Pr Diop, président de l’ADJ : « ATT ne fait que bluffer à la télé… »

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‘’…Je ne vois pas ce qui a été fait de façon significative pendant ces 5 années-là…. Il n’y a pas de vision claire pour faire avancer le Mali…comme indicateurs crédibles, rien que des discours et de la propagande à la télévision. Donc de qui se moque t-on ?… ‘’rn

Président fondateur de l’Adj, Pr Abdoul Traoré dit Diop anime depuis quelques mois au sein de son association politique une certaine opposition au régime d’Amadou Toumani Touré. Très attaché aux idéaux de démocratie et de l’Etat de droit, le Pr. Diop est l’un des premiers à dénoncer la dépolitisation du pouvoir et la mise à l’écart des partis politiques. Un entretien exclusif qu’il nous a accordé dans son bureau à Point G.

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De la création de l’Adj à nos jours, quel bilan pouvez-vous tirer ?

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Le bilan peut être multiforme. Si c’est le bilan par rapport à nos objectifs. Je pense que les choses sont assez claires. Dans un premier temps, nous n’envisagions pas de créer un mouvement très étendu. On comptait surtout mettre en place un mouvement qui travaillerait en tant que cellule avec les partis politiques. Mais, les conditions nous ont amenés à mettre en place un peu partout à travers le pays des cellules, c’est-à-dire de Kayes à Kidal. Ensuite, on s’était fixé aussi comme objectif d’aboutir un jour à la création d’un Front et, si vous vous rappelez, dans la dernière phrase du Manifeste, nous appelions justement les démocrates, les patriotes à rejoindre le front que nous envisagions de créer.

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Donc, vous avez atteint vos objectifs ?

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Oui ! Nos objectifs premiers ont été pleinement atteints. Le Front a été mis sur place le 29 février dernier. Mais créer un front n’est pas une fin en soi. Nous continuons donc actuellement à animer ce front de manière à pouvoir assurer les conditions d’une alternance véritable entre les différents partis qui le constituent. Parce qu’il faut le rappeler, l’Adj n’est pas une entité qui aspire à la prise du pouvoir, mais à aider ceux qui aspirent à la prise du pouvoir.

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Vous n’avez pas d’ambitions politiques ?

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Il est clair que nous avons des ambitions politiques, mais l’Adj n’est pas une entité qui offre de telles perspectives. L’Adj peut être un tremplin. Mais c’est surtout une association politique qui a pour but d’informer les populations, les partis politiques, d’interpeller qui de droit par rapport aux dérives de la mise en œuvre de la démocratie, de la justice au Mali. Les militants de l’Adj, qui ont des ambitions pour la présidence ou la députation, peuvent le faire au sein d’autres partis politiques. C’est pourquoi, d’ailleurs, nous avons fortement encouragé les gens à rester dans leurs partis politiques d’origine. Notre rôle est de consolider les partis politiques et non de  les détruire.

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Est-ce que vous avez, au sein de l’Adj, donné des consignes de vote ?

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Toutes ces questions ont été discutées de fond en comble au sein du Fdr. Vu que la bi-appartenance à un parti politique et à l’Adj n’est pas antinomique, les militants sont invités à rester dans leurs partis politiques pour les renforcer. Au sein du Fdr, nous avons mis en place une commission pour discuter de toutes les modalités électorales.

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Si un candidat issu du front passe au second tour, tous les militants du Fdr, y compris l’Adj, sont tenus de soutenir ce candidat. Mais au premier tour, vu qu’un militant de l’Adj peut appartenir à Convergence 2007 ou au Rpm ou à la Cds, il est tenu en ce moment de soutenir le candidat de son parti. Au niveau des législatives et des communales, nous allons tracer des statuts électoraux en fonction des réalités sur le terrain.

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Et les militants de l’Adj qui n’appartiennent à aucun parti politique ?

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Nous, nous encourageons toujours les militants à militer dans les partis, parce que ce sont les partis qui offrent des cadres formels de gestion de la recherche du pouvoir et de la surveillance de l’Etat de droit. Pour le moment, ils sont complètement libres de leur choix. Mais avec l’adhésion de l’Adj au Fdr, ils sont tenus de soutenir l’un ou l’autre issus du Fdr.

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 Vous avez des militants qui sont encore de l’Adema ?

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Ces militants de l’Adema qui sont au sein de l’Adj ne sont pas invités à soutenir le candidat de l’Adema. D’ailleurs, l’Adema n’a pas de candidat. L’Adema a un candidat d’emprunt.

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Lors de l’investiture du candidat de convergence 2007, Soumeylou Boubèye Maïga, vous avez versé des larmes. Pourquoi ?

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Non, non, non…Ce n’est pas à cause du discours de Soumeylou que j’ai versé des larmes. C’est simplement les images projetées que j’ai vues par rapport à Abdrahmane Baba Touré qui est mon héros. Si j’ai un seul héros au Mali, c’est lui. C’est pourquoi les images m’ont fortement troublé. L’émotion a été très forte chez moi et j’ai eu quelques larmes.

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Etes-vous du même avis avec ceux qui pensent que le 26 mars a été banalisé ?

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Il est évident que le 26 mars a été banalisé. Il a été récupéré. C’est- à -dire, ceux qui ont joué le second rôle ont tenté de se porter aux avant-postes en se faisant passer pour les vrais acteurs du 26 mars. Mais, comme ces gens-là ont les moyens de l’Etat, ils font le black out sur le 26 mars. Voilà une des premières raisons de la banalisation. L’autre raison, c’est que les partis issus du Mouvement démocratique sont tombés carrément dans le cadre purement alimentaire. Les idéaux ont disparu.

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Qu’est-ce que vous pensez du bilan du président ATT sur le plan économique ?

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Si je me réfère au rapport du Pnud qui a classé le Mali 175è sur 177 pays classés du point de vue de l’Indice de développement humain – Idh – cela veut dire très clairement que les Maliens demeurent misérables. Ce qu’il faut préciser, c’est que le régime en place n’a pas un bilan propre. Il s’est contenté de continuer avec les défauts et les avantages du Programme déjà mis en place par le régime Adema.

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Je vous renvoie à la Lettre de cadrage du président de la république dans laquelle il faisait référence de façon très claire à la poursuite des projets et programmes du régime Adema. Le Mali n’a pas avancé, il y’a un recul extraordinaire par rapport aux projets agricoles, de la santé, de l’éducation, d’électrification, des mines, de la création d’emplois. Je ne vois pas ce qui a été fait de façon significative pendant ces 5 années-là.

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Donc, vous soutenez que rien n’a été fait durant les 5 ans ?

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Non. Il y’a juste eu quelqu’un qui était aux affaires pour gérer les affaires courantes d’un régime qui était déjà parti (l’Adema). Il n’y’ a pas de vision claire pour faire avancer le Mali. Sinon comment comprendre qu’un pays à vocation agricole, on se retrouve avec une crise du secteur cotonnier et il n’y a pas d’idée de faire autre chose. Alors que dans certains pays, il y a eu des prospectives visant à aller plus loin pour voir au-delà du coton. On n’est pas encore capable de s’intéresser sérieusement à l’élevage et à l’agriculture parce que notre pays n’est pas arrivé à produire des docteurs en agriculture et en élevage alors que nous avons une école agricole à Katibougou. Donc, c’est dans ces domaines qu’il faut avoir la vision. C’est ce que nous considérons comme des indicateurs crédibles, au lieu de faire des discours et de la propagande à la télévision. Donc de qui se moque t-on ?

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Entretien réalisé par Alhassane H Maïga

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