Comme s’ils étaient abonnés aux sorties publiques, le président du RPM et ses nouveaux compagnons politiques – après leur meeting de contestation contre les résultats provisoires du scrutin du 29 Avril, une marche de protestation puis moult conférences de presse – se sont retrouvés, avant-hier, pour rabâcher les mêmes réserves contre la marche démocratique du pays.
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Mais puisque les manifestations publiques doivent avoir un tant soit peu de traits distinctifs, celle du samedi s’est singularisée par une clarification de la future conduite du Front : ni boycott des législatives ni refus de reconnaître les institutions de la République, mais le FDR reste persuadé qu’une concurrence déloyale a émaillé le jeu. Aussi, en tournant la page, IBK n’a pu se passer de tancer les religieux du Mali, des anciens amis qu’il a tacitement pris pour des complices très intéressés de la maldonne.
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Pour un meeting d’information, ç’aura été le plus laborieux et le plus insipide du regroupement des quatorze (14) formations et associations politiques, depuis que le FDR a été porté sur les fonts baptismaux. Les leaders du Front ont certes été accueillis par une salle comble à refuser du monde, mais il n’est pas exclut aussi que la mobilisation a été atteinte au prix d’acrobaties et de réaménagements de calendrier. Prévu donc à 9 heures 30 du matin, le rassemblement n’a pu débuter qu’à 11 heures probablement parce les organisateurs se sont donné le temps de réunir le maximum d’invités pour combler de rangs manifestement desserrés.
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Faut-il ajouter à cela l’insuffisance remarquable de décor sur les lieux pris d’assaut certes, mais par une foule dont le manque d’enthousiasme et de ferveur pouvait se juger à la timidité devant les cris de slogans. Qu’à ce la ne tienne, l’ambiance semblait assez satisfaisante pour transmettre un message qui n’était pas forcément destiné à l’auditoire présent. En effet, le meeting d’information du Front pour la République et la Démocratie aura surtout été une redondance de dénonciations antérieures de la présidentielle avant de lever certaines équivoques sur la posture politique du regroupement.
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Pour le premier aspect de la question, le FDR s’en est tenu au contenu d’une récente déclaration sur les résultats définitifs de la présidentielle ainsi qu’au développement de certaines contradictions relevées dans l’Arrêt de la Cour constitutionnelle. Cette tâche est revenue à l’avocat maison, Me Mamadou Gakou, pour les démonstrations juridiques des violations que le FDR impute aux juges constitutionnels. Le président du COPP s’est par ailleurs étonné que la Cour constitutionnelle considère ATT comme la cible des requêtes en annulation introduite par les avocats de son regroupement.
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Les porte-parole des jeunes et des femmes FDR devaient ensuite lui emboîter le pas pour s’en prendre aux Juges constitutionnels, dénoncer une « mascarade électorale » avant d’assurer leurs candidats malheureux à la présidentielle d’un soutien consolateur.
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Comme on peut s’en douter, le N°1 du Front n’était pas demeuré en reste. Intervenu en dernier lieu, IBK ne s’est pas non plus illustré par des propos moins agressifs. « Le Mali mérite mieux que d’être ravalé au rang de république bananière », a-t-il accusé, rallongeant à son tour le chapelet d’accusations sur le régime et la présidentielle. Pour IBK, tout démontre que les candidats FDR – et particulièrement celui du RPM – sont les victimes d’une « fraude d’État » rondement menée pour faire élire ATT dès le 1er tour de la présidentielle. Abordant la situation avec une dose de fatalisme et de discernement, le patron du Front pour la Démocratie et la République a exhorté ses rangs à s’y accommoder en acceptant la sentence et en se singularisant par une comportement de républicain. « Dura lex ced lex », a-t-il rappelé, laissant entendre du même coup qu’une responsabilité historique lui commande cette résignation. « Notre passé ne nous autorise pas boycotter et à ne pas reconnaître des institutions », explique-t-il, en rappelant ses épreuves personnelles face aux vagues destructrices de l’ancien COPPO.
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Et IBK de déclarer qu’il s’en remet à Dieu et qu’il n’éprouve aucun complexe à considérer ATT comme le président de la République. Mais en tournant ainsi la page de la présidentielle, le challenger le plus sérieux du locataire de Koulouba ne décolère pas contre les notabilités religieuses qu’il avait jadis courtisées pour ses objectifs électorales. Justifiant sans doute son intransigeance lors des récentes intermédiations post-électorales, IBK n’a point tari d’insinuations calomnieuses sur le parti pris des ordres religieux dans le combat électoral de 2007. «Ils méritent notre respect tant qu’ils se mettent (les religieux Ndlr) à hauteur de leur mission dans la société; mais rien ne nous y oblige si ce n’est pas le cas», a-t-il martelé en bambara, ajoutant qu’il le leur a personnellement dit à la faveur de leur rencontre. Le président du RPM ne s’est point arrêté en si bon chemin. Allusion faite aux motivations très intéressées de leur partialité, il a renchéri par les propos ci-après : «on ne peut pas recevoir telle ou telle chose et venir raconter des histoires». Pour qui sonne le glas ?
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A Keïta
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