Mali: l''opposition conteste la présidentielle sans attendre les résultats

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BAMAKO (AFP) – mardi 01 mai 2007 – 22h21 – L”opposition malienne a haussé le ton mardi en annonçant qu”elle exigerait l”annulation de la présidentielle du 29 avril après des fraudes présumées en faveur du camp du président sortant Amadou Toumani Touré, qui crie déjà victoire alors que les résultats sont toujours attendus.
Des premiers chiffres partiels publiés lundi et portant sur moins de 20% des inscrits donnent M. Touré largement en tête avec 61,3% des suffrages contre 29,8% à son principal adversaire, Ibrahim Boubacar Kéita.

Le taux de participation et les résultats complets n”avaient toujours pas été publiés mardi soir par le ministère de l”Administration du territoire, qui a annulé deux points de presse dans la journée.

Dans l”après-midi, la principale coalition de l”opposition, le Front pour la démocratie et la République (FDR) a annoncé son intention de déposer un recours en annulation devant la Cour constitutionnelle à la suite des "graves irrégularités" qu”elle avait dénoncées lundi.

"Les conditions dans lesquelles les élections se sont déroulées rendent caducs les résultats. Nous allons saisir la Cour constitutionnelle pour obtenir l”annulation et la reprise de cette élection", a annoncé à la presse Soumeylou Boubèye Maïga, un des candidats du FDR à la présidentielle.

"Nous userons de toutes les actions politiques et juridiques que la loi nous autorise", a-t-il ajouté, annonçant notamment la tenue d”un "grand meeting" dans un stade de la capitale jeudi.

Les éventuelles réclamations doivent être déposées dans les 48 heures suivant la publication des résultats complets, attendus mercredi ou jeudi. La Cour constitutionnelle dispose de 48 heures pour statuer sur ces requêtes.

"Intimidations, menaces ouvertes, tripatouillages de divers ordres: tout a été mis en oeuvre pour faire réélire Amadou Toumani Touré", a encore accusé le président de l”Assemblée Ibrahim Boubacar Kéita, membre de la même coalition de 16 partis qui a présenté quatre candidats sur huit au scrutin du 29 avril.

Tiébilé Dramé, autre candidat FDR, a de son côté expliqué que la coalition avait suspendu mardi sa participation aux activités de la Commission nationale de centralisation des résultats (qui dépend du ministère de l”administration du territoire "car des chiffres ont été publiés sans être confirmés".

Selon lui cette décision est "définitive".

Dans le même temps mardi, le camp du chef de l”Etat sortant, qui brigue un deuxième et dernier mandat de cinq ans, réaffirmait sa victoire par un large écart.

"Notre candidat a plus de 70% des voix dans environ 60% des bureaux de vote du pays, les résultats sont sans appel", a réaffirmé à la presse Mountaga Tall, un des leaders de l”Alliance pour la démocratie et le progrès (ADP), la coalition soutenant M. Touré.

Après le scrutin, les observateurs internationaux, dont ceux de la Communauté économique des Etats d”Afrique de l”ouest (Cédéao, 60 observateurs) et de l”Organisation internationale de la francophonie (OIF, 10), avaient salué le bon déroulement du vote malgré quelques imperfections.

Pour les responsables du FDR, les avis des observateurs ne sont pas fiables, car les missions manquaient d”effectifs.

"Nous rejetons ces diagnostics, ce n”est pas avec 60 observateurs pour près de 20.000 bureaux de vote que l”ont peut dire si un vote a été fiable ou non", a protesté M. Maïga.

Ces prises de position du FDR portent un coup fatal au consensus politique mis en place ces dernières années par le président dans ce pays très pauvre régulièrement salué pour ces progrès en matière de démocratie depuis 15 ans.

M. Touré, ancien général putschiste qui a acquis une forte popularité en cédant le pouvoir aux civils en 1992 après avoir participé au renversement du dictateur Moussa Traoré (1968-1991), avait réussi à installer un système de gouvernement regroupant toutes les tendances depuis son élection en 2002.

Source: AFP

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