ATT sera candidat à sa propre succession en 2007. Le doute n’est plus permis. Même s’il refuse de se prononcer officiellement sur la question, force est de reconnaître qu’à travers ce à quoi on assiste et la pression qu’il subit chaque jour, ATT n’a finalement plus le choix. Malgré cela, " Il entretient toujours comme à son habitude " pour paraphraser un de nos confrères, le flou artistique autour de la question. Comme en 2002, Il ne donne ni indices ni directives en vue de situer ceux qui le soutiennent. Amadou Toumani Touré attendra-t-il un autre appel à candidature comme en 2002 ? Personne ne saura le dire pour l’instant.
Dans une de nos précédentes livraisons, le 17 février 2006, nous posions la question de l’opportunité de la candidature du président ATT à l’élection présidentielle de 2007.
Ainsi nous sommes revenus sur la manière dont le général (aujourd’hui à la retraite de l’armée) Amadou Toumani Touré a accédé au pouvoir pour la première fois à la suite d’un coup d’Etat.
Il était question dans le même article de la gestion de la transition malienne par ATT, du soutien qu’il a eu lors de ce bref passage à la tête de l’Etat, de la place qu’ont occupée les partis politiques et les citoyens en vue de permettre à ce que cette période soit menée à bien.
Il faut le reconnaître, comme nous le précisions, que le Chef de la transition, contrairement à son premier mandat (à la suite d’élections) à la tête du pays, a été " gâté " par les circonstances de l’époque et qu’il bénéficiait de l’excuse du manque d’expérience que tous lui concédaient. En 1991-1992, les Maliens avaient compris de fort belle manière que celui qui les dirigeait n’avait accédé au pouvoir que par un concours de circonstances et qu’il s’efforçait de mener à bien sa mission (qui s’est relativement bien déroulée du reste) dans l’intérêt de tous ses concitoyens. C’est pour cela que les populations (bien qu’exigeantes en matière de liberté) fermaient les yeux sur certains dérapages et soutenaient à l’unisson le Chef de l’Etat.
Contrairement à ces temps de consensus, c’était sans condition. Le seul souci des populations, c’était que dans le monde entier notre pays soit cité en exemple en matière de démocratie et que chacun dise : " la Transition malienne a réussi ".
Tout cela a été favorisé par le fait que les Maliens sortaient (dans leur grande majorité) d’une lutte acharnée contre le parti unique de Moussa Traoré. Une lutte qui a réussi grâce à la cohésion qui s’était installée au sein de toute la population. C’est cet ensemble, ce groupe de Maliens (tous ensemble) qui veillait sur la réussite de la transition. Les démons de la division n’avaient pas encore pignon sur rue, les coups bas et les trahisons étaient encore rares. Les citoyens n’avaient qu’une seule aspiration : plus de liberté.
Chose que le Chef de la transition a vite fait de comprendre. De son côté, il ne se compliquait pas la tâche et ne se " cassait " pas la tête. Le chef de l’Etat réglait les problèmes comme ils se présentaient. C’était la bonne vieille époque.
L’après transition et les divisions
Jusqu’à l’arrivée d’Alpha Oumar Konaré et son parti l’Adema au pouvoir, il faut reconnaître que les choses marchaient plutôt bien en ce qui concerne les formations politiques dans notre pays. Les relations partis politiques-citoyens étaient franches, honnêtes et cordiales tout le temps qu’a duré la transition. C’est sous le règne de l’Adema que la division s’est royalement installée dans notre pays.
Le parti au pouvoir lui-même n’a pas été épargné par cette nouvelle façon de gérer le pays. A savoir, la division, la trahison, l’humiliation. Celui qui tirait les ficelles n’était autre que le patron du parti, Alpha Oumar Konaré. De sa désignation comme candidat de l’Adema, à son départ de Koulouba, en passant par son élection à la tête de l’Etat, le fils de l’instituteur s’est fait remarquer par ses dribles, trahisons et coups bas en tout genre. Fin stratège, il n’apparaissait jamais, mais ce sont ses volontés qui ont toujours été exécutées à la lettre par les responsables de l’Adema qu’il traînait derrière lui comme ses " enfants ". Derrière chaque importante décision prise par les abeilles, on sentait la main cachée d’Alpha Oumar Konaré. De sorte que ceux qu’il a formés et qui ont " grandi " à ses côtés ne pouvaient que prendre ses habitudes.
