l’opposition malienne. Le dernier (Oumar Mariko) à la surprise générale a tourné le dos au FDR mettant en déroute beaucoup d’analystes qui pensaient que le Front était sa place naturelle.
"Ni avec le FDR ni avec l’ADP", a-t-il appris d’un communiqué de presse du parti Sadi qui prend part au gouvernement à travers son président Cheick Oumar Sissoko. Cette position traduit l’indécision qui résulte d’un dualisme du parti qui, d’une part, est apparenté au FDR et d’autre part participe au gouvernement. A la différence du RPM qui malgré sa participation au gouvernement a franchi le rubicon en participant au FDR. Soumeylou Boubèye Maïga fait sans doute cause commune avec deux candidats investis et membres du FDR à savoir IBK et Tiébilé Drame.
Droit dans le mur
Par ailleurs, celui qui était le 1er vice-président de l’Adéma jusqu’au 24 février (date de sa suspension) Soumeylou n’a pas caché sa colère contre l’Adéma en déclarant qu’un parti qui ne prend plus en compte ses préoccupations n’a pas sa raison d’être et qu’il fallait refuser de se fondre dans un moule d’unanimisme. "Il y a un déficit de perspective et si le pays continue dans cette voie, nous allons droit dans le mur, dans l’impasse", avise t-il.
Selon lui, il n’y a pas un seul secteur où on peut dire qu’il y a eu des progrès réels ces dernières années, y compris le secteur du logement où "on se rendra compte qu’à moyen terme, l’approche nouvelle a des effets pervers importants sur les institutions de financement", prévoit le leader de Convergence 2007. Les populations sont de plus en plus désabusées car les politiques préconisées n’apportent pas une croissance économique durable dans le pays. L’éducation, la santé, l’eau potable et la sécurité alimentaire constituent le socle du développement et méritent un meilleur traitement. Malheureusement rien de tout cela ne donne satisfaction, chaque malien ressent au quotidien ces dures réalités, a-t-il indiqué.
Boukary Daou
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