En cette période préélectorale, le traitement fait de l’information par les médias publics et privés ne plaît pas du tout au camp présidentiel.
Un des leaders de l’Alliance pour la Démocratie et le Progrès (ADP), Me Mountaga Tall, président du CNID l’a clairement signifié le dimanche dernier lors de l’émission "le débat africain" organisé par le service Afrique de Radio France Internationale et animé par notre confrère Thierry Peret.
Appelé à se prononcer sur le thème "Mali : la fin programmée du consensus" en même temps que trois autres hommes politiques de la place à savoir Tiébilé Dramé du Parena, Toumani Djimé Diallo du RPM et Abdoul Wahab Berthé de l’URD, Me Tall à court d’arguments préféra s’attaquer aux médias publics et privés.
Pour montrer la liberté de ton de la télévision nationale, il fera référence à l’émission "la revue de la presse" autrement dénommée "le journal des journaux" où il estime que, "par l’impuissance du pouvoir, on occulte tous les sujets favorables au régime pour ne diffuser que les sujets néfastes" avant d’ajouter que "les médias publics et privés sont aujourd’hui contrôlés par des puissances opposées au pouvoir".
Un tel jugement fait par Me Tall sur la presse malienne est plus que surprenant. En effet, ce n’est pas parce qu’aujourd’hui il est en train de goûter aux délices du pouvoir qu’il oublie ou tente d’ignorer superbement le rôle joué par la presse dans l’avènement de la démocratie.
Dans l’exercice de notre profession, surtout en période électorale, nous journalistes, nous sommes conscients qu’aucun parti politique, aucun candidat, aucun organisateur électoral ne mérite d’être traité de façon indigne par la presse. Nous savons aussi qu’aucune institution, aucun événement, aucun enjeu électoral ne doit faire l’objet d’un traitement injuste.
Me Tall doit lui aussi savoir que nous sommes le mal nécessaire dans la cité mais que chacun aimerait bien domestiquer et subordonner à ses fins propres, sans bien sûr qu’il n’en paraisse rien, car la presse fait partie des institutions essentielles à la démocratie.
S’y attaquer ouvertement ou tenter de la museler, surtout en période électorale risque fort de faire passer pour antidémocratique quiconque s’y aventurerait.
Malheureusement c’est à ce jeu antidémocratique que Me Tall se livre aujourd’hui. On tient simplement à lui dire qu’il se trompe de combat et d’adversaire.
Birama Fall
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