Les Maliens ont assisté, impuissants, pendant dix ans, à l’implantation d’une mafia (celle de l’Adema) gérant le pays à sa guise. De nouveaux riches sont apparus qui n’étaient autres que des cadres Adema (aujourd’hui partagés entre la Ruche, le RPM et l’URD) qui avaient tous les droits. C’est à cette époque qu’on a vu des chômeurs devenir ministres au Mali.
Ce bref rappel (loin d’être exhaustif) était nécessaire pour faire comprendre à nos lecteurs l’état dans lequel Alpha Oumar Konaré a laissé le pays pour aller se " réfugier " à Addis-Abeba.
Un pays gangrené par la corruption, la gabegie, l’enrichissement illicite. Au Mali, la plupart des hauts cadres de l’administration étaient devenus des hommes d’affaires, à commencer par le président de la République lui-même. Il n’y avait aucune société, aucune entreprise importante dans laquelle de hauts fonctionnaires maliens n’étaient pas (ils le sont toujours) actionnaires. Le seul cas de la réforme des télécommunications en dit long sur ce que nous affirmons.
2007 dépendra pour beaucoup de 2002
C’est donc d’un pays " pourri " avec son corollaire de cadres corrompus, affairistes, démagogues, que le président ATT a hérité. Alpha était encore là pour placer ses amis. Ceux-ci, même si on ne le dit pas assez souvent, étaient chargés d’effacer les traces des sales affaires après son départ. Des cadres qui ont tout fait pour tisser leur toile dans l’administration et avoir la sympathie du nouveau président.
Ce dernier aussi, malheureusement, sous la pression sûrement, n’avait d’autres choix que de se faire entourer par eux. Ce qui ne lui a pas du tout rendu la tâche facile. Ajouté à cela le manque de clémence de la nature (invasion acridienne, mauvaise pluviométrie, crise alimentaire) à l’égard du Mali depuis un certain temps, les choses devenaient de plus en plus compliquées. Sans oublier aussi la crise ivoirienne qui a causé des malheurs à notre pays, à l’instar de tous les autres pays de la sous région. Seul (bénéficiant réellement de peu de soutien), ATT ne pouvait aller au delà de son actuel bilan qui pourtant pèsera beaucoup dans sa future réélection, s’il est candidat.
Nous ne l’avions pas encore précisé, c’est vrai, mais notre intérêt par rapport à la question de cette candidature que certains jugeront, sans nul doute, prématuré, s’explique par la simple et bonne raison que nous nous inquiétons par rapport à l’après ATT au Mali.
Ceci d’autant plus que nous essayons de faire une comparaison entre lui et les autres présidentiables qui existent.
Même si ATT ne fait pas l’unanimité (ce qui est tout à fait naturel dans ce monde ici-bas) au sein de la population en ce qui concerne ce premier mandat, il faut reconnaître que c’est surtout la gestion des partis politiques qui a favorisé sa venue au pouvoir.
L’élection d’Amadou Toumani Touré à la magistrature suprême n’était, ni plus ni moins, qu’une sanction des électeurs à l’endroit des hommes politiques qui ont rendu le pays méconnaissable après dix ans de règne. Ce sont donc ces mêmes hommes qui aspirent encore au pouvoir. Des responsables politiques dont les populations gardent un triste souvenir. Après près de quatre ans de soutien au président ATT, c’est maintenant seulement qu’ils se souviennent que leur raison d’être c’est la conquête et l’exercice du pouvoir.
On se souvient alors qu’on a un électorat auquel on commence déjà à promettre des choses. C’est donc dans ces conditions que se présente l’opportunité de la candidature du président ATT comme en 2002. L’élection d’un autre président que lui ne va-t-elle pas provoquer dans notre pays une sorte d’instabilité ? Au contraire s’il est réélu ATT pourra-t-il tenir (en terme de gestion du pays) encore pendant cinq autres années ? En a-t-il réellement l’envie et la capacité ?
L’heure du difficile choix a sonné
Après près de quatre ans de consensus, l’heure est désormais arrivée pour le président de la République, Amadou Toumani Touré de faire un choix. Il est impérieux pour lui de choisir ses amis. Ceux avec lesquels il ira (s’il est candidat à sa propre succession) à l’assaut de l’électorat pour son second mandat. Après plusieurs mois d’hésitation, le président de la République n’a plus le choix, il doit choisir.
