Mali: l''opposition conteste la présidentielle avant même les résultats

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BAMAKO (AFP) – mardi 01 mai 2007 – 15h57 – Le Mali demeurait dans l”attente mardi des résultats complets de la présidentielle du 20 avril, scrutin déjà contestée par l”opposition qui a dénoncé de "grosses irrégularités" en faveur du président sortant Amadou Toumani Touré, dont le camp prédit une large victoire.
Des premiers résultats partiels publiés lundi et portant sur moins de 20% des inscrits ont donné le président sortant largement en tête avec 61,3% des suffrages contre 29,8% à son principal adversaire Ibrahim Boubacar Kéita.

Lundi, avant même la publication de ces tendances, la principale coalition de l”opposition, le Front pour la démocratie et la République (FDR) a dénoncé un scrutin biaisé, alors qu”un porte-parole du président affirmait que M. Touré serait réélu "dès le premier tour avec un score écrasant".

Dans la matinée de mardi, le FDR (16 partis), qui a présenté quatre candidats sur sept face au président sortant – dont le président de l”Assemblée Ibrahim Boubacar Kéita – a accentué la pression en annonçant avoir suspendu sa participation aux activités de la Commission nationale de centralisation des résultats.

"Nous avons décidé de suspendre notre participation au sein de la Commission (qui dépend du ministère de l”Administration territoriale) parce que les résultats des six communes de Bamako ont été publiés sans notre deuxième feu vert", a déclaré à l”AFP Djiguiba Kéita, porte-parole du FDR.

Ces prises de position du FDR portent un coup fatal au consensus démocratique mis en place ces dernières années par le président dans ce pays très pauvre régulièrement salué pour ces progrès en matière de démocratie depuis 15 ans.

M. Touré, ancien général putschiste qui a acquis une forte popularité en cédant le pouvoir aux civils en 1992 après avoir participé au renversement du dictateur Moussa Traoré (1968-1991), avait réussi à installer un système de gouvernement d”union depuis son élection en 2002.

"Le consensus, qui avait déjà été sérieusement entamé depuis les déclarations de candidatures et la campagne électorale, est vraiment terminé", a déclaré à l”AFP Mamadou Samaké, universitaire et observateur réputé de la scène politique malienne.

Le FDR a dénoncé lundi un scrutin "entaché de grosses irrégularités", alors que les observateurs internationaux, dont ceux de la Communauté économique des Etats d”Afrique de l”ouest (Cédéao) et de l”Organisation internationale de la francophonie (OIF), saluaient le bon déroulement du scrutin malgré quelques imperfections.

"Partout où il y a élection, tous ceux qui ne sont pas élus commencent préventivement à parler de fraude avant la proclamation des résultats. C”est une technique bien connue", a commenté Gérard Latortue, ancien Premier ministre de Haïti et chef de la mission d”observation de l”OIF.

"Il ne suffit pas de parler fraude pour qu”il y ait véritablement fraude. Les observateurs que nous sommes, complètement indépendants, n”avons eu aucune preuve de fraude", a-t-il répété à l”AFP.

"On n”a constaté aucun incident le jour du scrutin. Et la loi électorale associe tous les partis à l”organisation de l”élection, donc s”il y a fraude ils sont aussi responsables", a confirmé de son côté M. Samaké.

Pour lui, l”attitude de l”opposition résulte, soit d”un "jeu politicien qui vise à éviter une humiliation en cas de score immense du président sortant, soit d”une stratégie de négociations en vue des législatives" des 1er et 22 juillet.

M. Kéita a annoncé mardi que les membres du FDR étaient "légalistes" et qu”ils entendaient "explorer jusqu”au bout toutes les voies légales" de recours.

Les éventuelles réclamations doivent être déposées dans les 48 heures suivant la publication des résultats complets, attendus mercredi ou jeudi. La Cour constitutionnelle dispose de 48 heures pour statuer sur ces requêtes.

Source: AFP

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