Présidentielle 2007 : Le Consensus vainqueur d’IBK et du FDR

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La gestion consensuelle du pouvoir prônée par ATT au lendemain de sa victoire sur Soumaïla Cissé au second tour de l’élection présidentielle de 2002 vient de connaître un épilogue inattendu, au premier tour d’une présidentielle 2007 de tous les dangers, au détriment des ténors du FDR défaits par un score sans appel : victoire du président sortant, par plus de 70% des suffrages des électeurs,  à qui ses partisans ont offert le Takokélen promis. Cerise sur le gâteau, tous ses adversaires qui ne l’ont pas du tout ménagé pendant la campagne, ont été durement laminés dans leurs fiefs respectifs. Il en a été ainsi de IBK (président du RPM et de l’Assemblée nationale), Tiébilé Dramé (président du Parena transfuge de la Mouvance présidentielle), SBM (exclu de l’ADEMA et candidat de Convergence 2007), Mamadou Blaise Sangaré (président de la CDS).

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On ne s’attendait pas à un tel plébiscite d’ATT par les électeurs à un tel niveau, vu la dimension politique de ses adversaires, leurs expériences réciproques et les potentialités qu’ils laissaient entrevoir. Mais les Frontistes ont prévu tous les paramètres sauf un et non moins essentiel : le Consensus, cette trouvaille magnifique du héros de la Révolution du 26 mars, auquel ils avaient adhéré avec conviction, de toutes leurs forces. Certains ont pu dire qu’en adhérant à cette politique jamais vue nulle part dans le monde en démocratie,  les hommes politiques et leurs partis, se sont livrés pieds et poings liés à ATT.

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En inventant ce concept qu’est-ce que ce dernier avait en réalité derrière la tête? Les leaders appâtés par le gain politique facile et les vagues promesses du président Amadou Toumani Touré n’en avaient cure. Sans trop se poser de questions, ils se sont précipités dans le créneau, croyant participer à un moment fort de l’Histoire du Mali moderne  tout en étant conviés aux grandes ripailles du festin démocratique! Evidemment la proximité de fruits immédiats avait pris le pas sur la prudence, la circonspection que donne l’instinct de conservation et les calculs politiciens qui se nourrissent d’analyses pertinentes et de doutes méthodiques.

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Le président Amadou Toumani Touré en réalité n’en avait pas fait une question ou une occasion de partage de postes, mais une nécessité vitale de réconcilier, rassembler et unir toutes les forces politiques autour de sa personne et de son programme pour donner toutes les chances à notre pays d’aller résolument de l’avant.

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Beaucoup de  frustration et   peu de profit

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L’ADEMA, le plus grand parti de l’échiquier politique ayant décidé de ne pas aller à l’opposition, s’était placée au premier rang de la mouvance présidentielle au lendemain des Législatives de 2002 où elle avait été, pour cause d’annulation de milliers de voix par la Cour constitutionnelle, perdu la majorité au parlement au profit du RPM d’IBK soutenu par Espoir 2002, une alliance de partis qui comprenait entre autres le CNID de Me Montaga Tall, le MPR de Choguel Kokalla Maïga. etc.      

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IBK et les siens croyaient que la gestion consensuelle du pouvoir à laquelle ils avaient adhéré était synonyme  de reconnaissance du fait majoritaire. Les péripéties de l’élection du Bureau de l’Assemblée nationale et de son président se sont chargées de leur prouver le contraire. Cerné de toute part par la Mouvance présidentielle coalisée pour empêcher son accession au Perchoir, IBK n’a dû son poste au sommet de l’Assemblée nationale qu’au bon vouloir du locataire de Koulouba. Les frustrations ont été encore plus grandes lors de la formation du gouvernement de consensus. Le RPM et Espoir 2002 ont eu la portion congrue avec six ministres dont trois pour le parti d’IBK contre trois pour l’ADEMA. En ce qui concernait la Primature, tout le monde se retrouvait dos-à-dos avec le choix successivement fait par ATT pour diriger les différents gouvernements de personnalités non marquées politiquement : Ag Hamani, ensuite Youssoufi Maïga. Des événements importants qui, paradoxalement,  n’allaient pas empêcher IBK de réaffirmer sa loyauté et sa confiance en ATT. Alors que Dioncounda Traoré, le président de l’ADEMA, le chef de file de la Mouvance présidentielle, ruait dans les brancards en ne craignant pas d’affirmer que le consensus ainsi nommé n’avait rien de démocratique et qu’au lieu de gestion consensuelle, il fallait parler de gestion concertée du pouvoir. Soumeylou Boubèye Maïga, 1er vice-président, est allé plus loin en se  mettant de manière délibérée en marge de la discipline de ce parti.

