Obnubilé par la recherche d’un mandat (qui ne pourrait ne pas être le second pour lui), le chef de l’Etat, au mépris des vertus cardinales d’un homme d’Etat, soucieux de la justice, a décidé de tout mettre dans la balance pour se forger un nouveau destin.Il en est ainsi de sa récente visite dans les régions de Gao et Mopti, où frisant le ridicule, dans son langage d’une légèreté déroutante, il a tout simplement tenu en substance ce «lead» : «L’expérience a prouvé dans notre pays que les forts taux de participation aux élections sont comptabilisés au Nord. Je vous demande de redoubler d’ardeur pour que cette fois-ci aussi, le cap soit bien tenu, afin que ceux qui vont gagner gagnent très bien et ceux qui vont perdre perdent très bien. rn
Ainsi s’est exprimé, le Général Amadou Toumani Touré à toutes les étapes de son voyage qu’il vient de boucler dans le Nord du pays, voyage abondamment relayé par l’ORTM, et autre média devenu un réel motif d’inquiétude, à la limite même de la subversion dans un Etat démocratique. Hélas, car cette maison revient de loin.
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Rien ne semble arrêter le Général décidé à se donner un deuxième mandant. Il n’économise ni son ardeur physique-qui lui appartient après tout- ni les sous de l’Etat. En fait de visite d’infrastructures, une tournée hautement électoraliste pour s’entretenir avec les chefs de villages, ces notabilités qui pense-t-il, vont faire la différence en donnant des consignes de vote en sa faveur. En voici le mode d’emploi. Les témoins oculaires, comme au temps du Christ, ont compté les ministres suivants : Zéïnab Mint Youba Abdoulaye Koïta, Oumar Ibrahim Touré, Oumar Hamadoun Dicko. Ces ministres, pour la circonstance, étaient accompagnés de certains membres de leurs cabinets. Les mêmes témoins ont même noté la présence de Directeurs Administratifs et Financiers, don celui de la Santé. Une première, car un DAF a beaucoup à faire. Mais il ne se cache plus qu’ils sont comme larrons en foire, «en campagne».
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Le mode d’emploi du protocole de ces visites a choqué plus d’un. En voici le déroulement tel que vécu. A Bourem, les populations étaient surprises ne voyant rien qui justifie la visite du chef de l’Etat. Les cadres du Nord qui ont des attaches avec cette ville, peuvent témoigner des appels téléphoniques qu’ils ont reçus par rapport à l’objet de cette visite.
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Mais même quand vous ne voulez pas voir ATT, il vient quand même vous apporter la bonne nouvelle. N’est-il pas la providence faite homme? ATT vient à Bourem pour n’inaugurer que la maison des jeunes de la ville, maison construite par d’autres bonnes volontés connues. Rien que pour çà ! ATT ne veut même pas s’arrêter pour apprécier l’immense effort abattu par les femmes de Bourem dont l’engagement a permis d’arrêter net la progression du sable qui menace les hommes et leurs biens. Que va-t-il faire avec une activité qui ne vient pas de lui et dont la réussite même crève les yeux ?
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ATT ne veut même pas que les habitants de Bourem remercient le ministre de la Santé, qui a agi pour la construction d’un centre de santé très moderne. «Elle n’a fait que son devoir», a-t-il dit lapidairement. A partir du moment où les populations sont sorties massivement pour rendre grâce à ATT, pourquoi citerait-on un ministre ?
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De toute façon, dans son nouvel élan, ATT ne semble vouloir rien devoir à qui que ce soit. Il est au début, au milieu et à la fin. Il construit des ponts, des barrages, des écoles, fait pleuvoir la pluie. Jusqu’où alors ne va-t-il pas aller ?
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Dans tous les cas, les discours ne sont que pour le décor. ATT s’empresse d’aller saluer les notabilités réunies en un lieu. Ici, il parle de tout et surtout des élections. Il sort furtivement et ses services financiers s’empressent de compter les billets de banque. Exactement 50 millions pour les notables de Bourem.
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Cet argent a été donné par un cadre de la présidence bien connu pour être une girouette à la solde de tous les régimes.
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Il a d’abord approché Ramos, le beau frère du Président Moussa Traoré qui l’a aidé à être à la tête d’une grande société du pays. Il s’est ensuite approché de Djibril Diallo, ponte de l’UDPM. Aujourd’hui, il est au service de ATT.
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Il est dans ATT, aurait-on pu dire. C’est ce même cadre qui devance la délégation à Hombori où ATT a décidé d’aller présenter ses hommages à la famille du chef de Canton, Balobo. Il laisse tomber là, 40 millions.
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Le même rituel est reconduit à Boni, le village de Moustaph Dicko, aujourd’hui député. A Gossi, à Douentza. Pour ce voyage du président ATT, les témoins sont formels: il y avait un véhicule d’intendance bourré de billets de banque. Et ce sont les services secrets déçus de ne même pas récolter des broutilles qui parlent. Ils parlent trop, car eux aussi sont indignés de cette nouvelle façon de faire
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Il reste que le partage de ce pactole si subit et soudain génère des conflits après le passage de ATT. Et c’est ce qui est en train de se passer sur tout le trajet présidentiel.
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Hambodédio BARRY
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