Parmi tous ceux qui tournent autour de lui, ainsi que ceux qui lorgnent dans sa direction, ATT doit séparer la bonne graine de l’ivraie. Il peut d’ailleurs raisonnablement faire le bilan du soutien à lui accorder par telle ou telle formation politique et personne ne lui en voudra. Logiquement, en fonction de l’apport de chacun lors de ce premier mandat, ATT pourra faire la part des choses.
Pour donner des indications à ses amis
Amadou Toumani Touré, lui-même, devra donner un signal fort à ses amis. Ces véritables amis doivent désormais savoir la direction à prendre. Cela ne peut se faire sans son concours. Il est celui qui doit montrer la voie à prendre à travers ses choix, simplement. Amadou Toumani Touré n’aura besoin de poser aucun autre acte. Le chef de l’Eta devra uniquement faire la part des choses et se mettre dans la logique de la formation d’un groupe qui devra assurer et garantir pour lui un second mandat (s’il est candidat, bien sûr).
Cela est surtout important pour ses " propres amis " ainsi que ces millions d’anonymes qui croient en lui et qui souhaitent pour lui un second mandat, en vue de le permettre de mener au bout sa politique en évitant à notre pays d’entrer dans un cycle d’instabilité.
Il est nécessaire pour ceux-ci de savoir dans quel camp (parlant de soutien) se trouve ATT. Principalement pour les leaders politiques, il est plus que temps pour ATT de se décider, d’autant plus que le consensus a donné ce qu’il pouvait donner au Mali. Il a vécu, en un moment. Savoir et comprendre la position du président pour les politiques est importante à cause même du travail qu’ils seront prêts à abattre sur le terrain en sa faveur.
Personne parmi eux ne se lancera, surtout par ces temps d’incertitude qui courent, dans une bataille pour le compte d’ATT s’il n’est pas sûr d’avoir une reconnaissance au bout. Malheureusement, c’est aussi cela la politique. Tout ce qu’ils font, c’est pour être récompensé plus tard. ATT doit donc par ses choix permettre à ses amis d’occuper le terrain. Car, dans ce désordre qui caractérise la classe politique de notre pays, aucun des ses amis, n’ira au charbon pour lui sans des certitudes. A part quelques inconditionnels, tous resteront dans l’expectative. Jusqu’à quand ?
En tenant compte du facteur temps, il faut avouer que le président de la République ne dispose pas d’une éternité pour se décider. A moins qu’il ne tienne pas trop à un second mandat. Ce qui n’est pas très sûr. Car se serait, pour lui comme sortir par la petite porte. Une œuvre inachevée en quelque sorte. A écouter le discours de ses proches et ses propres déclarations, il n’a pas bénéficié de beaucoup de clémence ni de la part de la nature, ni de la part de ses compatriotes lors de ce premier mandat. Les arguments avancés sont surtout la crise ivoirienne, la mauvaise pluviométrie, l’invasion acridienne. Des facteurs qui, honnêtement, ont beaucoup joué sur le premier mandat de celui dont nos compatriotes attendent encore beaucoup.
C’est celui qui, à leur avis, allait mettre fin à leurs difficultés et les mener vers le port du bien-être social.
Mettre un peu d’ordre et redonner espoir
. Ce n’est plus la souffrance qui inquiète nos compatriotes. Cela, ils y sont habitués. Ce qui les intéresse, désormais, c’est plutôt la manière de sortir de la galère qu’ils vivent depuis un certain temps.
Les uns et les autres commencent à comprendre que c’est à travers un effort conjugué qu’ils viendront à bout des difficultés qu’ils traversent tous les jours et qu’il ne faut pas toujours compter que sur nos dirigeants. Déjà, il est important de signaler qu’avec la récente saison des pluies (qui a été abondante), ainsi que les récoltes de cette année, les populations se remettent du désespoir de 2004-2005.
L’important, comme le dit souvent le Chef de l’Etat et son Premier ministre, c’est de capitaliser cette abondance et se rappeler des moments de déficit comme si c’était hier. Pour cela, les rappels à l’ordre du Chef de l’Etat et de tous les membres de son gouvernement sont importants. Ils doivent tout mettre en œuvre pour redonner espoir au Peuple.
Makan KONE
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