L’émigration est une question qui divise les candidats en lice pour les élections présidentielles de 2007. Cette pratique courante des populations des pays du Sud et singulièrement le Mali défraie la chronique ces dernières années. En effet, les débats à plusieurs niveaux sont focalisés sur ses conséquences drastiques en particulier pour des émigrés, des candidats à l’émigration. Pendant près d’un quart de siècle, la pratique n’a cessé de prendre des proportions inquiétantes. Si cela s’explique d’une part par les difficultés socio-économiques endurées par des émigrants ou des candidats à l’émigration, force est de constater cependant que l’émigration, d’autre part, est un phénomène qui attire de plus en plus de jeunes en raison de l’influence de ses conséquences positives, de ses retombées sur le développement des localités d’origine de nombreux émigrants.
Ainsi, par rapport à ce facteur, il se développe une sorte de jalousie, de compétition entre les jeunes de tous les horizons à travers le Mali. Cela est un fait indéniable. C’est ainsi que, consécutivement à la montée en flèche des flux migratoires, les pays d’accueil ne cessent de renforcer les mesures de protectionnisme face à l’émigration.
Certains candidats aux élections présidentielles maliennes, faisant feu de tout bois, font de la récupération politique, en faisant croire aux Maliens qu’ils ont des solutions appropriées pour contraindre la France à accepter ce qu’ils veulent. On se demande si, en parlant ainsi, ils n’insultent pas, à la limite, les électeurs. Seuls des hannetons de l’expérience croiront à des histoires du genre.
PLUSIEURS INITIATIVES
C’est ainsi que plusieurs initiatives ont été prises, notamment dans les pays d’accueil, allant de celle de rapprochement des autorités des pays de départ, en vue d’envisager avec elles des mesures qui permettraient d’influer sur le flux migratoire à la baisse, à l’adoption d’une loi sur l’immigration ( le cas de la France avec la loi Sarkozy) qui se révèle drastique aux yeux des candidats à l’émigration, des autorités et des populations de leurs pays d’origine. La France n’est pas le seul pays où se dirigent les émigrés, de nombreux Maliens se rendent ou transitent par l’Espagne.
C’est dans ce cadre d’ailleurs qu’une forte délégation d’Andalousie s’est rendue au Mali et dont l’objectif des membres était d’avoir des séances de travail avec leurs homologues des Affaires Etrangères sur les questions de l’émigration. Il a été, par la suite question de l’organisation d’un grand forum international dans un pays africain concerné par les questions de l’émigration, auquel ont pris part les représentants des pays ayant un lien étroit avec le phénomène. Et c’est au Maroc que s’est déroulée cette rencontre.
UN POINT DE DROIT
Si l’émigration est le fait de personnes physiques, elle ne concerne pas qu’elles, ne dépend pas uniquement de leur volonté. Elle met aux prises au moins deux Etats, chacun ayant des lois spécifiques par rapport à la question. Aussi, est-il de notoriété publique que tous les candidats à l’émigration, qui sont naturellement des étrangers, ont l’obligation de respecter, de se soumettre aux législations en vigueur dans les pays d’accueil, au risque d’en faire les frais. C’est généralement ce qui arrive depuis quelques années à certains Africains qui vont à l’aventure dont de nombreux Maliens. Cela est un point de droit international que nul ne peut contester, pas même les plus grands défenseurs des émigrés.
Alors, la question qui se pose, c’est de savoir si les candidats aux élections présidentielles opposés à ATT et ayant accaparé le thème de l’émigration sont sincères envers les émigrés, les candidats à l’émigration, les électeurs maliens tout court. En effet, à entendre leurs propositions de solutions, ils donnent l’impression d’avoir les moyens d’en imposer aux autorités des pays hôtes. Avec quels moyens vont-ils pouvoir le faire? On comprend qu’au nom de la conquête du pouvoir, ils sont prêts à tout promettre.
LES MALIENS ONT-ILS OUBLIE LES VOLS CHARTERS?
Les Maliens n’ont pas encore oublié les vols charters en direction de notre pays. Cela était devenu régulier. Alors question : où se trouvaient à ces moments ceux qui promettent maintenant monts et merveilles aux Maliens de l’Extérieur? Aux candidats à l’émigration? N’est-ce pas simplement parce qu’ils espèrent ainsi faire de la récupération de voix? Qu’ont-ils proposé ou fait en ces circonstances là? Le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est seulement maintenant qu’ils sont intéressés par ces questions.
Dommage! Dans tous les cas, cela n’est pas surprenant, dans la mesure où le candidat de la CDS , Mamadou Bakary Sangaré, lors de ses messages, n’a cessé de préciser qu’ils ne parlent pas d’hier, mais d’aujourd’hui. C’est sans doute sachant bien que son passé n’est pas glorieux, qu’il tente de mettre l’éponge là dessus. Quant au candidat du PARENA, Tiébilé Dramé, il propose la création d’une structure qui s’occupera de la gestion des questions relatives aux émigrés. Plutôt que de vouloir résoudre un problème, Tiébilé crééra d’autres, à travers l’augmentation des charges de l’Etat dont les ressources sont déjà maigres. Il ne fait aucun doute que leurs propositions sur cette question est de la poudre aux yeux. C’est une manière pour eux de s’attirer un plus grand électorat. Disons qu’ils passent simplement à côté.
Moussa SOW
“