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En créant Convergence 2007 et en se portant candidat au non de cette entité, il croyait pouvoir capitaliser à son profit tous les mécontentements et toutes les frustrations issus du soutien inconditionnel du Directoire de l’ADEMA à la candidature du président sortant. Bien avant cet événement plein de significations, IBK, au lieu de prendre le taureau par les cornes et ses distances en rompant les amarres,  laissait planer le doute à son propre détriment sur un éventuel deal entre lui et l’Homme du 26 Mars. Les frustrations continuelles, les plaintes incessantes du leader du RPM  et les humiliations ressenties dans les rangs des militants allaient entraîner des désaffections en grand nombre, au profit généralement du grand rival, l’ADEMA. C’est quand les choses sont allées de mal en pis qu’IBK et les ténors  du RPM ont sauté le pas en dénonçant la gestion faite par le pouvoir d’ATT de la crise du Nord, sans en tirer toutes les leçons, en refusant d’aller au bout de leur logique. Un manque évident de courage politique qui, au lieu de clarifier le débat à l’intérieur du parti, allait ajouter à la confusion  et désorienter davantage les militants. Solidaire du consensus, ayant accepté de partager la gestion du pouvoir d’ATT avec ses avantages et ses inconvénients, IBK et son parti n’ont rien trouvé de mieux que l’approche de l’élection présidentielle pour se défaire de ce véritable corset. Dès lors  le candidat du RPM ne pouvait s’attendre à engranger des bénéfices électoraux du consensus.

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ATT, Maître en   alchimie politique

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Au début, ATT était particulièrement bien disposé à jouer le jeu et franc jeu. Puis il est devenu plus circonspect en observant toutes les manoeuvres politiciennes qui se déployaient autour et à l’intérieur de sa gestion consensuelle du pouvoir. Il a bien vite compris que beaucoup de ceux qui étaient venus à son appel l’avaient fait avec de vilaines arrière-pensées qui n’avaient rien à voir avec l’intérêt supérieur de la nation. Ils voulaient se servir en attendant des jours meilleurs. Traduction : que lui ATT se casse la gueule avec son consensus en faisant rigoler le monde. Eux, ils n’avaient plus qu’à se baisser pour ramasser les fruits bien mûrs. C’est pourquoi, sachant de quoi il parlait il avait vertement répliqué à ceux qui n’avaient pas eu le courage de s’en aller à temps : «  le consensus n’est pas une camisole de force. Ceux qui ont un autre calendrier peuvent s’en aller ! »

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Une fois de plus, ses ennemis politiques ont fait la sourde oreille. Puis une fois mis au pied du mur, ils ont trouvé une occasion de se délecter avec la bourde de Tiéblé Dramé et du PARENA  qui ont pris impulsivement la responsabilité de quitter le consensus, pour cause de remise en question de sa gestion du Sommet Afrique-France, en grossissant les rangs des déçus et des ennemis déclarés se référant dans leur campagne à l’argumentaire des auteurs d’ « ATT-Cratie ».Une laborieuse leçon de choses, mal embouchée face aux électeurs, de ces nouveaux détracteurs qui ne tarissaient pas il y a encore peu d’éloges ( par exemple la campagne de vulgarisation de la LOA faite par le PARENA dans le pays profond auprès des paysans) sur la personne d’ATT et ses réalisations.

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En véritable chef d’orchestre et maître manœuvrier, tout au long de son mandat, ATT avait réussi à contenir les dangereuses velléités de son plus grand rival devenu son allié d’occasion, Ibrahim Boubacar Keïta avec son RPM, tout en tirant partie des atouts et se protégeant du zèle intempestif,  des vicissitudes de certains de ses amis  de la mouvance présidentielle. Le consensus a été un véritable boulet au pied de ses rivaux, menaçant sans jamais y parvenir de diluer à l’Assemblée nationale la démocratie malienne dans une sorte d’unanimisme parlementaire. L’opposition politique malienne,  a été comme anesthésiée par les effets collatéraux du consensus, attendant comme le FDR et IBK, jusqu’à l’heure fatidique, on ne sait trop quoi, sinon d’être vaincue par ce concept magique du surprenant maître en alchimie politique qu’est devenu ATT,  un néophyte passé désormais dans la cour des grands cerveaux politiques du continent.

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Oumar Coulibaly

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