Pour une de ses plus grandes sorties médiatiques, le Front pour la démocratie et la République (FDR) a dressé des constats accablants sur le fichier électoral, le bulletin unique, l’immixtion de l’armée et de l’administration dans le processus électoral, etc. Le regroupement politique créé par le RPM, la CDS, le Parena et Convergence-2007 a réitéré l’annulation pure et simple des signaux du candidat ATT portant un slogan de campagne. Mais, le FDR se garde de tout boycott.
L’article 94 de la loi électorale interdit tout signe distinctif sur les bulletins de vote. Le modèle de bulletin unique confectionné par le ministère de l’Administration territoriale et des Collectivités locales (MATCL) sur lequel figure la photo des huit candidats, semble fausser les règles du jeu, aux dires des représentants du FDR.
rn
Hamed El Madani Diallo, Abdoulaye Traoré dit Diop, Mme Kéita Rokiatou Ndiaye, Toumani Djimé Diallo, Djiguiba Kéita dit PPR, Moussa Balla Diakité, ont affirmé au cours du point de presse de mardi 24 avril 2007 au CICB, que le MATCL « a violé la loi électorale en inscrivant sous la photo d’ATT figurant sur le bulletin de vote, le slogan de campagne de celui-ci : ATT, un Mali qui gagne ». Ils ont demandé par conséquent l’annulation dudit bulletin en vue de le faire remplacer par un autre.
rn
Le bulletin unique, dans sa forme, ne comporte pas, à leurs dires de garantie contre la fraude. En donnant l’exemple de la Mauritanie et de la RDC, qui sortent d’élections présidentielles les mieux organisées où le bulletin unique a été utilisé. Mais, il s’agissait de bulletins imprimés sur papiers filigranés, numérotés par carnet à souche de 50 dont la distribution se faisait dans les bureaux de vote sur la base d’une numérotation séquentielle, ont-ils affirmé.
rn
« La confection de bulletins non numérotés sur du papier ordinaire et sur de simples feuilles volantes est un choix discrétionnaire du MATCL, sans l’avis préalable des partis et des candidats », a tranché le Pr. Diop, selon qui cette décision unilatérale de nos autorités cache « une intention frauduleuse manifeste ».
rn
Toumani Djimé Diallo a expliqué qu’ils ne sont d’ailleurs pas étonnés par la saisie la semaine dernière de vrais bulletins de vote à Kadiolo et Koutiala qui a fait l’objet de constat d’huissier, selon Me Harouna Kéita. A en croire Toumani Djimé Diallo, cela n’est guère une surprise pour eux que ces bulletins ont été retrouvés en zone cotonnière où le PDG de la CMDT et le président de l’Apcam ont promis chacun 300 voix d’électeurs par bureau de vote à ATT.
rn
Parodie d’élection
rn
Le fichier électoral, un autre objet de la colère du FDR, est qualifié par les conférenciers de « véritable capharnaüm », ouvrant la voie à la fraude technologique et conçu pour faire « des opérations para commandos que de vraies opérations électorales ».
rn
L’une des anomalies du fichier, constatée par le FDR, est qu’il n’est pas verrouillé. Toumani Djimé Diallo a affirmé que le vendredi 20 avril 2007, la DGE qui recevait de nombreuses plaintes des internautes s’était mise à le rectifier et a fini à le retirer du site pour éviter que le pot aux roses ne soit découvert.
rn
Autres récriminations : « le fichier n’a pas été remis sur clé aux partis, seule la carte électorale l’a été. En plus il comporte de doubles et quadruples inscriptions », ont plaidé les représentants du FDR. Considéré comme une véritable passoire par les conférenciers, le fichier foisonne d’erreurs portant sur les dates de naissance, adresses, orthographe de nom, etc. Il comporte des inscriptions de mineurs, de personnes décédées…
rn
Le FDR s’indigne du refus de l’audit du fichier qu’il n’a de cesse demandé. « Le fichier a été conçu de manière à prendre en otage les élections », juge Hamed El Madani Diallo.
rn
A en croire Toumani Djimé Diallo, le MATCL a retiré la conception du fichier électoral à une société informatique de la place qui aurait refusé de lui remettre le code source. Ce code, dit-il, permet d’accéder facilement au fichier pour faire n’importe quel tripatouillage.
rn
L’administration et l’armée sont épinglées pour avoir pris d’assaut le processus électoral. Le gouverneur de Bamako, Ibrahima Féfé Koné, est accusé d’avoir substitué sa propre liste d’assesseurs de Dravéla au bureau de vote 157, (composée des militants du Mouvement citoyen) à celle du maire de la Commune III. Sur la liste du gouverneur Koné figure le nom de Mamadou Oury Fofana (paix à son âme) écrit Mamadou Goury Fofana, tué dans l’accident de la route du car du Mouvement citoyen en provenance de Gao après l’inauguration du pont de Wabaria.
rn
Le projet de vote anticipé des militaires est aussi dénoncé par le FDR. Selon Djiguiba Kéita dit PPR et El Madani Diallo, « si le gouvernement a refusé l’audit du fichier électoral en arguant qu’il n’a aucune base légale, le vote anticipé des militaires n’est pas prévu par nos textes ». Selon eux, des militaires ont déjà voté dans une caserne à Ségou sans leurs assesseurs parce que le général Kafougouna Koné leur avait dit que les militaires voteraient dans les mêmes conditions que les civils.
rn
Ils s’insurgent contre la décision du préfet de Nioro, qui avait nommé des militaires chefs de bureau de vote. Une décision annulée dans sa généralité et appliquée au nord du cercle, suite aux protestations du Parena et du RPM.
rn
Pour le Pr. Diop, « la peur a changé de camp », ce qui explique, selon lui, le vote anticipé des militaires, l’attitude du gouverneur Féfé Koné, la circulation de bulletins parallèles à des fins de fraude, etc.
rn
Abdrahamane Diccko
rn
“