Organisé par le président controversé de la Chambre de Commerce et d”Industrie du Mali, Jeamille Bittar, le meeting de soutien du secteur privé à ATT a été un flop magistral. En effet, en lieu et place de véritables opérateurs économiques, ce sont des militants du Mouvement Citoyen, avec en première ligne, les ministres Djibril Tangara, Ousmane Thiam, Ahmed Diane Séméga et la marmaille des quartiers périphériques de Bamako qui ont pris d”assaut le mercredi 7 mars, le Centre International de Conférence de Bamako.
Dans la panoplie des arguments égrenés pour justifier son soutien à ATT, Jeamille Bittar a projeté des images cousues de fil blanc dans lesquelles il ressort que la santé est gratuite au Mali depuis l”avènement d”ATT au pouvoir, que la nourriture est surabondante au Mali avec un excédent céréalier de plus de 260 000 tonnes et que le secteur privé ne s”y est jamais porté aussi bien, citant comme exemple la bonne gestion de la BDM-SA qui a réalisé cette année plus de 4 milliards de Fcfa. Voilà qui est clair:
Bittar est manifestement à court d”argument pour justifier son attitude purement politicienne et intéressée. Par sa subite incursion dans le champ politique aux côté de ATT, il donne l”impression de vouloir échapper à une éventuelle poursuite judiciaire après la publication du rapport 2005-2006 de la CASCA mettant en cause sa gestion débridée, voire calamiteuse de la CCIM.rn
Annoncé à coup de renfort médiatique à travers la télévision malienne, les radios et journaux de la place, le meeting de soutien de Bittar à travers le secteur privé à ATT a été un échec retentissant.
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D”abord, le secteur privé n”a pas répondu à l”invitation. Les quelques opérateurs économiques qui y étaient sont ceux qui traînent des casseroles à l”image du président Jeamille Bittar lui même (rapport 2005-2006 de la Cellule d”Appui aux Structures de Contrôle de l”Administration). Il y avait aussi Zoumana Traoré dit Sanké qui doit à l”Etat malien plus de 590 millions de nos francs (rapport du Vérificateur Général sur les droits de douanes et taxes rattachées sur les hydrocarbures 2003-2004).
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Les autres comme l”ex-milliardaire Bakoré Sylla sont criblés de dettes et cherchent les faveurs du pouvoir afin de se relever. Toutes les maisons de ce dernier sont entre les mains des différentes banques de la place. Le seul vrai opérateur économique présent au meeting est Alou Tomota, contraint de venir par le pouvoir à travers son "frère et ami", Ousmane Thiam, ministre des investissements, des petites et moyennes entreprises. C”est avec une grande surprise que la presse a vu le richissime Tomota aux cotés de son rival juré, Jeamille Bittar. Ce dernier l”a toujours accusé de corrompre les cadres de la Direction Générale des Marchés Publics ( DGMP) en ce qui concerne les marchés de l”imprimerie au Mali.
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Il est allé jusqu”à dire que les avis d”appel d”offres sont concoctés dans les locaux de Tomota et sont donc rédigés sur mesure. C”est pour cette raison que Alou Tomota lui a déclaré la guerre. Avant de soutenir le camp Djitèye dans le renouvellement du Bureau de la Chambre de Commerce et d”Industrie du Mali. Que Tomota participe à une manifestation organisée par Bittar peut être étonnant.
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En réalité, quand il s”agit de s”entendre sur le dos du peuple malien, ils le font comme larrons en foire. Mais, dès qu”il s”agit des intérêts personnels, la guerre est ouverte. Le comportement de Tomota est vraisemblablement dicté par les intérêts vitaux qu”il partage avec le ministre Thiam qui le protège contre les travailleurs de Huicoma. Ceux-ci n”ont toujours pas leur plan social conformément au cahier de charges de la société, rachetée depuis bientôt deux ans par le PDG de Graphique Industrie.
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Approché par nos soins, Alou Tomota a justifié sa présence par le fait qu”il a été spécialement invité. "Là où l’on parle du secteur privé, nous ne pouvons pas être absent. Si demain Ousmane Guittèye organise une quelconque manifestation au nom du secteur privé, nous serons au rendez-vous" nous a confié Alou Tomota.
