Présidentielle 2007 : Des gladiateurs dans l''arène de Koulouba ou la chronique des candidats fâchés

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A quelques encablures du 29 avril 2007, date décisive pour le starting- block, l”atmosphère de la  publicité électorale malienne évoque étrangement celle, houleuse, du grand Stade de l”Amitié Léopold Sédar Senghor de Dakar.
Là, les griots inspirés couvrent de gloire gymnique les lutteurs de leur choix. Par-ci, les partisans de Tyson, par-là ceux de Bombardier. N”oublions surtout pas les défenseurs de Yekine, de Tafa Guèye ou de Bala Bèye. Toutes les grosses pointures de la lutte sénégalaise, qui postulent au titre honorifique de champion national. Pour tenir ce drapeau, il faut se lever de bonne heure.

A cette grande occasion les tambours endiablés encensent les Djambours bardés de gris-gris.
Les chants dédiés aux héros enflamment les foules. L”immense arène éclate comme au temps de Caïus Gracchus dans la Rome antique. Seulement, en 2007, nous sommes au Mali. Pas au temps des Cicéron où les lutteurs se distinguaient par la force du biceps. Aujourd”hui, pour monter à Koulouba, il faut d”autres références qui font que, par le scrutin des urnes, on devient président de la République. Battre campagne avec rage et plier les genoux est une chose, mais plier les cœurs est autre chose.

Dans l”arène présidentielle 2007, des candidats se font déjà annoncer. Mais Amadou Toumani Touré, occupé qu”il est sur le champ de la demande sociale, n”a que faire des slogans provocateurs. Il sait que ce sont les actes posés pendant son premier mandat qui trancheront et non les spectacles pour les dindons de la farce. Et les actes, depuis juin 2002, Amadou en a posés. Et sur tous les plans.

Il a ouvert le Mali et l”a rendu plus généreux. Il en a fait un havre de paix et de prospérité. Il a réussi le pari de la relance de la machine économique du Mali, changeant notre pays du tout au tout. L”amélioration est là, sur le plan de la santé et de l”habitat, de la sécurité et de l”éducation, de la création d”emplois et de l”autosuffisance alimentaire, sans oublier le désenclavement intérieur et extérieur et l”électrification.

Il est là, le progrès tant attendu de 1960 à nos jours : cette grande victoire que nous avons, de 2002 à 2007, opérée, la plus remarquable de l”histoire politique de notre pays, nos retrouvailles autour de nos aspirations profondes.
Transcendant nos visions crypto-personnelles, rétrécies et racornées, effaçant nos petites querelles intestines, nous nous sommes retrouvés pour soulever ensemble le rocher de Sisyphe, relever le défi de l”édification démocratique dans la pauvreté. Avec la vision consensuelle de la prospérité partagée, différents gouvernements formés autour d”ATT se sont succédé au chantier de programmes précis, pour rendre le Mali plus proche des Maliens. Depuis janvier 2007, alors qu”ATT ne s”est pas encore annoncé comme candidat au scrutin d”avril prochain, certains porte-parole d”états-majors politiques lui déclarent qu”il a le choix entre la défaite post-électorale et la démission avant le suffrage. Ils prêchent une coalition pour le faire partir.

D”autres affirment que son régime n”a pu chasser la pauvreté de nos demeures ni la corruption de notre conscience, ou l”affairisme de nos habitudes etc. Pour réussir à sa place, des messies se disent investis de cette mission, par devoir historique. Pour enfin révéler au peuple malien la vérité sacro-sainte voulue de Dieu Soubahana Watallah ! Ils jettent l”anathème sur tout parti politique qui n”aspire pas à conquérir le pouvoir.

Comme si cette vocation était une camisole de force à faire porter par toutes les formations. Comment peut-on vouloir d”une chose et son contraire ? Comment peut-on renier l”arbre qu”on a planté, arrosé et qui vous donne de bons fruits et une ombre épaisse  et apaisante ?

Le peuple malien est loin d”être amnésique. De Kidal à Kayes et de Bamako à Sikasso, il sait que l”équipe d”ATT, de 2002 à 2005, a amorcé l”ère du bonheur intégral pour toutes nos communautés. Malgré les contingences économiques de l”heure, la demande sociale a été largement satisfaite à travers la promotion du bien-être social. Par la modernisation, le premier quinquénat d”ATT a accordé la priorité à la compétitivité de notre agriculture. Par la prise en compte du social à travers l”eau, et l”habitat, il a délogé la précarité et installé le droit à une vie décente.

Le dénigrement gratuit de l”adversaire le grandit, car le temps travaille pour lui et lui assure le respect, le respect qui ne se décrète pas, qui ne s”impose pas, mais qui se mérite. Aujourd”hui, le peuple malien ne lâchera pas la proie pour l”ombre. Il veut d”une démocratie épanouie et non saucissonnée. Il veut de la flexibilité dans la gestion du pouvoir et non d”un fantôme errant en mal d”empire.

Il veut d”un Mali d”égalité, de neutralité et de transparence, un Mali d”éthique et de morale, un Mali du respect des consciences. Le Mali d”ATT, c”est le Mali de la créativité, de l”inventivité et de l”ingéniosité. C”est le Mali des nouvelles générations.

Le Mali de l”alliance, de l”amitié, du pardon. Au Stade de l”Amitié Léopold Sédar Senghor de Dakar, quand les lutteurs se séparent sur les épaules de leurs partisans, ils se disent «à bientôt» en se souriant. Tyson ne menace jamais Bombardier en dehors de l”arène. Ils se respectent et ménagent leurs personnalités. Ceci, pour dire que la lutte est un art. De même la politique est un jeu, noble dont les meneurs se doivent d”être au-dessus de la mêlée. Pour la grandeur de la cause qu”elle incarne dans la cité.

*Gaoussou Diawara Dramaturge

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