Présidentielle Malienne : Les arrogants ont perdu la voix

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Partis pour trôner avec arrogance et mépris aux côtés du prince, Mountaga Tall et Choguel Maïga ont subitement perdu la voix. Pourquoi ?

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Le mardi 1er mai 2007. Les porte-voix officiels d’Amadou Toumani Touré, en l’occurrence Mountaga Tall du Cnid et Choguel Maïga du MPR (épaulés par Tiémoko Sangaré de l’Adéma et Souleymane Koné du Mouvement citoyen qui furent plus discrets) se sont livré à une démonstration de mépris qui sentait la haine (et le désir d’humilier) contre ceux qui, dans une démocratie, avaient osé défier le chef : en se présentant contre lui.

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Comme des centaines de milliers de Maliens, mes oreilles ont sifflé quand Me Tall, la faconde en envol, a persiflé en avançant que le score de 70 % attribué derechef à leur poulain n’est que l’expression de leur modestie puisqu’ils avaient carrément écrasé leurs rivaux.

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Passe encore sur le manque de retenue qui a provoqué ce point de presse inopportun. L’essentiel se trouve dans l’expression des deux hommes. D’abord Me Tall. Il appert clairement que pendant cette conférence de presse, le désir de l’avocat n’était pas de vanter la victoire de son chef mais carrément de régler des comptes personnels haineux avec Ibrahim Boubacar Kéita.

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Tous les proches et confidents du leader du Cnid le savent, leur président continue encore à ressasser la vieille rengaine de son séjour en prison du temps du Coppo. Me Tall a visiblement oublié tout le reste de son compagnonnage avec IBK pour fixer son envie de vengeance sur cet épisode.

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Il ne semble même pas se rendre compte que parlant de fief, il n’en a tout simplement pas et que c’est grâce au RPM qu’il a pu devenir député à Ségou. Me Tall qui a actuellement de sérieux problèmes de leadership avec le ministre Adéma de l’Agriculture Seydou Traoré, cherche d’ailleurs à se faire investir en Commune VI à Bamako afin d’éviter de relever le défi à lui lancé par l’ex-gestionnaire des criquets pèlerins.

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Des incendiaires

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D’un point de vue personnel, Me Mountaga Tall a des relations très proches avec ma famille. Mon oncle paternel de Bla lui a voué une fidélité absolue toute sa vie et sa descendance lui a emboîté le pas. Mais j’ai aujourd’hui une sorte de malaise profond pour ne pas avouer de honte intérieure quand je vois cet homme qui avait eu toutes les chances de diriger le Mali n’eut été sa gestion calamiteuse des événements de mars 1991, devenir le porte-parole d’un autre. La réalité politique et la recherche de gloriole ont franchement une limite.

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Quant à Choguel Kokala Maïga, le seul fait, pour les Maliens, de voir l’héritier autoproclamé de Moussa Traoré voyager dans les bagages d’ATT et devenir un de ses laudateurs les plus acharnés doivent les pousser à réfléchir plus sérieusement sur la nature profonde des gens qui aspirent à les diriger.

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Maintenant, en revenant à la question en introduction, il ne serait pas étonnant que le silence brutal de Me Tall et de Choguel soient un ordre venu du président ATT en personne qui a compris que ces apprentis sorciers, loin de lui rendre service, sont ceux qui risquent de plonger le pays dans un cycle infernal de violence.

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L’intelligence la plus embryonnaire chez l’humain nous impose, en période de tension post-électorale, de réfléchir sérieusement avant de diffuser sur les ondes publiques des rodomontades qui révèlent plus un infantilisme persistant qu’une maturité assumée.

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L’élection présidentielle du 29 avril 2007 n’est pas, contrairement aux prétentions outrageuses de Dioncounda Traoré, chose du passé. Ce scrutin a généré un contentieux qui pend actuellement devant la Cour constitutionnelle. Il faut être légaliste et laisser cette instance trancher, dire la vérité. Si la Cour, en toute indépendance, honnêteté et vérité tranche, notre pays servira encore de modèle au monde.

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Les sages doivent se montrer dignes de la confiance des Maliennes et des Maliens en refusant de se soumettre à une autre que celle de l’honneur et de leur conscience. Mais en attendant, nous espérons vivement qu’aucun homme politique malien ne s’affublera de porte-parole aussi irresponsables et arrogants dans le futur.

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Ousmane Sow

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(journaliste, Montréal)

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