A la différence de nombreuses formations politiques qui ont baissé pavillon pour ATT, la Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (Sadi), à l’issue de son 2e congrès ordinaire le samedi dernier à Koutiala, a décidé de présenter un candidat à l’élection présidentielle de 2007.
"Ce congrès pour nous était le congrès de tous les dangers car la survie de Sadi en dépendait. Si jamais, les responsables avaient décidé de ne pas présenter de candidat et de soutenir ATT à la présidentielle, on allait enterrer Sadi pour de bon ici à Koutiala. Heureusement que la montagne a accouché d’un éléphant".
Ces propos d’un militant Sadi de Kayes démontrent l’engagement des "Sadiens" à faire la politique autrement. Même les banderoles affichées dans la nouvelle salle de spectacle qui a accueilli les 500 délégués de l’intérieur et de la Côte d’Ivoire, en disaient long sur cette soif de changement. "Sadi : récupérons la marche historique de notre pays" ou "le changement au cœur de notre action", pouvait-on lire.
En effet, après une analyse de la situation politique nationale (marquée par une extrême confusion qui noie les questions fondamentales et l’absence d’un cadre de débat serein et ouvert à toutes les forces politiques (accès inégal aux médias d’Etat, confiscation de toute possibilité d’expression politique et syndicale), le parti Sadi a décidé d’aller aux élections générales de 2007 sous ses propres couleurs. Les instances du parti se réuniront les 23 et 24 février prochains à Ségou pour peaufiner le programme politique, le projet de société du parti et désigner un candidat à la présidentielle.
Le parti Sadi, pour atteindre ses objectifs, n’exclut aucune alliance qui se fait sur la base d’une plate-forme politique minimale avec des objectifs clairs pour un programme de gouvernement.
Le plan Sadi pour l’autre Mali
Ainsi, le parti a défini quatre urgences à savoir l’économie non extravertie, l’agriculture qui sera la base du développement économique, l’engagement de l’armée dans la lutte contre la désertification et l’ensablement des fleuves, lacs et mares et sortir l’école, l’avenir du Mali, du programme d’ajustement structurel.
La présence remarquable du secrétaire politique du RPM, Bakary Koniba Traoré, le fanion de Sadi au cou, et son discours élogieux au congrès ont soulevé bien des interrogations chez les analystes politiques du Miankala. "Ennemi hier, ami aujourd’hui, ah la politique !", a commenté un de nos voisins dans la salle quand le maître de cérémonie a été interrompu pour annoncer l’entrée en salle de Bakary Pionnier.
Le congrès a, en outre, enregistré la présence des représentants des partis UDD, Cnid, RDS, Miria, US-RDA, du Mouvement citoyen, des notabilités et des autorités locales.
Auparavant, le président du parti Cheick Oumar Sissoko a rendu un vibrant hommage aux populations de Koutiala qui ont épousé la cause Sadi. C’est pourquoi, dira-t-il, le choix du Miankala pour ce congrès, s’imposait par les faits. "En plus de la légitimité politique de Sadi, c’est en partie grâce à Koutiala que Sadi a relevé le défi de la démocratie. Par le refus de la corruption politique, Koutiala a fait élire 6 députés Sadi dont des gens issus du peuple travailleur qui est majoritaire dans notre pays, c’est-à-dire un paysan, un fripier, un ouvrier".
Aujourd’hui, le parti se retrouve avec zéro député. Un recul de la démocratie, selon M. Sissoko, pour qui la classe politique malienne doit prendre en charge la question de la transhumance des députés parce qu’elle ne contribue pas au renforcement de la démocratie. Le parti dispose cependant de 97 conseillers dont 6 maires élus aux élections communales de 2004.
Le parti, qui a enregistré des défections, a été remembré. C’est une équipe de 27 personnes dont quatre femmes qui est appelée à traduire en actes concrets les décisions issues du congrès.
Sidiki Y. Dembélé
(envoyé spécial)
Encadré
La cause des masses laborieuses
Au Mali, analyse Sadi, la situation sociale n’est pas reluisante. Selon le parti, le développement actuel du capitalisme dans notre pays continue de marginaliser de façon impitoyable les masses populaires, les plongeant dans une misère exécrable. C’est pourquoi le parti, qui a répondu aux sollicitations des ouvriers de Morila, de la CMDT, de l’Huicoma et aux paysans de l’Office du Niger, invite les autorités à créer les conditions d’une véritable justice sociale et économique.
Le parti a également dénoncé l’expulsion manu militari des Maliens de France dans des conditions inhumaines et souvent avec la complicité de certains responsables de nos consulats. Sadi déplore l’absence d’une riposte politique coordonnée à l’échelle du continent africain et l’absence d’une politique nationale pour protéger les intérêts de nos compatriotes.
S. Y. D.
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