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La marmaille au rendez-vous
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La grande majorité des personnes qui ont répondu à l”invitation de Jeamille Bittar sont les responsables et militants du Mouvement Citoyen. En première ligne, les ministres Djibril Tangara, Ousmane Thiam, Ahmed Diane Semega et le coordinateur du Mouvement Citoyen de Ségou Bocar Salia N”Daou, la porte parole des femmes de cette association, Assétou Diarra dite Batoma ( fille du Général Amadou Baba Diarra et chargée de mission à la présidence de la République) et bien d”autres membres de la direction du Mouvement Citoyen.
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Au fond de la salle se trouvait la marmaille de Sabalibougou, Niamakoro, Banconi et des autres quartiers périphériques de Bamako. Et, il a fallu des «Sotrama» et des cars «Bittar Trans et Binké Transport» pour acheminer les groupes d”enfants au lieu de la conférence. Ce qui témoigne, encore une fois, que le secteur privé a boudé Bittar. Le vrai secteur privé n”a pas besoin de ces moyens de transport collectif pour participer à un événement considéré comme le sien.
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Néanmoins, les organisateurs ont pris au sérieux cette manifestation en plaçant des banderoles un peu partout. On pouvait lire sur certaines d’entre elles : "Challenge – Economie, ATT et le secteur privé : une alliance qui gagne" ; «opérateurs économiques, soutenons ATT dans ses œuvres de construction nationale» ; "ensemble, entreprendre pour produire". Des slogans en porte-à-faux avec le comportement de ces opérateurs économiques qui volent l”Etat au cordon douanier, sur les taxes et impôts divers. Ils se rapprochent d”ATT pour voler davantage, corrompre les cadres de la DGMP et des impôts aujourd”hui plus que jamais et se donner les marchés juteux de l”Etat.
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En tout cas, les intervenants n”ont pu développer aucun argument susceptible de convaincre. Le président des commerçants détaillants du Mali, très mal inspiré ce jour-là est allé jusqu”à loger ATT à la même enseigne que Soundjata Kéïta, Sonni Ali Ber, Babemba Traoré, El Hadj Omar, Damonzon Diarra, Firhoun Aménokale… Ces grands hommes, des résistants à la pénétration coloniale, à qui on ne peut guère comparer le Général. Il est vrai qu’on ne peut pas exceller dans la flagornerie sans tomber dans le mensonge et la médiocrité.
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Les contre- vérités de Bittar
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Dans cette mouvance, des images truffées de contre-vérités ont été projetées à l”assistance. La première est relative à l”espérance de vie au Mali qui serait de 65 ans depuis que ATT a pris les rênes du pouvoir. D’après leur propagande, les ménages en situation difficile arrivent actuellement à se nourrir facilement avec un excédent céréalier de plus de 260 000 tonnes, le secteur privé ne s”est jamais porté aussi bien que maintenant. Un exemple pour illustrer cette allégation, c’est le bénéfice de plus de 4 milliards de nos francs réalisé par la BDM-SA. Tout le monde sait que les actions de cette banque sont détenues majoritairement par les Marocains. A l”opposé, que dire de la BHM où l”Etat détient la majorité des actions ? Ici, c’est plutôt la catastrophe pour cause de mauvaise gestion.
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Comme avancée du secteur privé, les images projetées par Bittar mettent l”accent sur la vulgarisation du téléphone. Là, le président controversé de la Chambre de Commerce et d”Industrie du Mali fait référence à Orange Mali qui a obtenu sa licence avec un cahier de charges précis avant l”arrivée d”ATT à Koulouba. Tout ce que le PDG de cette société, Alioune N”Diaye a fait, a été récupéré de façon politicienne. C”est une obligation pour Orange Mali d”étendre son réseau à l”intérieur du pays.
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Elle le fait, pas pour les beaux yeux d’ATT, mais pour ses propres intérêts financiers. Plus grave, dans les images servies aux invités, il est dit que la santé est gratuite depuis l”accession d”ATT au pouvoir. Un gros mensonge que tout le monde peut vérifier en faisant un tour au Gabriel Touré ou au Point G. En vérité, Jeamille Bittar a raté son opération de soutien à ATT. Il revient maintenant à celui-ci de se méfier des soutiens opportunistes et surtout intéressés.
rnChahana TAKIOU“