De tous les candidats déclarés ou non à la présidentielle d’avril prochain, celui qui parcourt le Mali dans tous les sens aujourd’hui reste évasif sur un éventuel projet de société. ATT n’a aucun programme, aucune initiative pour corriger ses erreurs et surtout celles nombreuses de ses collaborateurs malgré cinq ans au pouvoir. Pis, il tombe dans l’autosatisfaction béate donnant ainsi de la matière à ses opposants.
Ils seront peut-être six ou sept candidats à compétir pour le fauteuil présidentiel en avril prochain ! Le chiffre importe peu en la matière dans un pays de moins de 12 millions d’habitants où les électeurs (estimés à 7 millions, quel ridicule !) ne semblent pas avoir assez de prise sur les résultats sortis des urnes.
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Car ils n’ont pas souvent le « droit » de choisir. Leur bulletin étant considéré comme du papier bon pour la poubelle. Cette situation est assez inquiétante, car le fait consacre un certain déni de l’expression démocratique. A un mois de l’élection, les vrais débats sont occultés et l’espace occupé par le one man how du candidat sortant. A moins que nos candidats ne soient pas responsables et convaincus du rôle qui est le leur dans la conscientisation et l’éducation du peuple malien.
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Nous ne présageons de rien. Cependant, nous craignons que la compétition, avant d’être ouverte ne soit biaisée, que les règles du jeu soient faussées. Il nous faut un vrai chef d’Etat et un bon président de
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Pour l’essentiel, nous assistons étonnamment à l’appauvrissement du contenu des discours du seul candidat non déclaré en campagne. Il se doit de s’empêcher de véhiculer des discours aux antipodes de la démocratie, de l’Etat de droit et des valeurs universelles fondatrices de notre société moderne. Politicard souvent imbu d’un ego hypertrophié, il ne rêve que d’une chose : s’asseoir sur le fauteuil présidentiel et jouer au maître du palais. Tout le reste n’est à ses yeux que divertissement et perte de temps !
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Or, chaque Malien a le droit de convoiter le fauteuil présidentiel, mais nul n’a le droit de résumer le Mali à sa seule personne, comme si l’Etat n’était pas une continuité. « Le Mali c’est moi », comme l’aurait dit l’autre. Une fois reconduit pour un second mandat, entouré de cette nébuleuse d’opportunistes, nous ne savons pas où ATT va nous mener pour la bonne et simple raison qu’il ne se voit pas obligé de nous dire, au moment de solliciter nos suffrages et notre confiance, clairement quels sont ses projets réels pour notre pays et quelles sont ses ambitions réelles pour les Maliennes et les Maliens.
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Face aux grands dossiers qui constituent le défi majeur pour nous, il ne s’exprime point avec la lucidité et la clarté qu’il faut. Il occulte la réalité, joue au superfétatoire et essaye de nous mener par le bout du nez en nous servant des anecdotes puériles dignes de contes pour enfants. Il cautionne tacitement toutes les pratiques dangereuses qui compromettent l’avenir du pays. Il se complait dans le silence tacite et coupable quand il faut parler, orienter, décider ou simplement donner conseil. Ce silence-là éclaire les limites dans lesquelles ATT et les hommes politiques qui le soutiennent entendent nous contenir, faute de pouvoir nous proposer autres choses meilleures comme la mise en œuvre d’une nouvelle gouvernance, fondée sur la responsabilité et la transparence dans la gestion des affaires publiques.
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Tout ce spectacle, officiellement pour faire plaisir ou pour manipuler le vote des populations rurales. On peint au vernis alors que l’intérieur donne la nausée. Comme quelqu’un l’a dit : la campagne ne portera pas sur le bilan, mais plutôt sur les programmes, sur les corrections à apporter aux faiblesses et insuffisances notoires constatées. Le bilan n’est l’œuvre d’aucun individu ; il est le fait de la nation tout entière.
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A la recherche d’un référentiel
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Le Mali, c’est la patrie de millions de citoyens qui suent sous le soleil pour avoir leur pitance dans l’honneur et la dignité. A ceux-ci, il faut de la vérité, de la sincérité dans les propos, plus de considération. Ces citoyens qui aspirent à plus de justice, à plus d’égalité, à davantage d’autorité, à la loi et à l’ordre, à plus d’équité dans le partage des richesses et du pouvoir entre tous les fils du pays, ne récoltent que dédain et méfiance partout où ils se rendent.
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Ceux-ci ont pourtant fustigé le clientélisme, le népotisme, le patrimonialisme et le régionalisme dans le choix des cadres qui dirigent et dans le choix des localités qui reçoivent les investissements nationaux. Ce qui n’a pas stoppé la nomination de cadres obligés pour pomper l’argent du contribuable à des fins électoralistes et régionalistes. Ils assistent impuissants à l’autre tumeur non moins cancérigène de notre société depuis 2002, qu’est la personnalisation de l’Etat. Toutes les dictatures sont nées ainsi et le Mali ne fera pas exception sauf s’il y a un sursaut national à temps.
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A la différence de ses prédécesseurs, ATT souffre du référentiel social. A l’opposé de fortes personnalités sculptées dans le granit et tirées de leur ascendance et de leurs parcours universitaires, ATT offre le troubadour. Les réceptions/inaugurations ont pris le pas sur les réalisations durables ; on frise le culte de la personnalité ces derniers temps. Ici c’est la réception des logements sociaux ou des tronçons goudronnés inachevés, là-bas, c’est le festin autour d’un nouveau club de soutien monté, le lendemain c’est des tracteurs offerts à des jeunes, le soir c’est du fric dans une mosquée. Nous ne voulons pas de ces « symboles » qui bâtissent leur stratégie sur l’achat de conscience ou l’infantilisation de nos vénérés chefs religieux ou autres leaders d’opinion.
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Même en politique, il doit exister de la morale. Evitons donc d’inviter les chefs religieux et coutumiers dans l’arène politique, ils y laisseront leurs plumes. Ce qui serait dommage pour la sauvegarde de nos valeurs morales. Cette stratégie qui a pour objectif de gagner les élections coûte que coûte, pourrait faire ressurgir des rivalités d’antan enfouies et soumettre notre pays à des secousses inutiles, parfois entre régions ou entre collectivités. Nous ne voulons pas de leaders qui acceptent de faire sortir nos imams de leur rôle originel qui est de veiller sur la morale des citoyens.
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Nous ne voulons pas de leaders qui cherchent à imposer l’hégémonie d’un clan ou de parias dans nos quartiers et villages. Nous ne voulons pas de leaders qui veulent faire de notre future Assemblée nationale une chambre d’enregistrement aux ordres d’un illuminé. Nous vomissons ces leaders politiques qui ont la courbette facile devant un chef qui étale de plus en plus son incompétence, surtout dans la gestion de l’Etat, son mépris et son égocentrisme. Un homme sans vision claire, vivant dans l’obscurantisme le plus total et accidentellement investi à la tête du pays. Si nos leaders ne songent qu’à arriver au pouvoir à n’importe quel prix, y compris celui de réveiller les démons du régionalisme et en faire une donne politique de référence, alors notre « démocratie » a encore de beaux jours devant lui !
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Notre président sortant est politiquement irresponsable parce qu’il ne prend pas de véritables décisions politiques et cette absence d’autorité doit lui imposer une grande humilité. Dommage !
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Monzon
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