‘’Il ne faut surtout pas leur en vouloir, elles ne savent pas ce qu’elles veulent, les pauvres !’’ Réaction spontanée et épidermique ou mûrement réfléchie ? Ce fut la réaction tout de même d’un aîné qui suivait avec nous le compte rendu de la remise par un groupe de femmes au chef de l’Etat, d’un chèque géant, en guise de caution à sa candidature – bis à la présidentielle. Un geste hautement symbolique invitant ATT à se présenter le 29 avril. Elles entendent ainsi jouer leur partition par cette modeste contribution. ‘’ Eh Allah, c’est au Mali qu’on voit des choses comme ça’’ commente un autre qui suivait le JT avec nous!
La réaction – indignée – de ces personnes peut se comprendre. Elle est sans doute partagée par plusieurs de nos compatriotes. C’est une réaction tout à fait normale au regard du paradoxe entretenu par les femmes. Ce ne sont pas elles qui, pas plus tard que le 8 mars dernier seulement, ont plaidé pour leur promotion sociale, à tel point qu’elles ont fini par attendrir Sambourou. C’est pourquoi, lorsque l’écologiste Mme Sidibé a pointé le nez à la surprise générale pour faire acte de candidature, les méchantes langues ont vite fait de trouver un rapport entre ceci et cela.
Dieu merci, les femmes ont leur candidate !
Mais, de façon générale, l’annonce de cette candidature féminine continue d’alimenter les causeries, surtout qu’elle est perçue comme une revanche contre l’humiliation subie par une illustre devancière. Pour le commun des Maliens, il ne sera plus question de blocage au niveau du paiement de la caution, faute de sous, même si entre temps celle-ci est passée du simple au double. Quant au parrainage, il ne devrait non plus poser de difficultés majeures, le président qui s’est déclaré partisan du genre étant fortement suspecté de vouloir amener les grosses pointures de l’Adp à mettre 10 députés à son service.
Les premiers obstacles levés, il ne reste plus qu’à attendre des femmes, notamment celles des organisations et associations, une grande mobilisation pour faire triompher leur cause. Or, après ce qu’on vient de voir et qui est susceptible de faire tâche d’huile dans le milieu des femmes, c’est que le rêve de Mme Sidibé -si tant est que cette dame se prend vraiment au sérieux – restera un simple rêve. Ses propres sœurs auront les premiers obstacles à sa réalisation.
En effet, on ne peut penser autrement lorsque moins de deux semaines après l’annonce de sa candidature à la présidentielle à l’honneur des femmes, ce sont d’autres femmes qui cotisent sans aucune gêne pour financer la candidature de son principal concurrent, le président sortant. Le ridicule tue – t- il encore chez les femmes?
Qui va donc mobiliser pour la belle et charmante Mme Sidibé si ses propres sœurs se battent pour un mâle ?
Sory Haïdara
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